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Lecture analytique de la fable de Jean Anouilh Le Chêne et le Roseau

Mémoire : Lecture analytique de la fable de Jean Anouilh Le Chêne et le Roseau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Septembre 2013  •  1 589 Mots (7 Pages)  •  2 069 Vues

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Lecture analytique de la fable de Jean Anouilh "Le Chêne et le Roseau", 1962

Jean Anouilh, 1910-1987, est surtout connu comme dramaturge. Il a écrit une trentaine de pièces dont certaines sont des réécritures: Antigone en 1944, Médée en 1946, Eurydice en 1941. Il a également œuvre en qualité de metteur en scène. En 1962, ses réécritures s'inscrivent dans un autre genre: la fable. Il publie en effet un recueil intitulé Fables.

Eléments pour une introduction:

La fable, genre ancestral, semble se prêter particulièrement bien aux réécritures. Si Jean de La Fontaine s'inspire en effet abondamment d'Esope ou de Phèdre et de Pilpay au XVII°, Anouilh ou Charpentreau donnent une seconde vie aux fables de La Fontaine dans de nombreuses réécritures au XX°. Ainsi, Jean Anouilh propose-t-il une reprise de l'apologue "Le Chêne et le Roseau" dans son recueil de Fables publié en 1962. Cependant, comme toute réécriture constitue aussi une œuvre originale, il dote son texte d'une signification autre.

Problématique/ annonce de plan:

Il s'agira donc de comprendre comment cette réécriture parodique propose une vision de l'homme et du monde différente et modifie donc la portée morale de l'hypotexte.

Nous analyserons initialement la dimension parodique de cette réécriture avant de nous interroger sur ses significations morales.

I - Une réécriture parodique:

A - Une réécriture:

Comme le titre de cette fable l'indique, le texte d'Anouilh s'inscrit dans une double tradition:

- celle de l'apologue, et plus précisément de la fable

- celle de La Fontaine (et indirectement d'Esope) et de la fable versifiée

Nous pouvons parler de réécriture car:

- reprise des mêmes éléments constitutifs:

Un récit (corps) et une morale, explicite ici v 5 et 6 (âme). Mais morale originale car elle est posée sous la forme d'une question rhétorique et non sous la forme d'une affirmation. L'autre originalité réside dans le fait que c'est l'un des personnages qui la formule.

Même schéma narratif: discussion entre deux végétaux sur leur résistance respective, tempête, vent et combat perdu par le chêne

Mêmes protagonistes et même recours à l'anthropomorphisme: registre merveilleux avec ces végétaux doués de parole. Par ailleurs ils sont doués de réflexion. Ainsi le chêne émet un jugement moral et littéraire critique sur la fable de La Fontaine: v 2 et 3 "N'êtes vous pas lassé d'écouter cette fable? / La morale en est détestable". On note évidemment le recours à la personnification: "le chêne fier qui le narguait" v 19 (sentiments humains) ou v 25 "On sentait dans sa voix sa haine" / "mon compère" v 22.

Mais parallèlement on rencontre également le lexique de la nature, du monde végétal: plier/ vos ramures/ je puis en juger à niveau de roseau. Ceci témoigne de ce que la fable use d'un système d'analogies pour exprimer des vérités humaines.

Même effort de dramatisation. Anouilh recourt en effet au discours direct signalé par les guillemets/ recours à une ponctuation expressive/ verbes de paroles et d'action:

"dit le roseau"/ "le vent qui secoue"

présent de narration: le vent se lève/ jette le chêne

On constate donc la présence d'un effet de scène / Anouilh propose lui aussi une petite comédie.

On peut en effet noter qu'Anouilh pratique la citation:

Le v 1 de Anouilh "Le chêne un jour dit au roseau" constitue une reprise du v 1 de La Fontaine.

B - Une parodie:

On remarque toutefois la disparition des majuscules ce qui nous invite à nous demander si Anouilh prend une certaine distance avec La Fontaine.

Si l'on compare cet hypertexte à l'hypotexte de La Fontaine nous pouvons constater que:

- la répartition du discours n'est la même: la réplique du chêne s'étend sur 5 vers + 1, tandis que le roseau s'exprime sur 10 vers + 3. Anouilh inverse donc la situation de La Fontaine. La force, le pouvoir de la parole semble du côté du roseau.

Mais nous notons surtout la référence à la fable de La Fontaine elle-même:

V 2 l'expression "cette fable" fait allusion à l'hypotexte. Le démonstratif "cette" renvoie directement à la fable du XVII°: "N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable?"

Le chêne recourt ici à une question rhétorique qui indique qu'il désapprouve, qu'il conteste cette fable, ce que renchérit l'adjectif "détestable" au v3. Il dénonce la morale implicite de La Fontaine et conteste le fait qu'on l'apprenne aux enfants: pour lui c'est une faute didactique et morale, une erreur.

Le terme "marmots" qui appartient au langage familier et qui dénote dans le contexte de ce texte versifié introduit une dissonance, annonce une parodie (imitation moqueuse d'une œuvre visant à la critiquer) à visée contestataire. Anouilh imite La Fontaine, reprend les caractéristiques

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