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Les Fourberies De Scapin - Acte II Scène 7

Mémoires Gratuits : Les Fourberies De Scapin - Acte II Scène 7. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2014  •  1 081 Mots (5 Pages)  •  2 511 Vues

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Scène VII

GÉRONTE, SCAPIN.

SCAPIN, faisant semblant de ne pas voir Géronte: Ô Ciel! Ô disgrâce imprévue! Ô misérable père! Pauvre Géronte, que feras-tu?

GÉRONTE: Que dit-il là de moi, avec ce visage affligé?

SCAPIN: N'y a-t-il personne qui puisse me dire où est le seigneur Géronte?

GÉRONTE: Qu'y a-t-il, Scapin?

SCAPIN: Où pourrai-je le rencontrer, pour lui dire cette infortune?

GÉRONTE: Qu'est-ce que c'est donc?

SCAPIN: En vain je cours de tous côtés pour le pouvoir trouver.

GÉRONTE: Me voici.

SCAPIN: Il faut qu'il soit caché en quelque endroit qu'on ne puisse point deviner.

GÉRONTE: Holà! es-tu aveugle, que tu ne me vois pas?

SCAPIN: Ah! Monsieur, il n'y a pas moyen de vous rencontrer.

GÉRONTE: Il y a une heure que je suis devant toi. Qu'est-ce que c'est donc qu'il y a?

SCAPIN: Monsieur.

GÉRONTE: Quoi?

SCAPIN: Monsieur, votre fils.

GÉRONTE: Hé bien! mon fils.

SCAPIN: Est tombé dans une disgrâce la plus étrange du monde.

GÉRONTE: Et quelle?

SCAPIN: Je l'ai trouvé tantôt tout triste, de je ne sais quoi que vous lui avez dit, où vous m'avez mêlé assez mal à propos; et, cherchant à divertir cette tristesse, nous nous sommes allés promener sur le port. Là, entre autres plusieurs choses, nous avons arrêté nos yeux sur une galère turque assez bien équipée. Un jeune Turc de bonne mine nous a invités d'y entrer, et nous a présenté la main. Nous y avons passé; il nous a fait mille civilités, nous a donné la collation, où nous avons mangé des fruits les plus excellents qui se puissent voir, et bu du vin que nous avons trouvé le meilleur du monde.

GÉRONTE: Qu'y a-t-il de si affligeant en tout cela?

SCAPIN: Attendez, Monsieur, nous y voici. Pendant que nous mangions, il a fait mettre la galère en mer, et, se voyant éloigné du port, il m'a fait mettre dans un esquif, et m'envoie vous dire que si vous ne lui envoyez par moi tout à l'heure cinq cents écus, il va vous emmener votre fils en Alger.

GÉRONTE: Comment, diantre! cinq cents écus?

SCAPIN: Oui, Monsieur; et de plus, il ne m'a donné pour cela que deux heures.

GÉRONTE: Ah le pendard de Turc, m'assassiner de la façon!

SCAPIN: C'est à vous, Monsieur, d'aviser promptement aux moyens de sauver des fers un fils que vous aimez avec tant de tendresse.

GÉRONTE: Que diable allait-il faire dans cette galère?

SCAPIN: Il ne songeait pas à ce qui est arrivé.

GÉRONTE: Va-t'en, Scapin, va-t'en vite dire à ce Turc que je vais envoyer la justice après lui.

SCAPIN: La justice en pleine mer! Vous moquez-vous des gens?

GÉRONTE: Que diable allait-il faire dans cette galère?

SCAPIN: Une méchante destinée conduit quelquefois les personnes.

GÉRONTE: Il faut, Scapin, il faut que tu fasses ici l'action d'un serviteur fidèle.

SCAPIN: Quoi, Monsieur?

GÉRONTE: Que tu ailles dire à ce Turc qu'il me renvoie mon fils, et que tu te mets à sa place jusqu'à ce que j'aie amassé la somme qu'il demande.

SCAPIN: Eh! Monsieur, songez-vous à ce que vous dites? et vous figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens, que d'aller recevoir un misérable comme moi à la place de votre fils?

GÉRONTE: Que diable allait-il faire dans cette galère?

SCAPIN: Il ne devinait pas ce malheur. Songez, Monsieur, qu'il ne m'a donné que deux heures.

GÉRONTE: Tu dis qu'il demande.

SCAPIN: Cinq cents écus.

GÉRONTE: Cinq cents écus! N'a-t-il point de conscience?

SCAPIN: Vraiment oui, de la conscience à un Turc.

GÉRONTE: Sait-il bien ce que c'est que cinq cents écus?

SCAPIN: Oui, Monsieur, il sait que c'est mille cinq cents livres.

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