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Le sujet de l'essai critique Borduas

Analyse sectorielle : Le sujet de l'essai critique Borduas. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Juillet 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 097 Mots (9 Pages)  •  1 807 Vues

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Sujet de dissertation critique

En 1948, Borduas et les signataires du Refus global soutenaient que chaque personne devrait aspirer à une pleine liberté : « Au terme imaginable, nous entrevoyons l’homme libéré de ses chaînes inutiles, réalisé dans l’ordre imprévu, nécessaire de la spontanéité, dans l’anarchie resplendissante, la plénitude de ses dons individuels. » Ce manifeste a alimenté les réflexions, notamment des artistes et écrivains québécois qui ont suivi, et il va sans dire que le roman de Gérard Bessette présente une filiation avec celui-ci. De ce fait, est-il vrai de dire que Le Libraire est un roman dans lequel triomphe la liberté ?

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Dissertation critique Le Libraire

En 1960, l'auteur Gérard Bessette publie Le Libraire qu'on considèrera plus tard comme un roman précurseur de la Révolution tranquille. Le roman est écrit à la forme d'un journal intime qu'Hervé Jodoin, le personnage principal, a entrepris pour tuer le temps le dimanche. Dans ce journal, Jodoin nous donne un portrait sur la fin de l'époque de la grande noirceur en nous montrant l'état de la petite ville de Saint-Joachin dont les habitants sont contrôlés par le clergé et les élites bourgeoises. Jodoin y vient en étranger pour venir travailler comme commis-libraire, mais très vite, il sera confronté à l'oppression et à la censure des Joachinois. Est-il vrai de dire que Le Libraire est un roman dans lequel triomphe la liberté ? Je dirais que oui, et pour y répondre, il sera démontré que Jodoin se fait un défenseur de la liberté particulièrement face au pouvoir religieux et son patron Léon Chicoine.

Pour commencer, tout le monde donne une autorité importante à M. le Curé à Saint-Joachin. La présence religieuse est omniprésente, presque tous les noms de rues portent des noms de saint et le dimanche, tous les commerces doivent obligatoirement être fermés pour la messe. Cependant, Jodoin n'accorde justement aucune autorité à celui-ci puisqu'il ne va pas à la messe le dimanche. Lorsque Rose lui demande d'aller s'expliquer à M. le Curé, il lui répondit : «qu' il n'entrait pas dans [ces] habitudes de fréquenter les presbytères [...]» (p.111). Ensuite, il ne se laisse pas intimider par les questions de M. le Curé à la librairie Néon. Il parvient même à inverser les rôles en devenant celui qui dirige les questions : «C'était bien la première fois que je poussais la vente [...] M. le Curé se défila en alléguant la faiblesse de sa vue» (p.69). Jodoin dénie donc l'autorité de M. le Curé sur lui autant que possible.

De plus, Jodoin ne se contente pas d'éviter le clergé, il désapprouve l'éducation donnée par le pouvoir religieux à Saint-Joachin. Dans son journal intime, Jodoin fait une critique au collège Saint-Roch qu'il décrit comme étant «au milieu d'un vaste domaine appartenant à des pères qui allient l'industrie laitière à l'élevage des jeunes gens» (p.63). Il montre clairement son opinion sur l'obscurantisme que subissent les étudiants par les pères du collège Saint-Roch. Jodoin pose aussi un geste, il faut dire que les lectures des habitants sont également surveillées et tout livre mis à l'index est un interdit. Pourtant, Jodoin vend L'Essai sur les mœurs au collégien qui le lui demande. L'Essai sur les mœurs, de l'auteur Voltaire, est fortement tabou par le clergé et est considéré comme un livre «qu'il ne faut pas mettre entre toutes les mains» (p.67) selon l'expression de M. le Curé. L'espoir d'aider le collégien à développer une liberté de pensée est ce qui a poussé Jodoin à l'acte, ce qui est totalement contre l'église.

Troisièmement, Jodoin s'oppose aussi à son patron lorsque celui-ci abuse de son pouvoir. Après l'événement de la vente de L'Essai sur les mœurs, M. Chicoine ordonne à Jodoin de passer dans l'arrière-boutique et il l'insulte quelques moments après pour le faire bouger, alors Jodoin refuse de lui obéir. Il répond à son patron cette phrase: «si je n'avais pas obtempéré, c'est que [...] je ne lui reconnaissais pas le droit de m'insulter» (p.93). En refusant de lui obéir, Jodoin montre qu'il veut le respect et qu'il ne se laissera pas priver de sa liberté pour que son patron l'utilise comme un valet. Finalement, vers la fin du roman, M. Chicoine annonce qu'il va se débarrasser de son rayon de livres et de l'emploi de Jodoin par la même occasion. Il tente en plus de manipuler Jodoin pour qu'il aille récupérer les livres du capharnaüm tout en essayant de lui cacher qu'il lui mettra sur le dos la vente de L'Essai sur les mœurs. Jodoin constate alors ce qu'il devait faire et négocie le travail pour un cachet de cinq cents dollars. En quittant le père Manseau à la taverne, Jodoin écrit : «Est-ce seulement une fois dehors, quand le vent se mit à me fouetter la figure et me rendit plus lucide, que mon plan germa dans mon cerveau? Ou bien l'avais-je tout tranquillement mijoté dans la taverne sans y porter beaucoup d'attention?» (p.136). C'est une prise de conscience qu'il est en train d'annoncer, sois par le vent qui la montre comme une révélation ou plutôt comme une révolution tranquille planifiée depuis la taverne, de voler les livres du capharnaüm pour son propre profit et en même temps, de «roulé ce foireux de Chicoine» (p.141). Cette façon dont finit le roman n’est autre que la démonstration d'une ultime preuve de liberté et Jodoin affirme même : «Je me sentis alors soulagé d'un grand poids» (p.141).

En conclusion, Gérard Bessette a bien recréé le climat où l'élite dominait autrefois,

à un tel point que le roman a dû être publié en premier en France à cause des pressions du clergé au Québec. À travers le journal intime, Bessette révèle la vie des dominés, par exemple Rose qui est marginalisée pour avoir commis un interdit. Avant tout, c'est pour y introduire la fin de cette ère par son antihéros, Hervé Jodoin qui prend la parole des opprimés contre la parole de la religion et de la bourgeoisie. Lorsque Jodoin arrive à Saint-Joachin, il ne laisse aucune prise au clergé sur lui et il agit même contre celui-ci par la vente de L'Essai sur les mœurs. Le plan de Jodoin pour voler les livres devient le symbole de l'avènement de la Révolution tranquille face aux abus de pouvoir patronaux et religieux. D'autres romanciers traitent

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