Lecture Analytique Michel De Montaigne " au Sujet D'un Enfant Monstrueux " Essais

Introduction

Le texte d'Alfred Jarry (1873-1907) est extrait de la farce en 5 actes Ubu Roi (1896), première pièce d'une tétralogie (c'est-à-dire d'une série de quatre pièces) consacrant le Père Ubu. Le texte se situe à la scène 2 de l'acte III. Les trois pièces suivantes sont Ubu Cocu (1897), Ubu enchaîné(1900), Ubu sur la Butte(1901).

Dans l'antiquité grecque, une tétralogie était un ensemble de quatre pièces (trois tragédies et un drame satyrique présentés par un même auteur aux concours dramatiques : Euripide : Alexandre, Palamède, Les Troyennes; Sisyphe).

Selon Alfred Jarry qui définit son personnage au début de sa pièce : «  Monsieur Ubu est un être ignoble […] Il assassine le roi de Pologne, puis étant roi, il massacre les nobles, puis les fonctionnaires, puis les paysans ».

La scène 2 de l'acte III se situe à l'apogée du règne du père Ubu lorsqu'il instaure une véritable terreur à l'encontre de tous les notables du royaume.

Il donne libre cours à sa cruauté et à son goût immodéré pour l'argent et le pouvoir.

Cette scène de farce, de registre comique, met en vedette un personnage type au théâtre, l'usurpateur – se livrant à un procès inique- qui prend l'allure d'une parodie. On peut se demander comment Jarry dénonce la tyrannie à travers les différentes formes du comique.

Nous aborderons cette scène en montrant la construction du personnage type du tyran politique que constitue l'usurpateur. Puis nous démonterons la mécanique théâtrale qui dénonce le pouvoir tyrannique. Ensuite, nous montrerons en quoi cette scène constitue une argumentation indirecte ( en quoi elle dénonce à travers la fiction).

On observe trois mouvements dans cette scène :

le massacre des nobles : l.1 à 49 ;

le massacre des magistrats : l.50 à 68 ;

le massacre des financiers : l.69 à fin .

Développement

I Le personnage-type du tyran politique

a Tradition

Pour la petite histoire, l'idée de Père Ubu est née d'une anecdote lycéenne. Jarry, élève de première, au lycée de Rennes, en 1888, a Félix Hébert pour professeur de Physique. Celui-ci est l'objet de railleries. Les élèves le surnomment de diverses façons: Heb, Eb, Ebé. Les lycéens font de leur professeur le héros d'une chronique. Charles Morin, qui précède Alfred Jarry au lycée, en écrit une en 1885 qui présente le professeur en roi de Pologne. C'est le point de départ de la création du Père Ubu, personnage despotique.

Le père Ubu incarne un personnage-type au théâtre : l'usurpateur. Ubu, ancien roi d'Aragon, capitaine des dragons (dragon : soldat de cavalerie de ligne, servant à pied ou à cheval) en Pologne, est un personnage qui est anormalement gros et qui affecte la bravoure. Sa femme, Mère Ubu, ambitieuse, pousse Père Ubu à détrôner le roi de Pologne, Wenceslas, afin de s'enrichir. Ubu parvient à ses fins. Il pressure (tirer d'une personne tout ce qu'elle est susceptible de donner) alors nobles et financiers avec une énergie qui effraie la mère Ubu elle-même. La mère Ubu semble vouloir tempérer les assauts meurtriers de son mari et roi comme l'indique très clairement le propos « Mais enfin, Père Ubu, quel roi tu fais, tu massacres tout le monde. »(l.83). Le groupe nominal « tout le monde » souligne l'excès auquel se livre ce roi tyrannique et sanguinaire . L'hyperbole est significative : Ubu est un tyran qui est effrayant. Ce personnage tyrannique et sanguinaire a pour modèle littéraire un autre tyran : Macbetch. Macbeth est le héros d'une tragédie de Shakespeare du même nom, Macbeth (1606). Poussé par son épouse, Macbeth a assassiné le roi d'Ecosse, Duncan, son hôte. Devenu roi, il devient vite sanguinaire et commence par assassiner son ami Banquo. Comme dans Macbeth, Ubu se révèle vite être un tyran politique.

b Tyrannie

Les mouvements de la scène révèlent clairement que le personnage Père Ubu est un tyran sanguinaire. Père Ubu se livre à un jeu de massacre. Dans cette scène, les mouvements du texte présentent dans une construction parallèle -qui relève du comique de situation-, un jeu de massacre. Les nombreuses répétitions  « Dans la trappe » rythme les répliques de Père Ubu ou l'intervention repoussée de la Mère Ubu. Le comique de situation dénonce une mécanique d'élimination des personnages. La disparition des personnages de la scène peut accentuer de façon comique la fureur d'Ubu. L'objectif du Père Ubu est clair, il s'agit de s'enrichir en s 'appropriant les biens des sujets du royaume de Pologne qu'il compte éliminer systématiquement, comme l'indique le propos en début de scène : « J'ai l'honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens ». Élimination des « Nobles » et saisie de « leurs biens » : voilà le programme d'un tyran politique qui n'hésite pas à faire couler le sang. La construction mécanique du dialogue qui consiste en une enquête sur l'identité (« qui es-tu ? ») et ou sur les biens de la personne (« De combien sont tes revenus ? »(l.12), « Tu n'as rien autre chose ? »(l.24)) est suivie systématiquement de la même conclusion « Dans la trappe ». Les magistrats et les financiers après les Nobles passeront également « Dans la trappe » ou « A la trappe », simple variante, car ils refusent de suivre le despote dans ses projets despotiques : « Je vais d'abord réformer la justice »(l.52), « D'abord je veux garder pour moi la moitié des impôts »(l.72et73). Les verbes « je vais » et « je veux » mettent en avant un moi qui refuse tout dialogue et exige tout. Père Ubu est un champion de la tyrannie. La mort des magistrats et des financiers agrandit son pouvoir.

Transition

Le père Ubu, farce née d'une littérature potache de lycéens, se rattache néanmoins à la tradition théâtrale par la construction du personnage-type du tyran politique et sa référence dramatique à la pièce de Shakespeare, Machbeth. Cette scène présente parfaitement le tyran dans ses dispositions despotiques : Ubu

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