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Le Romantisme

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Par   •  13 Mars 2012  •  1 275 Mots (6 Pages)  •  1 500 Vues

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LE ROMANTISME

Il faudrait avoir perdu tout esprit de rigueur pour définir le Romantisme.

Paul Valéry

L 'adjectif « romantique » était au dix-septième siècle synonyme de « romanesque ». Rousseau l'employa plus tard dans Les Rêveries du promeneur solitaire (1782) pour caractériser la sauvagerie pittoresque des rives du lac de Bienne. Mais c'est en Allemagne avec les écrivains du Sturm und Drang (Orage et Passion) qu'il prit son sens moderne pour désigner la poésie médiévale et chevaleresque. C'est tardivement (Stendhal parle de "romanticisme" en 1823) que le substantif « romantisme » fut utilisé, par opposition au classicisme, pour englober les aspirations convergentes de toute une génération. Le mouvement est en effet d'ampleur européenne et il n'est pas sûr que ce soit en France qu'il ait pris ses formes les plus profondes. On a pris coutume ici de l'identifier au mal du siècle, ce trouble existentiel qui ravagea toute une jeunesse désœuvrée, avide d'exprimer l'énergie de ses passions et de ses rêves, et consternée de ne trouver dans la société de la Restauration que de maigres canaux. Par là s'explique l'imagerie vite convenue du poète solitaire, déversant ses épanchements dans une Nature complice et cultivant l'extravagance de son imaginaire exalté. D'Allemagne vinrent pourtant des sources d'inspiration plus fécondes qui résonnent particulièrement dans le panthéisme de Nerval et Hugo : le Romantisme procède à une contestation de la Raison dont il aperçoit l'infériorité sur le cœur et l'imagination dans la connaissance de l'Univers. Il exprime aussi une aspiration à la Liberté politique, que manifestent alors la plupart des peuples européens.

1. Une littérature populaire et nationale.

L'esprit romantique est inséparable de la contestation des valeurs de l'Ancien Régime. En ce sens, il anticipe sur les révolutions sociales et nationales de l'Europe et contribue à les faire éclore. Cet aspect du mouvement ne deviendra politique qu'un peu plus tard, mais les définitions que l'on trouve de l'adjectif dès la fin du XVIIIème siècle s'accordent à repérer dans l'esprit nouveau une recherche de l'identité nationale et un souci de donner aux peuples un art qui reflète leur âme et leurs traditions. Stendhal écrit ainsi : «Le romanticisme est l'art de présenter aux peuples les œuvres littéraires qui, dans l'état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible. Le classicisme, au contraire, leur présente la littérature qui donnait le plus grand plaisir à leurs arrière-grands-pères.» (Racine et Shakespeare, 1823). Par là s'explique aussi le goût des Romantiques pour le folklore et la couleur locale.

2. « Le mal du siècle ».

« Le classicisme, c'est la santé; le romantisme, c'est la maladie », dit Goethe. Des pâles figures alanguies de poètes lunatiques et de jeunes filles guettées par la phtisie hantent en effet les pages de la littérature romantique. Chateaubriand aperçoit dans ce "vague des passions" un symptôme essentiel du désenchantement propre à une génération dont les «facultés, jeunes actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet.» (Le Génie du Christianisme). Le mal sera ravageur, inspirant plus tard le spleen baudelairien comme l'ironie flaubertienne.

3. « De vastes asiles ».

Pas de grand thème lyrique plus inépuisable que le sentiment de la Nature chez les Romantiques : elle est leur confidente et leur refuge, le livre ouvert aussi sur l'âme du Monde, une cathédrale cosmique d'où s'élèvent leurs plus ferventes prières. De nouveaux lieux guident ainsi leurs pas, solitaires ou grandioses, humbles ou exotiques : forêts, montagnes, rivages secrets des lacs ou tumultueux de l'océan. A cet hymne incessamment renouvelé s'allie une conception de l'Amour et de la Femme qui, d'Atala à Aurélia, donne au Romantisme sa morale : si la Nature est inséparable de la passion amoureuse, c'est que l'une et l'autre incarnent la chance d'une véritable rédemption.

Alfred de Vigny (1797-1863) La Maison du Berger (1844), extrait.

[Dédié "à Eva", ce long poème fait figure de manifeste dans l'œuvre de Vigny. D'inspiration volontiers métaphysique, celle-ci compte parmi les plus importantes du patrimoine romantique. La Maison du Berger, dont la rédaction demanda quatre ans au poète, rassemble l'essentiel de ses motifs familiers et fonde plus particulièrement l'espoir mis en la Femme, dès lors que la Nature n'est plus qu'un "impassible théâtre".]

Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie,

Se traîne et se débat comme un aigle blessé,

Portant comme le mien, sur son aile asservie,

Tout un monde fatal, écrasant et glacé;

S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,

S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,

Eclairer pour lui seul l'horizon effacé;

Si

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