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Lecture Analytique Pour L'extrait n°1 De La Controverse De Valladolid

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Par   •  25 Septembre 2014  •  1 726 Mots (7 Pages)  •  4 072 Vues

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Lecture analytique pour l’extrait n°1 de La controverse de Valladolid

Extrait du chapitre 7 du roman de J.C. Carrière : La Controverse de Valladolid, publié en 1992, ce passage constitue la suite du débat commencé entre deux adversaires dans le couvent de Valladolid en 1550, face au représentant du pape, quant à cette question relevant à la fois de l’anthropologie et de la métaphysique : « les indiens sont-ils ou non des êtres humains à part entière ? ». Cette problématique à l’origine de la controverse est un vieux débat depuis le XVIème siècle (puisque ce roman s’inspire d’un fait historique véritable), mais J.C. Carrière écrivain du XXème siècle en fait l’enjeu essentiel de son roman, sans doute pour faire encore réfléchir à cette question de l’altérité. C’est ainsi que dans ce passage, deux thèse vont s’opposer, soutenu d’ailleurs par deux controversistes ayant des stratégies différentes : pour Sépulvéda les Indiens sont des êtres inférieurs aux Espagnols, donc des « esclaves-née », pour Las Casas, les indiens sont les égaux des Espagnols avec simplement des coutumes différentes.

Ce vif débat servi par des arguments variés est un registre polémique qui permet au narrateur extérieur de mettre en valeur l’intensité dramatique du dialogue. En quoi ce dialogue met-il en valeur des stratégies et des référents différents pour la validation de chaque thèse ? Nous verrons tout d’abords la vivacité de la narration, puis la stratégie de Sépulvéda : une argumentation spécieuse, et enfin la réfutation de Las Casas.

I. LA VIVACITE DE LA NARRATION

1. Les trois interlocuteurs

Dans ce récit à visée argumentative, le narrateur présente les acteurs de ce procès à travers leurs comportements et leurs paroles : Sépulveda, le docte philosophe nourri d’enseignement livresque se montre calme et rigoureux dans son argumentation. Cette rigueur est renforcée par les connecteurs logiques qui émaillent ses interventions : « D’ailleurs. D’abord. En revanche. J’ajoute » et par le vocabulaire de la recherche méthodique : « préparé tout un dossier », « compte rendu précis », « indiscutable ». Sépulveda se montre alors un homme de savoir, m’érudit, l’universitaire, aussi le narrateur fait-il ressortir son raisonnement qui semble logique. A l’opposé Las Casas, qui se laisse guider par les élans du cœur et fort de son expérience sur le terrain est emporté et en colère, ce que témoigne les nombreuses modalités exclamatives et interrogatives, les phrases courtes qui constituent ses répliques. Le légat quant à lui offre le modèle du meneur de débat : assez autoritaire pour imposer la discipline, les règles de courtoisie et de respect d’autrui. Il résume les positions, demande des informations, identifie des assertions hasardeuses ou les vices du raisonnement. Modérateur vigilant, il se pose en juge impartial pour le moment. C’est trois personnalités différentes animent donc un débat qui prend ainsi l’allure d’une vive discussion.

2. Un dynamisme verbal

Le narrateur témoin prend à son compte le discours narrativisé à travers un point de vue omniscient. Toutefois, fort est de constater que l’essentiel du texte consiste en l’échange des paroles rapportées au style direct. Ces répliques assumées par l’un ou l’autre des protagonistes montrent le pouvoir de la parole et la dynamique qu’elle sous-entend, aussi peut-on parler de la théâtralité de ce passage. Cette prééminence du dramatique sur le narratif, fait déjà glisser le récit vers la pièce de théâtre. De ce fait les interventions du narrateur pourraient même être considérées comme des didascalies mettant en place les personnages, décrivant leurs réactions, leurs gestes, leurs émotions.

II. UNE ARGUMENTATION SPECIEUSE

1. Une thèse ethnocentrique

La thèse soutenue par Sépulveda est que les indiens sont de manière innée et naturelle, des esclaves. Celui qui parle va s’efforcer alors de faire surgir les connotations dont le mot est porteur : ce ne sont pas des hommes, ils sont destinés à être utilisés, ils ne comprennent pas plus que des animaux, ils n’ont pas droit à la liberté. L’argumentation qui soutient cette thèse est placée d’emblée sous l’autorité de la pensée d’Aristote, ce qui revient à dire que les arguments qui vont étayer cette thèse sont des preuves garantis par un philosophe reconnu, qui a défini lui-même les esclaves à partir de certains critères, repris par Sépulvéda. Fort de cette référence à Aristote, Sépulveda use de sophisme et va énoncer des préjugés qu’il n’a pu vérifier sur place.

2. Une argumentation tendancieuse

Déjà la référence au philosophe grec constitue à elle seule un argument d’autorité car ce dernier est respecté et ses écrits reconnus. Il va confirmer ensuite sa thèse par un argument de valeur fondé sur l’expérience quand il affirme l’incapacité des Indiens à créer et à inventer. Les mots « copier » et « imitation » reviennent dans le discours de Sépulvéda pour qui le fait d’imiter définit le caractère naturel d’un esclave. Les mots « artisans et manuelle » ont visiblement une connotation péjorative. Il définit le caractère naturel en le présentant comme logique et en donnant un exemple de comportement pour tenter de réfuter la réponse de Las Casas. Son deuxième argument donné à la suite de la question du cardinal relève entièrement de l’observation des mœurs des indiens qu’il dévalorise et qu’il condamne fermement. En fait il

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