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Le théâtre, fait pour être joué ?

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Par   •  25 Novembre 2012  •  Dissertation  •  1 416 Mots (6 Pages)  •  1 544 Vues

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INTRODUCTION

L’art dramatique, selon l’étymologie, consiste à rendre une action présente devant témoin. D’après Aristote, l’essence de la théâtralité consiste à « imiter » les hommes en répétant leurs actions. Suivant cette définition, on pourrait affirmer comme un personnage de Diderot dans « Les Entretiens sur le fils naturel » : « (…) la représentation de celle-ci [la pièce] vous a plu, il ne m’en faut pas davantage ».. Le texte, essentiellement destiné à la représentation n’aurait aucune valeur propre. On peut donc se demander si le théâtre est destiné à être lu ou vu. La finalité est-elle la scène ou au contraire la lecture du texte est-elle indispensable à la compréhension de l’œuvre ? La richesse du texte ne consisterait-elle pas surtout dans les représentations potentielles qu’il contient ?

DEVELOPPEMENT

Si le vingtième siècle a connu l’épanouissement de l’art de la mise en scène, le succès de la Commedia dell’arte jusqu’au dix-huitième siècle prouve l’intérêt du public pour un théâtre sans texte où le jeu est fondé sur l’improvisation, le mouvement et le corps. En effet, dans ce genre né en Italie, la pièce ne repose que sur un mince canevas indiquant l'enchaînement des situations, et se déploie tout entière dans le jeu de scène: mimiques, lazzi, cascades. Cet exemple d'œuvre qui n'existe nulle part ailleurs que dans sa représentation est certes marginal mais significatif: le théâtre, ici, est bien avant tout un spectacle.

En outre, la lecture du texte théâtral le rend parfois difficile à comprendre. Souvent, la multiplicité des personnages qui interviennent dans une même scène peut rendre leur identification ardue pour le lecteur qui a du mal à les caractériser, alors que la représentation élucidera les rapports de force de façon évidente. De même, pour une scène très animée, la lecture rendra mal compte du rythme. Molière dans « Le Malade imaginaire » est obligé de préciser lors de la rencontre entre Argan et Monsieur Diafoirus : « Ils parlent tous deux en même temps, s’interrompent et confondent », alors que le lecteur a «entendu» les répliques successivement. En effet, la lecture d'une pièce s'inscrit dans une temporalité particulière qui dénature le temps propre à la représentation: celui de la simultanéité. Un lecteur pourra notamment s'interrompre, ce qui trahira la durée de l'action voulue par le dramaturge, et affaiblira l’efficacité dramatique.

Enfin, le livre ne peut contenir l’ensemble des signes non verbaux qui appartient au langage de la scène. Dans "Don Juan", la lâcheté de Sganarelle s'exprime souvent par un comique de gestes qui peut échapper au lecteur. Et comment rendre le vertige baroque présent dans cette pièce de Molière, cette idée que "le monde est un théâtre", ailleurs que sur une scène? Artaud, qui accorde la primauté à la représentation scénique, va plus loin lorsqu'il voit dans le Théâtre de Bali un rituel sacré exaltant les forces vitales en unissant comédiens et spectateurs dans une même émotion. Ainsi, le texte n’est pas indispensable ; il devient même stérile puisqu’il est incapable de traduire « la poésie tout court ».

Il semblerait donc que l’on puisse supprimer le texte théâtral comme objet de lecture. Pourtant, ce serait condamner une œuvre qui n’aurait jamais été interprétée. Il faut alors s’interroger sur la valeur littéraire et durable de l’écrit : certains dramaturges, en effet, ne se soucient pas de la scène et savent qu’ils seront publiés. Leur texte alors contient l’essentiel.

A l’époque où le théâtre classique est remis en cause au nom de la liberté créatrice, le drame romantique essaie de s’imposer. Pourtant, « Hernani » ne sera joué que dix-neuf fois par les Comédiens-Français tant l’opposition est grande. Quant à Musset, il finira par écrire un « Spectacle dans un fauteuil », jugeant que le public n’est pas celui de son théâtre. Ses pièces attendront d’autres temps. Les nombreuses didascalies en appellent à l’imagination du lecteur, à sa représentation intérieure. En 1886, Hugo adoptera la même attitude dans son « Théâtre en liberté » où il préfère confier au texte « «ce théâtre idéal que tout homme a dans l'esprit ».

Il est vrai que la poésie, qui se distingue de l’action, se prête mieux à la lecture. Elle devient même une difficulté pour la mise

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