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Lecture analytique d’un extrait du chapitre 3 de Candide (Voltaire).

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Par   •  21 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 155 Mots (5 Pages)  •  2 432 Vues

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Séquence III          Lecture analytique d’un extrait du chapitre 3 de Candide

“Rien n’était si beau, si leste.....n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde.”

Problématique : Comment Voltaire s’y prend-il pour dénoncer la guerre dans cet extrait ?

I/ La guerre vue par Candide

La particularité du premier paragraphe vient de ce que Voltaire adopte le point de vue naïf et intellectuel du jeune Candide. Celui-ci considère la guerre avec des préjugés liés à l’enseignement de Pangloss. La vision idéalisée du personnage permet d’amorcer la critique de la guerre car la valorisation de la violence constitue un paradoxe qui doit attirer l’attention du lecteur.

1- Une vision esthétique

Au début, victime de ses illusions et de sa candeur, Candide voit l’armée comme un beau spectacle. Il est émerveillé devant une “harmonie” à la fois visuelle et auditive:

* harmonie visuelle➔ voir la première phrase: énumération d’adjectifs élogieux, accentuée par l’anaphore de l’adverbe intensif “si” (“si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné”)

+ rythme croissant (gradation du nombre de syllabes: 1,2,2,5) qui épouse le mouvement d’admiration de Candide.

* harmonie auditive➔ énumération de quatre instruments de musique qui suggère l’image d’une guerre joyeuse. L’utilisation du terme “harmonie” renvoie bien à l’idée d’esthétique, de tableau.

Le champ de bataille est d’ailleurs désigné par l’expression « théâtre de la guerre ».

2- Une bataille de soldats de plomb

Candide semble assister non pas à un massacre mais à une bataille d’automates. Le verbe “renversèrent” suggère une armée de soldats de plomb avec lesquels on s’amuse. D’ailleurs, les pertes humaines sont présentées par des mots ou des tournures qui expriment l’approximation: “à peu près six mille hommes”, “environ neuf à dix mille coquins”, “quelques milliers d’hommes”, le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes”. Cette présentation souligne le peu d’importance que l’on accorde à la vie humaine. Cette impression est renforcée par le fait que les hommes ne sont pas sujets mais objets ➔ ce sont les canons, la mousqueterie et la baïonnette qui agissent. Les hommes semblent n’avoir aucun pouvoir; ils sont déshumanisés.

3- Un massacre justifié

Candide est totalement imprégné de l’enseignement de Pangloss et on remarque dans cet extrait plusieurs expressions qui font écho à son enseignement. “La raison suffisante” est la première à apparaître: elle permet de légitimer la guerre car selon ce principe, rien n’arrive sans qu’il y ait une cause ou du moins une raison déterminante. Ce système de pensée permet de trouver à la mort une justification. D’ailleurs, dans “le meilleur des mondes”, la guerre devient quelque chose d’utile puisqu’elle permet d’éliminer les “coquins” qui “infectaient” la terre. Le choix de ce lexique présente les victimes comme des mauvais dont la disparition est une bonne chose. L’idée même de la mort est adoucie par l’utilisation d’un euphémisme (“ôta du meilleur des mondes”). En évitant le terme tuer, on enlève la dimension tragique de la guerre. L’expression “raisonner ailleurs des effets et des causes” appartient elle aussi à l’enseignement de Pangloss, caricature de la philosophie de Leibniz. La réalité atroce est donc niée par un vocabulaire totalement abstrait. Voltaire intervient d’ailleurs pour se moquer des philosophes qui parlent sans se confronter à la réalité dans l’expression “Candide, qui tremblait comme un philosophe”.

Le début du passage nous fait donc vivre la guerre à travers les yeux de Candide qui la considère comme un jeu séduisant confirmant ses théories. Pourtant, la voix de Voltaire prend le dessus pour dénoncer violemment l’horrible réalité.

II/ L’efficacité de la dénonciation à travers l’œil du philosophe

1- La réalité horrible de la guerre

Le premier paragraphe s’achève sur un oxymore: “boucherie héroïque”. Il s’agit de démythifier la guerre. En effet, en associant ces deux termes antithétiques, Voltaire montre que l’héroïsme guerrier est une fausse valeur car il naît du massacre aveugle et sanguinaire de milliers de personnes (associé au terme “boucherie”, l’héroïsme perd tout son sens). Ce jugement sévère qui fait de l’héroïsme guerrier une fausse valeur amorce la dénonciation qui va être développée notamment avec l’utilisation du champ lexical de la violence. On remarque la présence des termes “morts”, “mourants”, “brûlé”, “criblés”, “égorgés”, “éventrées”, “à demi brûlées”.. La vision d’horreur des “vieillards criblés de coups” est renforcée par l’allitération en 〈k〉. Cette évocation est plus insupportable que celle qui concernait les victimes militaires. Elle accumule les détails crus et anatomiques. Nul n’est épargné. Voltaire cherche à atteindre notre sensibilité à travers un tableau (hypotypose) cruel et hyperréaliste.

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