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Le Tartuffe De Molière, Acte 1 Scène 5

Note de Recherches : Le Tartuffe De Molière, Acte 1 Scène 5. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2014  •  2 703 Mots (11 Pages)  •  22 415 Vues

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Théâtre et Représentation

Le Tartuffe de Molière (1669)

v. 281 à v. 310 (Acte I, Scène 5)

Orgon, le maître de maison, a été simplement évoqué dans la scène d’exposition lors de la querelle entre Mme Pernelle, (mère d’Orgon) et les autres membres de la famille : il y est apparu comme figure d’autorité mais surtout comme admirateur de Tartuffe. Il arrive sur scène seulement à la scène 3, revenant de chez lui après une absence de quelques jours.

Dans l’extrait étudié issu de la scène 5, il raconte à son beau-frère, Cléante, comment Tartuffe est entré dans sa vie, puis dans sa maison ; par ce récit, à ses yeux édifiant, il veut le convaincre de la justesse de son choix. Le récit d’Orgon met en scène sa rencontre à l’église avec l’homme qui l’a totalement édifié par piété ostentatoire. C’est l’occasion pour le spectateur de découvrir le portrait de Tartuffe à travers le regard d’Orgon et donc de mieux comprendre également le lien qui unit les deux hommes.

Problématique : comment Molière dans cette tirade d’Orgon met -il en scène de manière satirique le portrait d’un faux dévot au XVII ième siècle ?

Nous verrons dans un premier temps quelles caractéristiques du personnage éponyme, Tartuffe, transparaissent de cette tirade puis ce qu’elle dévoile de la personnalité d’Orgon.

I Tartuffe, un hypocrite en pleine action :

Ici, le personnage évoqué dans ce portrait en actes se conduit comme un hypocrite puisqu’il « joue » la dévotion, la simule et de ce fait, il redonne à ce nom son sens originel : « hypocrita » désigne en latin et en grec l’acteur, le comédien.

1. La dévotion incarnée ou le portrait du parfait dévot

a) Un lieu propice :

Tartuffe évidemment a trouvé sa dupe en jouant la dévotion « à l’église » v. 3.

Dans cet extrait, l’église de la rencontre et de la séduction s’affiche comme le lieu d’une théâtralité qui ouvre une scène dans la scène et donne à voir Tartuffe dans le rôle du comédien et Orgon comme spectateur privilégié, choisi dans une « assemblée entière » constituée en public. L’espace sacré est nettement désigné comme un lieu théâtral concurrent de celui de la scène, lieu d’ostentation et d’exhibition où il importe surtout de se montrer et d’être vu.

Le spectacle, comme le précise également Orgon, a lieu « chaque jour »  Cette répétition est le signe même d’une dévotion sur commande, qui se donne à voir dès que le public arrive.

b) Des actions :

Nombreux verbes d’actions qui décrivent les gestes-clefs utilisés par Tartuffe pour se donner l’apparence de la dévotion.

A l’église notamment, des vers 283 à 298 :

- « il venait […] se mettre à genoux » (sous-entendu évident « pour prier ») v.283-284 et avec « ardeur », « il poussait sa prière »

- « Il faisait des soupirs, de grands élancements », v. 287 : à noter qu’il ne soupire pas mais qu’il « fait » des soupirs.

- « Et baisait […] la terre »v. 288

- « il me devançait vite, /Pour m’aller à la porte offrir de l’eau bénite » v. 289-90.

- « Il voulait […] rendre  une partie » de l’argent, v. 294

- «  disait-il » v. 295 : sa prise de paroles n’est pas gratuite et participe pleinement à la simulation, on y reviendra…

- « il allait répandre » l’argent d’Orgon, v. 298.

Á cette surenchère d’actions dévotes s’ajoute leur répétition puisque ces verbes sont à l’imparfait qui souligne ici le rituel, l’assiduité du personnage, comme l’annonce le complément de temps au v.283 avec « chaque jour […] il venait ».

 On remarque donc que Tartuffe montre, par ses actions dans l’église, les qualités de tout bon chrétien :

amour de Dieu entier et total, humilité, pauvreté, désintéressement et générosité, charité.

Ce détachement des biens matériels est souligné par sa prise de paroles puisqu’il répète ne pas vouloir de cet argent (« C’est trop […] je ne mérite pas », v. 295-296 ) mais aussi par le don qu’il en fait aux pauvres, alors que lui-même est indigent (v.292, « son indigence »).Ce qui ne lui coûte rien puisque cet argent est donné par Orgon.

Chez Orgon , dans un second temps :

- « il reprend tout » v. 301

- « Il m’avertit » v. 303

- « Il s’impute à péché » = 3 présents de narration

- « Il se vint accuser […] l’autre jour » (d’avoir tuée une puce « avec trop de colère ») v. 308 : anecdote racontée au passé simple censée illustrer une caractéristique de Tartuffe, l’ardeur de son « zèle ». On explique le sens du mot : enthousiasme religieux, pas connoté de manière négative dans la bouche d’Orgon.La connotation en revanche est devenue de nos jours dépréciative.

 On retrouve dans ces actions la piété mise en avant dans l’église ajoutée à un certain rigorisme mais surtout l’humilité voire l’intransigeance envers soi, preuve d’un amour de Dieu extrême : l’homme est misérable et toujours coupable, il doit se mortifier continuellement pour mériter son amour.

Or, c’est d’abord cette perfection et cette exagération qui rendent le personnage peu crédible.

2. Une dévotion trop spectaculaire pour être sincère :

Tartuffe, en effet, manifeste, avec son valet, une dévotion ostentatoire : elle n’existe que pour être vue.

a) Des gestes outrés comme le soulignent les nombreuses hyperboles : « Tout »v. 284, « entière »v. 285, « ardeur » v.286, « grands »v. 287, « à tous moments »v. 288, « vite » v. 289, « toujours » v. 294, « c’est trop »v. 295, « tout », v.300 et 301, « extrême » v. 302, « la moindre »v. 307 , « Un rien » 307.

Le caractère « extrême »

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