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Le rire au théâtre

Cours : Le rire au théâtre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Septembre 2019  •  Cours  •  3 692 Mots (15 Pages)  •  463 Vues

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INTRODUCTION : La comédie désigne selon Aristote « l’imitation d’homme de qualité morale inférieure, non en toute espèce de vie, mais dans le domaine du risible, lequel est une partie du laid. Car le risible est un défaut et une laideur sans laideur et sans dommage ». Cependant c’est un genre protéiforme, en effet malgré les tentatives de codification du genre, aucune définition équivoque ne s’impose. La complexité d’établir une esthétique de la comédie s’explique par le fait que le mot en lui-même est polysémique. En effet, la comédie en latin désigne « pièce de théâtre » et cette définition perdure jusqu’au 16ème siècle alors qu’elle désigne également un genre théâtral spécifique. Ainsi, on peut se demander quels sont les caractéristiques de la comédie ? Pour répondre à cette question nous allons voir à travers ses origines et le registre comique quelles sont les spécificités de la comédie et nous illustrerons cette tentative de définition avec la première scène de la pièce de Ionesco La Cantatrice chauve

I. La comédie et son registre

1. Brève histoire de la comédie

La comédie naît en Grèce dans le cadre des fêtes traditionnelles en l’honneur de Dionysos, effectivement après les cérémonies religieuses le peuple formait des cortèges spontanées et burlesques. C’est pourquoi, dès son origine elle est considérée comme un genre mineur en raison de son origine populaire. Vers 480 avant JC, « la comédie ancienne » fait son apparition. Elle s’incarne dans les pièces d’Aristophane qui marie la bouffonnerie à la poésie au mépris de toute vraisemblance, il fait la satire des mœurs de son temps, mêle des gens d’origine populaire de l’Attique avec les faits d’actualité pour s’en prendre avec virulence aux personnages en place, aux mœurs politiques et même aux fondements de la cité. La « comédie moyenne » supprime le chœur et les allusions personnelles ainsi que la satire au profit de thème plus mythologique. Sous l’impulsion de Ménandre, une « comédie nouvelle » se crée. Elle souhaite peindre avec vérité les mœurs contemporaines. Elle oriente la comédie vers de nouveaux thèmes comme l’amour contrarié et affine la psychologie des personnages, elle fixe un modèle scénique et des types de personnages qui s’imposeront dans le temps.

Le genre de la comédie oscille, tout au long de son histoire, entre ses origines populaires et ses ambitions littéraires de plus en plus élevées. Aussi, quand la comédie atteint l’apogée de sa progression vers la morale et s’éloigne de la fête populaire, de la satire et du comique, le genre entre en décadence au profit du théâtre populaire. En effet, c’est le cas de Plaute et de Térence qui s’inspire des comédies de Ménandre, se rapprochent ainsi de la réalité romaine tout en introduisant de nombreux passages chantés, des jeux de scène, des types de personnages haut en couleur. De cette manière il donne la primauté au plaisir du théâtre sur les préoccupations morales et le souci de la dignité littéraire. Ainsi, le théâtre ne rentre pas dans le temple du goût, une fois de plus la tentative de faire de la comédie un genre littéraire a échoué.

Au Moyen- Age, la comédie assiste à une Renaissance au travers du développement de la satire, de la farce ou encore de l’allégorie. Au 13ème siècle, les premiers spectacles font leur apparition comme le Jeu de la feuillée ou encore le Jeu de Robin et Marion, la comédie est le fait de société qui voyage à travers les pays avec des moyens limités et un comique qui se concentre dans le langage et dans les gestes exagérés des comédiens.

Les auteurs de la Renaissance, au début du 16ème siècle, accordent peu d’importance aux inventions comiques du Moyen-Age et s’inspirent des modèles plus anciens. C’est notamment les humanistes qui renouent avec le théâtre latiniste et offrent ainsi des œuvres dramatiques qui peuvent prétendre au rang d’œuvre d’art, des comédies régulières comme Mandragore de Machiavel qui l’emporte définitivement sur le théâtre populaire proposé par le grand Ruzzante. De plus, avec l’apparition du classicisme, la comédie est d’autant plus soumise à des règles formelles et contraignantes comme l’unité de temps et de lieu, ou encore une intrigue vraisemblable articulée en 5 actes puisque Scaliger codifie le genre dans sa Poétique pour créer une séparation rigoureuse des genres. La comédie s’érige au rang de genre littéraire bien défini dans la continuité de celle de l’Antiquité latine. Cependant ce phénomène, qui s’étend à toute l’Europe, participe à un mouvement d’origine savante au risque de se couper parfois de leur racines nationales et populaires ainsi que de leur public. C’est le cas par exemple en Espagne où les traductions et les imitations des anciens se limitent au cercle des lettrés, la France aussi connait ce phénomène puisque la comédie renaissante se développe principalement dans les milieux intellectuels. Pourtant, ce retour vers les anciens s’inverse vers la fin du 16ème siècle. En effet, la comédie romanesque et populaire qui se libère des règles du théâtre latin se développe, les intrigues se compliquent, les aventures sont étranges et fondées sur le hasard, et compte une variété de procédés comiques et un constant renouvellement de l’invention.

En France, cependant, les écrivains de la Renaissance ne réussissent pas à implanter le théâtre régulier et encore moins à montrer la juste valeur de la tradition comique. A l’inverse, le théâtre de foire connait une vive prospérité sur le Pont Neuf ou à l’hôtel de Bourgogne avec Tabarin. La vitalité de la comédie populaire s’exprime grâce à l’introduction de la commedia dell’arte. Mais à partir de 1630, les vocations de dramaturge deviennent abondantes notamment parce que l’aristocratie commence à s’intéresser aux débats littéraires et philosophique, on commence à construire des salles de théâtre et les théoriciens sont soutenus par Richelieu comme par exemple Chapelain de l’abbé d’Aubignac, aussi le théâtre trouve un statut dans la vie mondaine de l’époque. Ce changement de statut de la comédie se voit dans les six comédies que Corneille a écrit, effectivement, ces comédies intronisent avec éclat l’idée que l’on se fait du théâtre des Anciens dans la sphère de la littérature conforme pour l’essentiel aux règles nouvelles autrement dit les comédies sont plus enjoués que comiques, plantés dans un décor proprement contemporain, romanesque sans excès et obéissent à la bienséance et aux règles de la vraisemblance. De cette manière, la comédie

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