Lecture Analytique : Colloque Sentimental, Paul Verlaine

Dans ce poème P. V. évoque la rencontre désespérée de deux êtres qui se sont peut être aimés, en effet les souvenirs disparaissent et laissent place à une certaine indifférence.

PROBLEMATIQUE : La thématique traditionnelle du temps qui passe et plus original qui détruit les souvenirs (dans « NM » le souvenir était encore présent).

I – Le cadre du poème

Cadre donné dès le v.1 et rappelé au v.5 : écho obsessionnel, caractérisé par 3 adjectifs : « vieux » ; « solitaire » ; « glacé » : le parc n’est pas entretenu « avoines folles » (v.15), les gens en sont partis, puisque « la nuit seule entendit » (v.16). Solitude + glace → connotation morbide.

v.16 fait écho au v.1 = nuit ∅ lune : ténèbres de la nuit de la mort, déjà annoncé par le « ciel noir » v.14 → cadre morbide qui a pourtant contenu de la vie : « Deux formes sont passées » (v.2) ; « ils ont évoqués le passé » (v.6) ; « ils marchaient » (v.15) → ces formes connaissent le parc et semblent y avoir eu leurs habitudes : article défini « le » marque la connaissance.

Tension entre l’imaginaire du lecteur peuplé par les personnages issus du XVIIIème siècle des autres poèmes de P. V. et la disparition, la mort de tout cela comme aboutissement.

Cadre caractérisé par le souvenir que le lecteur pourrait en avoir mais aussi par ces connotations morbides. Mais semblant de vie → les deux personnages entament un dialogue, de façon théâtrale (marque Verlainienne en poésie + et de la théâtralité prégnante dans ce recueil).

Quelques éléments montrent cette thématique : élément de décors + didascalie (intonation au v.4 « on entend à peine » / « tel ils marchaient » v.15) → les personnages ne sont pas statiques mais comme en promenade + stichomythie traduisant le conflit.

Didascalie du v.4 = sonorités peu audibles dans tout le dialogue → consonnes sourdes [L] ; [V] : liquides [N] + [te] = dentale + voyelles nasales [ON] → paroles = chuchotements destinés à se perdre, de même les personnages s’éloignent « ont passé » (v.2) et avancent « ils marchaient » (v.15) = éloignement progressif de leur discours par les sonorités et par leur mouvement.

II – Qui sont ces personnages ?

Ils sont peu caractérisés : « deux formes » (v.2) (≠ « seul à seule »), on ne peut définir leur identité (→quête d’identité sexuelle de P. V. ?)

Formes indifférenciées, même caractère, yeux et lèvres identiques « leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles » (v.3) → les personnages, comme le cadre, sont marqués par la mort / écho sonore [L] ; [R]

Fantômes : qui ont vécu et sont désormais disparus ou plutôt qui disparaissent petit à petit : décomposition, dans un passage : Les personnages sont caractérisés par leur appartenance à une époque révolue « extase ancienne » (v.7) : ce sont les personnages des autres poèmes de P. V. qui disparaissent → pâleur de leurs paroles + leur propre disparition est confirmé par le contenu même de leur propos. La disparition du souvenir ne marque pas les deux personnages de la même manière :

Un des personnages tente encore de se souvenir quand

...