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Lecture Analytique de " L'invitation au voyage " de Baudelaire

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Par   •  7 Novembre 2013  •  Étude de cas  •  1 528 Mots (7 Pages)  •  1 392 Vues

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LECTURE ANALYTIQUE DE « L’INVITATION AU VOYAGE » DE BAUDELAIRE

Introduction : Baudelaire construit ce poème comme un chant, un appel au partage. De manière réaliste, il associe ses besoins personnels à l’amour d’une femme (ici Marie Daubrun qu’il a rencontré en 1847). Cependant, le lecteur s’aperçoit vite que le voyage dont parle le poète n’est qu’un rêve, une sorte d’utopie qui illustre le mot idéal de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal. [LECTURE A VOIX HAUTE]. Pour répondre à votre question, je vais mettre en valeur dans un premier temps la création d’un monde imaginaire, puis nous nous intéresserons à l’image du couple que Baudelaire souhaite transmettre.

PREMIER AXE : LA CREATION D’UN MONDE IMAGINAIRE

Le poème est tout d’abord original par son rythme qui rompt avec les vers pairs habituels chez Baudelaire (seuls 3 poèmes sont composés de vers impairs dans le recueil). La succession des pentasyllabes et des heptasyllabes créé un balancement discret qui a pour but de créer un équilibre, d’évoquer la sérénité. La présence d’un refrain fixe avec insistance, par la reprise de 5 substantifs, 5 mots clé, la vision d’un monde idyllique. Il s’agit donc d’une chanson, mais aussi d’une prière (le terme « invitation » peut signifier un mouvement de l’âme vers une élévation, un bonheur).

Pour appréhender le monde dont rêve Baudelaire, il convient d’en concevoir les caractéristiques. J’en ai personnellement vu 5 :

1. Ce monde est un monde de l’ailleurs. Au vers 3, l’indéfini « là-bas » signale une destination lointaine, hors des vicissitudes de la vie quotidienne à Paris. Cette idée est reprise, dans le refrain, par le premier mot : « là » qui insiste implicitement sur le changement de perspective (il n’y a aucun « ici » dans le poème). Cet ailleurs se signale aussi par la position du regardeur, frappante dans la dernière strophe : le mouvement d’élévation créé une gradation ascendante visuelle très frappante : canaux / champs / ville entière / monde, qui permet à Baudelaire de prendre de la hauteur.

2. Ce monde est un monde où les sens sont rois. L’ouie (« langue natale » au vers 26), le toucher (« meubles luisants, polis par les ans » aux vers 15-16), la vue (l’apostrophe « vois » au vers 29, la notion de décor, dans la deuxième strophe, l’image de la lumière du soleil couchant, dans la troisième strophe) et l’odorat (l’odeur des « rares fleurs », les « senteurs de l’ambre » aux vers 19 et 20) montrent que ce paysage contient tous les moyens de susciter le plaisir.

3. Ce monde est un monde clos. Le rêve baudelairien créé une autarcie bienfaisante. L’anaphore « aimer à loisir / aimer et mourir » de la première strophe marque cette envie de se suffire des attributs de ce paradis (la mort n’a aucune connotation négative, ne génère aucune angoisse). Le symbole de la chambre (2e strophe) équivaut à créer un enfermement intime, un refuge : aucune porte ou fenêtre n’est évoqué, au contraire les détails descriptifs arrêtent le regard : « meubles », « plafonds », ou reflètent le décor (« miroirs profonds »). L’autosuffisance est légèrement rompue, cependant, par une allusion aux désirs de la femme (dans la strophe 3).

4. Ce monde est un monde de la totalité. Le deuxième mot du refrain formule cette caractéristique : « tout n’est que... ». Ce même terme est repris au vers 24 (« Tout y parlerait... »). On note le nombre important de pluriels dans l’ensemble du poème (les soleils, les ciels, les meubles, les plafonds, ces canaux, ces vaisseaux, les champs...) mais aussi des hyperboles (« charmes » qui peut signifier une approche magique d’un monde où tout serait exaucé, « splendeur » qui signale la richesse du décor, « la ville entière » qui permet à Baudelaire d’amplifier la métamorphose opérée par le rêve).

5. Ce monde est un monde créé par l’art. Le lecteur se rend compte tout au long de sa lecture que la création de ce lieu est à la fois artificielle et esthétique. L’oxymore « soleils mouillés » (vers 7) permet de créer une atmosphère nuancée qui fait référence à la technique picturale du lavis, l’emploi du mot « ciels » au pluriel (au lieu de « cieux ») connote un paysage peint. Le verbe « revêtir » (vers 35) évoque une parure. Les couleurs « d’hyacinthe et d’or » (vers 37) traduisent à la fois une approche naturelle et artificielle de la teinte orangée (hyacinthe est à la fois une fleur et une pierre précieuse). Quelques caractéristiques concrètes montrent que Baudelaire a certainement pensé aux paysages hollandais ou flamands : canaux / vaisseaux / champs.

Le monde imaginaire de Baudelaire est donc singulier, et nous nous apercevons que les 5 substantifs du refrain prennent leur place dans chaque strophe. On pourrait ainsi dire que l’ordre (c’est-à-dire l’organisation) est évoqué strophe 2 (tout est à sa place dans la chambre)

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