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Lecture Analytique D'un Extrait De Antigone De Anouilh : Celle Qui Dit Non

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Par   •  9 Février 2015  •  1 603 Mots (7 Pages)  •  3 616 Vues

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Introduction

La première représentation de cette pièce a eu lieu en 1944 à Paris, durant l’Occupation allemande.

Antigone de Jean Anouilh est inspirée du mythe antique ; en effet, le tragédien Sophocle, dans l’Antiquité grecque, a écrit une pièce intitulée Antigone.

Anouilh, au XXème siècle, écrit : « Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. »

Il s’agit donc de la réécriture contemporaine d’un mythe antique.

Rappel : Créon est le roi de Thèbes et l’oncle d’Antigone. Il a interdit que le corps de Polynice (frère d’Antigone) reçoive une sépulture, car il considère qu’il a trahi la Cité. Auparavant, Antigone a récupéré le corps de son frère et l’a enterré, donc contre les ordres de Créon.

La scène, dans cet extrait, montre l’affrontement entre celui qui dit « oui » au Pouvoir et celle qui dit « non » aux ordres. Antigone dit « non » parce qu’elle est libre : elle considère qu’elle a tous les droits, puisqu’elle ne s’est soumise à aucun pouvoir. Créon, lui, considère qu’il a d’abord des devoirs, car il est roi. Il veut faire comprendre à Antigone que dans certaines situations dramatiques, on est obligé de dire « oui ». Tandis qu’Antigone prétend pouvoir dire « non » à volonté.

La scène suivante apparaît comme une scène conflictuelle : deux personnages de théâtre sont sur scène et sont tout de suite en conflit (I). S’ils sont en conflit, c’est parce qu’ils défendent des valeurs morales complètement opposées (II).

Une scène conflictuelle [on s’intéresse ici plus à la forme de l’échange dramatique]

Voyons tout d’abord en quoi cette scène, notamment de par sa mise en scène, nous apparaît comme conflictuelle.

• Les liens familiaux : Créon est l’oncle d’Antigone ; Antigone est donc sa nièce. Le fait qu’ils aient des liens familiaux assez proches rend leur conflit encore plus tendu (que s’ils n’avaient aucun lien familial). Le lien social : Antigone est censé être soumise à son oncle d’une part parce qu’elle est une femme et que Créon est un homme ; d’autre part parce qu’il a une fonction politique éminente (il est roi de Thèbes) et elle, bien que reine de par sa naissance, n’a pas de fonction politique. Par ailleurs, Créon est également le père du fiancé d’Antigone, Créon.

• Un différend les oppose : rappelons qu’Antigone a enseveli son frère Polynice contre l’ordre de Créon, qui considère ce dernier comme un traître à la Cité. Dans ce passage, le différend est encore plus large, puisqu’il est question de l’acception des règles du Pouvoir politique.

• Qui semble en position de supériorité dans la majeure partie du passage ? Et à la fin ? On peut voir les choses de deux manière : Antigone semble dominer en affirmant son pouvoir de dire « non » et en critiquant Créon. A la fin, pourtant, Antigone se renferme sur elle-même et n’oppose à Créon que sa volonté de mourir pour ses idées. Le Pouvoir gagnerait donc sur l’insoumise. Mais on peut aussi considérer l’inverse : durant la majeure partie du passage, Créon prend les choses à la légère, il dit même qu’elle l’« amuse » ; mais à la fin, Créon s’énerve (« Mais enfin, Bon Dieu ! ») et se lance dans une longue tirade (ici réduite) qui révèle sa faiblesse. Antigone va jusqu’à mourir pour son « non », comme une ultime bravade au Pouvoir : elle serait donc supérieur à Créon du fait même qu’elle est capable de mourir pour ses idées.

• Structure de l’échange de répliques : On observe des reprises de mots et d’expression d’une réplique à l’autre entre Antigone et Créon. Ce sont à la fois des parallélismes et des antithèses :

o Dans sa 2ème réplique, Créon fait écho à la 1ère réplique d’Antigone : A : « Il fallait dire non, alors ! »/ C : « J’ait « oui ».  antithèse

o « Et c’est cela être roi ! » (avec ironie critique)/ « Oui, c’est cela ! » (affirmation et reproche)

• Les didascalies révèlent notamment l’agacement de Créon, puis son énervement (« sourdement ; « la secoue soudain, hors de lui ») ; la dernière montre Antigone qui « secoue la tête » (alors qu’elle est secouée par Créon)  les corps des protagonistes sont animés par leurs idées.

• Antigone accable Créon ; elle emploie des phrases affirmatives, exclamatives, ou bien une question rhétorique (« Dites-le donc, que vous ne l’auriez pas voulu ? »). En fait, elle reste bornée et campe sur ses positions ; elle refuse la discussion.

Ce texte est bien une scène de conflit : les liens familiaux et sociaux entre les protagonistes, le ton et les tournures des phrases, l’échange de répliques qui se répondent en échos antithétiques l’une à l’autre, les didascalies qui précisent l’expression de la voix ou le mouvement des corps, tout cela le rend visible sur scène.

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