Lecture analytique, l'Education sentimale, Falubert, partie II, chapitre 6, 1869

Lecture analytique 12 / Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie II, chapitre 6, 1869

Problématique: Comment Flaubert montre la vie désastreuse de Frédéric?

 I la révolution – un spectacle en arrière plan

A. L'amourette de Frédéric est associée à  la révolution.

 → Une métaphore « je me réforme » expression reprise plus loin et qui fera rire le couple : « Vive la réforme » est ainsi interprétée tout particulièrement par le couple. Pour Frédéric faire la révolution, se réformer, c'est être à la mode et faire de Rosanette sa maîtresse alors que jusque là leur relation était amicale. Ses gestes «  lui saisissant la taille dans les deux mains » «  renverser sur le divan » « ses baisers » montrent bien de quelle nature est son projet.

 → Ils vont dîner et sont obligés de rentrer à pied. C'est  à la faveur de la marche du couple que les changements dans Paris sont évoqués : « changement de ministère » ( ligne 10), joie du peuple, « enthousiasme » de la garde nationale,  et tristesse des soldats. ( lignes 11/12). Il s'agit des soldats du roi Louis-Philippe.

 → Face à la fusillade, Frédéric se montre détaché alors que La Maréchale a peur «  elle claquait des dents », se cramponne à son bras. Frédéric plonge alors dans la haine vis-à-vis d'une autre femme : « avec un raffinement de haine, pour mieux outrager en son âme Mme Arnoux ». Rosanette ne saisit pas l'enjeu de la situation pour Frédéric , elle est touchée par « ces prévenances fort délicates ». Frédéric avait préparé cette chambre pour une autre femme. Le décalage est à son comble à la fin du texte alors qu'elle l'appelle « cher amour » ; lui dans le désespoir, « sanglote », et lui propose un dernier mensonge.

B. Frédéric n'est que spectateur des événements

 → Mais même cette révolution, ce spectacle sont montrés de façon dérisoire car les manifestations ne semblent pas avoir dans le texte de réels enjeux politiques, elles sont caractérisées comme des fêtes «  lampions » (l11) ; « lanternes vénitiennes » (l16), « guirlandes de feux »(l17)

 → Il n'est pas touché par les événements, il peut même se montrer désinvolte et cynique : « on casse quelques bourgeois !  » commente-t-il alors qu'en fait, au même moment,  les soldats tirent sur la foule. Le commentaire au présent de vérité générale souligne ce décalage du personnage avec la situation : « il y a des situations où l'homme le moins cruel est si détaché des autres... ». Il ne participe pas à cette révolution, il n'est pas

 impliqué ni touché par ce qui arrive.

 → Il « regarde par la fenêtre » ( l8) la révolution, le peuple dans la rue comme s'il s'agit d'un spectacle. Il ne s'implique pas, il va dîner, puis se promène.

1. Frédéric n'est pas le héros de cette révolution, laquelle est également dévalorisée par l'auteur.

→ Il apparaît comme le contraire du héros énergique et conquérant. Dans ce texte, ce n'est pas l'individu qui fait l'histoire mais le collectif : « Paris » ( l 10), « tout le monde » ( l 10), « des promeneurs » ( l 11),  « un fourmillement confus » ( l 17), « un grand brouhaha » ( l 18), « la foule »( l 18). Le héros n'est pas Frédéric mais le peuple.

→ Frédéric ne comprend rien à la situation, il n'a pas conscience de la réalité, ni de la portée des événements auxquels il assiste : «  Frédéric blaguait, était très gai » , « faisait rire » ( l.15)

→ Mais même cette révolution, ce spectacle sont montrés de façon dérisoire car les manifestations ne semblent pas avoir dans le texte de réels enjeux politiques, elles sont caractérisées comme des fêtes «  lampions » (l11) ; « lanternes vénitiennes » (l16), « guirlandes de feux »(l17)

II. un rendez-vous sous le signe du malentendu

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