LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le Singe Et Le Chat

Dissertations Gratuits : Le Singe Et Le Chat. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Octobre 2012  •  1 735 Mots (7 Pages)  •  7 101 Vues

Page 1 sur 7

Le XVIIe siècle est le siècle du classicisme, mouvement littéraire et culturel s’appuyant en grande partie sur l’héritage antique et axé notamment autour de l’idéal de plaire et instruire à la fois. Une œuvre doit susciter l’émotion chez le lecteur, dans le but de l’amener à évoluer, afin de ne pas être considérée comme superficielle. Jean de La Fontaine, véritable symbole du classicisme est un fervent défenseur de cet idéal. Son œuvre Les Fables en sont un illustre exemple, destinée à la fois à divertir, au moyen de courts récits plaisants, et à instruire, par leur visée moraliste, acerbes et piquantes critiques de leur siècle. Parmi elles, « Le Singe et le chat » met en scène un duo comique, Bertrand et Raton, qui va servir à dénoncer les manœuvres manipulatrices qui régissent la société.

            Comment, dans « Le Singe et le chat », La Fontaine se rit-il des masques dont use la société dans la poursuite de ses vains appétits ?

Nous verrons tout d’abord comment La Fontaine utilise les codes traditionnels de la fable pour mettre en place sa satire. Puis nous analyserons le rapport entre les deux personnages pour parvenir à sa visée moraliste.

 

 

 

             La fable est un genre littéraire caractérisé par des codes assez rigides, mais qui servent à mettre en place toute une stratégie argumentative, basée sur cet idéal : instruire tout en divertissant.

              Tout d’abord, « Le singe et le rat » comporte tous les éléments traditionnels d’une fable, qui la rendent à la fois accessible et instructive. Le recours à l’imaginaire, grâce notamment au choix d’animaux stéréotypés (ici, le singe et le chat), personnifiés (ils se parlent, ont des noms, agissent et réagissent comme des humains), est une caractéristique de la fable, qui renvoie ainsi à un univers enfantin ou parodique, selon le lecteur (ou auditeur) auquel elle s’adresse. Le récit est particulièrement dynamique : il est bref, fait alterner dialogue et récit, ce qui le rend plus vivant (vers 14 à 25), et est très structuré. En effet, on remarque que situation initiale, péripétie, morale se distinguent par le schéma des rimes et l’utilisation d’un mètre différent pour mieux marquer chaque étape. Ainsi, le rythme de la fable épouse l’évolution du récit jusqu’à la morale et guide la compréhension du lecteur (ou auditeur). Car la fable se caractérise enfin par sa volonté didactique, à travers la présence d’une morale qui synthétise le contenu pédagogique de la fable (« aussi » au vers 27), qui est elle-même une illustration de la morale pour la rendre compréhensible et accessible à tous plus facilement. Cet ensemble de codes est fait pour à la fois solliciter et faciliter l’intérêt et la réflexion du lecteur.

               La Fontaine a su enrichir de manière toute personnelle cet archétype de la fable, en y distillant énormément d’humour : le recours presque systématique au registre comique est sa « marque de fabrique ». Le comique est d’abord favorisé par la vivacité d’un récit qui ne perd pas de temps et impose un tempo qui ne permet pas de s’ennuyer. Les vers 25 ou 19 en sont des exemples flagrants. Il y incorpore des éléments plaisants, notamment grâce au coté burlesque de la situation puisqu’il s’agit d’un singe et un chat, tous deux dénaturés par la personnification, et surtout, dénaturant tous deux l’homme, assimilé ainsi à des animaux. Le choix des noms contribue à ce fort décalage humoristique : le singe possède un prénom humain, ce qui contribue à ridiculiser les travers de l’homme, et le chat a pour nom « raton », diminutif de « rat », ce qui est doublement humiliant pour lui. Enfin, le début de la fable est particulièrement plaisant par l’évocation sympathique des quatre cents coups menés par nos deux larrons, fondée sur un comique d’accumulation et sur la complicité instaurée avec le lecteur, par l’emploi du possessif « nos » notamment et une certaine présence du narrateur, qui sait tout sur ses deux personnages. Ainsi, le comique sert à impliquer doublement le lecteur, en en faisant le spectateur ravi, mais aussi en l’engageant dans la fable.

              Cette volonté de plaire, par un récit à la fois enjoué et amusé, est inhérente à la philosophie de La Fontaine, qui, loin de vouloir se faire moralisateur, aime à noter les défauts humains avec un regard amusé, dans une sorte de « sympathie » au sens grec, c’est-à-dire de communion avec ses semblables.

 

             Au centre de la fable, se trouvent deux personnages principaux, Bertrand le singe et Raton le chat, qui vont se faire l’écho en miniature des rapports humains.

Dans un premier temps, plusieurs indices laissent croire que Bertrand et Raton forment un duo solidaire. En effet, ils sont toujours ensemble et sont associés, comme le montrent des expressions comme « avaient un commun maître », « commensaux », marquées l’une et l’autre dans leur lexique par le préfixe « com- », du latin cum qui signifie « avec », marquant l’accointance ; ajoutée à celles-ci, « maîtres fripons » semblent insister sur leur proximité sociale : ils appartiennent au même logis et y occupent la même place sociale, et s’en inventent aussi une commune en matière de friponnerie. Ils sont liés dans leurs actions par l’emploi des pluriels (vers 2, 3, 4, 10, 12), et l’imparfait montre bien que cette association dure depuis

...

Télécharger au format  txt (11.3 Kb)   pdf (117.8 Kb)   docx (12.4 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com