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Lecture Analytique De L'incipit De La Condition Humaine De André Malraux

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Par   •  22 Mars 2014  •  2 094 Mots (9 Pages)  •  5 843 Vues

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André Malraux né en 1901 et mort en 1976 est un écrivain du XXème siècle. Il est l'auteur de romans célèbres tel que La Voie royale (1930) et L’Espoir (1937) .

Avec La Condition humaine, publie en 1933, Malraux décide de revenir sur l’insurrection communiste de Shanghaï de 1927, dont il détaille le déroulement. C’est aussi l’occasion pour lui de présenter aux lecteurs des personnages liés de près ou de loin à la révolution, chacun représentatif à sa manière de « la condition humaine ».

Dans l'incipit, un personnage nommé Tchen s'apprête à en tuer un autre endormi, et nous avons ici sa réflexion intérieure.

De quelle manière cet incipit introduit-il brutalement le lecteur dans la violence du roman et les interrogations qu’elle suscite ?

Nous verrons dans un premier temps comment Malraux débute son roman en créant une atmosphère de film noir. Nous verrons dans un second temps quels sont les origines et les manifestations du trouble de Tchen avant de montrer qu'il est à la fois maître et jouet de son destin.

I/ L’entrée dans le roman : un incipit sous le signe de la tension

1. Le suspens d'un roman policier

L'entrée du roman se fait ' in media res ', le lecteur est plongé au coeur de l'action par deux verbes : frapper et lever (l.1)

Le temps semble arrêter, comme suspendu alors que les actions devraient être minutées comme le suggèrent les indications précises. Mais paradoxalement, l'action reste en suspens et l'acte est différé. Ainsi s'instaure une tension entre d'une part, une date et une heure implicitement spécifiée, le 21 mars 1927 à minuit et demie et d'autre part, des imparfaits dans le récit qui inscrivent l'action dans une durée pesante. Les quelques passés simples (l.11 et 13) ne parviennent pas à remettre en mouvement l'action et souligne au contraire son immobilisation. Les imparfaits descriptifs interrompent donc l’action et les passés simples y reviennent mais sont cependant globalement moins nombreux. De plus, l’alternance des phrases longues et des phrases courtes appuie le suspense. Cette durée produit une impression de ralenti qui intensifie l'attente, ce que confirment des indications explicites comme « le temps n'existait plus ». (« Quatre ou cinq klaxons grincèrentà la fois» l.9, « La vague de vacarme retomba» l.12, « Il se retrouva » l.14 ).

2. Un décor contrasté

Le lieu nous est indiqué indirectement. Seuls quelques mots suggèrent le décor : le prénom du héros l. 1 nous indique l'Asie et le building (l.7) et les voitures (l.9 et 12) signalent une ville européanisée comme Shangai par exemple.

Le lieu de l'action donne l'idée d'un huis clos ; une chambre. On peut d'ailleurs comparer le silence de la chambre au bruit de l'extérieur. Il y a disproportion : les klaxons de 4/5 voitures se transforment en vacarme et l'allitération en v dans « la vague de vacarme retomba» l.12 montre que le silence s’instaure à nouveau.

Se dessine donc un décor que le lecteur peut reconstruire d'après des impressions visuelles et auditives qui forment plusieurs contrastes puisque les premières renvoient à l'intérieur: " ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond" l.4 et les dernières au monde de l'extérieur : "la seule lumière venait du building voisin' l.7. Décor en réalité construit sur des lignes verticales et horizontales, sur des figures géométriques : « lever la moustiquaire » l.1: ligne verticale ascendante ; mais la mousseline blanche qui « tombait du plafond » l.4 ligne verticale descendante. Le pied du dormeur est « à demi incliné » l.5, ce qui forme une diagonale.

La lumière dessine « un grand rectangle » l.7 d'électricité. Mais ce rectangle est « coupé par les barreaux de la fenêtre » l.8 . Barreaux verticaux dont « l'un rayait le lit » l.8 .Ce champ lexical de la géométrie permet en quelque sorte d'emprisonner le personnage dans ce lieu clos (les « barreaux de la fenêtre » renvoient eplicitement à une prison). De même, cette chambre a un « plafond » explicitement désigné - sans compter la « moustiquaire » qui enferme l'autre personnage. Tout contribue ici à créer un climat étouffant d'enffermement.

On remarque aussi le jeu des ombres et des lumières. Les ombres dominent puisque la pièce est plongée dans l'obscurité. Toute une partie du décor baigne dans le noir, tel que le corps « moins visible qu'une ombre » l.5. Les lumières sont peu accentuées : « mousseline blanche » ; un peu plus loin, il est question d'une « tache molle » ; le rectangle est constitué « d'électricité pâle » ; encore ce rectangle est-il « coupé ».

Mais cette tache de lumière met en valeur la seule partie visible de l'homme qui dort, son pied.

3. Une scène de cinéma

On peut donc dire que l’atmosphère générale évoque le roman ou le film noir, et la narration elle-même utilise des procédés cinématographiques: le gros plan sur le pied de la victime, d’abord « ce pied à demi-incliné par le sommeil » l.5 , « au dessous du pied» l.9, « ce pied » l.19, ensuite en le présentant en pleine lumière, avec le jeu de contraste des barreaux de la fenêtre, « comme pour en accentuer le volume et la vie » l.9. Ou même le choix des formes aigües, géométriques, qui accentuent la violence du décor .Enfin, le texte commence par une interrogation ce qui pourrait être, au cinéma, assimilé à une voix off.

Afin d'établir ce cadre spatio-temporel, on regarde ce que voit Tchen, en se retrouvant donc du côté de l’assassin, et en finissant par partager son anxiété.

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