Le rôle de l'ange et du démon dans les Faux Monnayeurs

Quelles sont les significations aux figures de l'ange, du démon et du diable dans le roman ?

Que ce soit dans son œuvre, les Faux Monnayeurs ou bien dans le journal qui l'accompagne, Gide s'interroge constamment sur les interdits religieux, et plus généralement à la religion en elle-même. Dans son journal, il écrit que le «Sujet central» de son roman, pourrait bien être «le traité de la non-existence du diable.». Nous pourrions alors nous demander quelles significations et interprétations pourrions nous faire de la figure de l'ange et démon, que Gide met en scène à l'intérieur de son roman.

I. Une présence quasi-constante du Diable et de l'Ange au fil du l’œuvre

Tout d'abord, il faut prendre conscience du fait que, pour Gide, s'il existe une différence entre le démon et l'ange, cette dernière est minime. Comme il l'explique dans son Journal « Je crois que souvent ce que la société appelle le mal ( du moins celui qui n'est pas le fait d'une simple carence, mais bien une manifestation d'énergie ) est d'une plus grande vertu éducatrice et initiatrice que ce que vous appeler le bien ». Dans ce cas, cette entité religieuse se rapproche plus du daémon grec que du démon chrétien. En effet, en grec daémon représente une expérience psychique dont l'apparition peut signifier pour l'être humain une rencontre avec son propre destin comme : le salut, la tentation, le guide, la perte ou encore un conseil. Gide fait donc une différence minime entre ce terme chrétien, et ce terme grec qu'il faut savoir percevoir et comprendre.

Que ce soit par l'intermédiaire de l'Ange ou du Démon dans le sens chrétien du terme, ces deux figures religieuses sont omniprésentes à l'intérieur de l’œuvre. En effet, le Diable est présent de la première page à la dernière page du roman. La première fois qu'il intervient, c'est auprès de Bernard lorsque ce dernier tombe sur la correspondance de sa mère, apprenant par la même occasion que Monsieur Profitendieu n'est pas son père biologique. « La famille respectait sa solitude, le démon pas. ». De même qu'à la toute fin de l’œuvre, après le suicide de Boris dans l'échange qu'entretiennent Édouard et La Pérouse. « Le diable et le Bon Dieu ne font qu'un. » À cet instant, nous n'avons du diable qu'une idée.

Cependant, ces apparitions ne sont pas que de vagues images. En effet, à plusieurs reprises le diable intervient comme un personnage à part entière. Lorsque Vincent dispute sa partie de carte avec l'argent qu'il destinait à Laura. «De quel démon avait-il écouté le conseil ?». Ou encore lorsque Bernard vole la valise d’Édouard. « Mais le démon ne permettra pas qu'il se perde ; il glisse sous les doigts anxieux de Bernard une petite pièce de dix sous oubliée. ». C'est également lui qui souffle à Édouard, d'envoyer Boris en pension. En parlant de la pension, le Démon se matérialise en ce lieu. En effet le domaine des Vedel – Azaïs est présenté comme un labyrinthe, référence direct à l'enfer. Mais également comme un lieu où l'on se sent surveillé en permanence. De plus, Édouard décrit « L'atmosphère de la pièce était si austère qu'il semblerait que les fleurs dussent faner aussitôt. ».

Sans parler du Diable ou de l'ange en lui même, nous pouvons également aborder les personnages qui incarnent ces figures religieuses.

II. Les personnages, liens étroits entre le Diable et les anges.

Tout d'abord les personnages qui sont personnification même du diable. Nous pouvons en compter trois parmi l'ensemble de l’œuvre. Tout d'abord la figure la plus importante, Passavant. Bien qu'il n'incarne pas un personnage principal, il est cependant l'un des points centraux du roman. Tout le monde semble le connaître et parler de lui à un moment ou un autre de l'histoire. Il est présenté comme un homme aux paroles douces et flatteuses mais qui, au fond sont empreintes d'hypocrisies dans le simple but de servir ses propres intérêts. Il incite ses victimes aux vices et est emprunt de mauvaise foi. Vint ensuite Lilian Griffith. Cette dernière est l'incarnation même de Lilith. Lilith est un démon féminin de la religion juive, première femme d'Adam bien avant Eve. Elle fut condamné à l'enfer pour avoir trompé époux et, selon les croyances elle s'attaquerait aux femmes enceintes. Nous pouvons donc voir en Lilian le reflet de Lilith puisqu'elle détourne Vincent, au même titre que

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