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Le Sport : l'opium du peuple ?

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Par   •  10 Mars 2013  •  Dissertation  •  3 149 Mots (13 Pages)  •  2 057 Vues

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Le sport : l’opium du peuple ?

dimanche 13 avril 2008, par Jean Marie Brohm

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LE SPORT : L’OPIUM DU PEUPLE ?

À l’heure où les Jeux olympiques occupent une place de choix dans l’actualité politique, il est important de revenir sur la réalité du sport et du spectacle sportif. C’est pourquoi nous avons cru utile de publier cet article mordant. Nous espérons qu’il suscitera un indispensable débat (tiré du site presse-toi à gauche).

Le sport est très souvent présenté par ses laudateurs et ses défenseurs comme un fait universel, un invariant culturel. Sous des formes certes changeantes, il aurait été pratiqué à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Son omniprésence dans le temps et dans l’espace ne ferait aucun doute. Dans cette vision divine, mystique et quasiment céleste, le Sport transcenderait les hommes, il serait « de partout et de toujours », il apparaît, dès lors, comme une sorte d’entité supra-naturelle.

Phénomène transhistorique, il serait également au-dessus des batailles politiques, des luttes de classe et des conflits armés. Il formerait un monde à part, une sorte de supra-nation, un « gouvernement universel ». Le sport, et plus particulièrement l’olympisme, cette « ONU sportive » (Jean-Marie Brohm), aurait ainsi une mission humanitaire à accomplir, une sainte croisade à mener : contribuer à la paix sur terre, établir et maintenir la cohésion et « la paix sociale » (De Coubertin), instaurer l’entente cordiale entre les hommes de bonne volonté (sportive), en les rassemblant, par-delà leurs convictions (religieuses ou politiques) et leurs origines (sociales ou raciales), autour d’une même ferveur religieuse (la passion du sport, la communion athlétique).

Intrinsèquement neutre et politiquement correct, le sport œuvrerait essentiellement pour l’amitié, la réconciliation, l’harmonie sociale, la coexistence pacifique, bref, l’apaisement et la résolution de tous les conflits.

Aussi, tous les partis politiques (excepté l’extrême gauche et certaines organisations libertaires) s’accordent pour célébrer les bienfaits du sport et récitent régulièrement tous les poncifs du catéchisme sportif : égalité des chances, loyauté de la lutte olympique, exemplarité de la valeur éducative (école de vertu, de solidarité, de « droiture morale », etc.), universalité de la « culture » sportive, « message d’espoir pour tous les opprimés », rassemblement fraternel, pacifique (œcuménisme sportif, mythe de la trêve olympique), etc.

Si dans son essence la compétition sportive [1] est postulée pure et innocente, c’est qu’elle est présentée comme un besoin fondamental de l’homme, une tendance instinctive, une sorte de disposition naturelle et primitive.

Pour les tenants de cette version innéiste, l’homme aurait toujours ressenti l’impérieuse nécessité de se mesurer et de rivaliser physiquement avec ses semblables. Le désir de comparer ses capacités physiques, d’élire le plus fort, le plus rapide et de chercher sans cesse le dépassement de ses limites biologiques serait inhérent à la vie de l’homme, à son existence même. La compétition physique serait ainsi une donnée anthropométrique fondamentale, « enracinée au plus profond de la nature humaine », inscrite dans la part animale de l’homo sapiens.

Or, ce qu’il faut affirmer, c’est que cette représentation du sport comme sphère autonome et apolitique [2] est un mythe [3] tenace qui permet d’occulter la réalité peu reluisante du spectacle sportif contemporain (notamment le dopage et les violences endémiques [4]), ses nombreuses collaborations (ou collusions) avec des régimes politiques totalitaires et son parti pris idéologique réactionnaire. D’une part, le sport est, dès son apparition, indissociable du système capitaliste, dont il est pétri des valeurs, d’autre part, il est une « dépolitisation des réalités du monde » (Michel Beaulieu), dictant à des milliards d’individus une « vision sportive de l’univers ».

Il semble important d’insister sur cinq points :

1) Le sport est une donnée culturelle, une production historiquement datée (l’Angleterre de la fin XVIIIème siècle puis et surtout l’Europe du XIXème siècle), il prend son essor avec l’avènement de la société capitaliste industrielle. Ainsi, dès sa naissance, le sport est politiquement et idéologiquement déterminé par le mode de production capitaliste [5].

Comme le notait le sociologue Norbert Élias, il y a bien une « sociogenèse du sport » qui va imprimer sa marque sur sa constitution originelle et conditionner son développement. Dans son apparition et tout au long de son processus d’institutionnalisation, le sport (tout comme l’olympisme) est « consubstanciellement intégré au mode de production capitaliste et à l’appareil d’État bourgeois » (Jean-Marie Brohm). L’institution sportive est organiquement, incorporée au système de production capitaliste dans lequel elle s’épanouit. La diffusion et l’emprise planétaire du sport, l’olympisation du monde vont accompagner l’expansion impérialiste du système capitalisme (et du capitalisme bureaucratique d’État). C’est dans cette paternité que réside la singularité du sport (un sport improprement qualifié de « moderne », par ceux qui voudraient faire croire à une continuité, à une unité avec des sports dits antiques, médiévaux, traditionnels ou encore exotiques).

Aussi, il y a homologie de structure et identité de point de vue entre l’organisation sportive et l’organisation capitaliste. Rien d’étonnant que les principes constituants du sport (compétition, rendement, performance, record) reflètent les catégories dominantes du capitalisme industriel.

De ce point

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