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Le Musée Grévin, Aragon, Je vous salue ma France

Commentaire de texte : Le Musée Grévin, Aragon, Je vous salue ma France. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  21 Octobre 2012  •  Commentaire de texte  •  2 880 Mots (12 Pages)  •  2 790 Vues

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Commentaire de : Le Musée Grévin (1943), Aragon, in Je vous salue ma France

Je vous salue ma France aux yeux de tourterelle

Jamais trop mon tourment mon amour jamais trop

Ma France mon ancienne et nouvelle querelle

Sol semé de héros ciel plein de passereaux

Je vous salue ma France où les vents se calmèrent

Ma France de toujours que la géographie

Ouvre comme une paume aux souffles de la mer

Pour que l'oiseau du large y vienne et se confie

Je vous salue ma France où l'oiseau de passage

De Lille à Roncevaux de Brest au Mont-Cenis

Pour la première fois, a fait l'apprentissage

De ce qu'il peut coûter d'abandonner un nid

Patrie également à la colombe ou l'aigle

De l'audace et du chant doublement habitée

Je vous salue ma France où les blés et les seigles

Mûrissent au soleil de la diversité

Je vous salue ma France où le peuple est habile

A ces travaux qui font les jours émerveillés

Et que l'on vient de loin saluer dans sa ville

Paris mon cœur trois ans vainement fusillé

Heureuse et forte enfin qui portez pour écharpe

Cet arc-en-ciel témoin qu'il ne tonnera plus

Liberté dont frémit le silence des harpes

Ma France d'au-delà le déluge salut

Aragon, Le Musée Grévin (1943)

Plan

I. LA FRANCE UNIVERSELLE

a) La France, mère des arts...

b) Un pays ouvert au monde

c) Une patrie sans limites

II. LA PATRIE DU CHANT

a) Les références au chant

b) Le thème de la fécondité

c) De l'ode à l'élégie

III. UN LYRISME PERSONNEL

a) L’harmonie des accords.

b) L’art de l’alexandrin.

c) L’agencement du refrain.

Commentaire

Le poème constitue le finale du Musée Grévin, recueil ainsi intitulé parce qu'Aragon y réduit les ennemis et les traîtres à de pauvres figures de cire qu'on pourra remiser, après leur défaite, dans un musée commun. Le poète vient de s'adresser, dans les vers qui précèdent, aux prisonniers déportés et partisans en évoquant leur prochain retour au foyer. L’ensemble des strophes est pénétré du sentiment patriotique de l'auteur et de lyrisme. L'élaboration d'un style personnel passe souvent, de l'aveu même des artistes, par l'imitation des autres qui, à ce titre, a pu même être érigée en doctrine littéraire et esthétique aux XVIe et XVIIe siècles. Elle revêt un tout autre sens dans ces dernières strophes du Musée Grévin d'Aragon. Leur « message » ressort en effet de la conception même de l'imitation et de sa mise en œuvre; si cette imitation relève d'une « innutrition » aussi diffuse que celle des Grecs et des Latins, chez Du Bellay ou Ronsard, les échos ou les allusions qu'elle suscite veulent néanmoins se faire clairement reconnaître, et plus que tel sonnet des poètes mentionnés ci-dessus, ce passage nous laisse entendre un concert de voix dont la seule présence éclaire déjà le sens et la portée du texte. Aragon y exalte en effet les grands chantres de la France, les œuvres qui font la gloire de ce pays, et il aspire à accorder l'hommage de son présent poème aux hommages du passé pour attester ainsi la pérennité de sa patrie. Ces hommages antérieurs qui définissent les caractères traditionnels du génie français n'empêchent point de percevoir une voix claire et originale, une science du vers et un art de, l'image qui distingue l'hommage personnel du poète Aragon à son pays.

Se conformant à sa légende, Aragon loue d'abord en la France la richesse de sa culture et de sa civilisation, mais à la différence de certains autres panégyristes il ne fait aucune allusion à la force de ses armes, fût-elle au service de la libération de l'Europe. Car si l'on trouve une brève et fugitive comparaison avec l'aigle, elle ne semble signifier rien d'autre que l'audace des esprits et des bâtisseurs.

Cette vocation pacifique et artistique distingue d'autant mieux la France qu'elle s'oppose à l'entreprise de destruction et de mort qui appartient à ses ennemis : la terre de France assagit les tempêtes venues de l'étranger, elle ne s'offre qu'à la douceur des brises marines, la beauté de Paris survit aux fusillades, elle leur est un défi, et au lieu de détruire le peuple français érige des « travaux qui font les jours émerveillés » pour les hommes venus s'en inspirer de tous les coins du monde. L'on dirait même quo Paris jette son éclat sur toute la surface de la terre, qu'en lui naît la vraie lumière d'ici-bas. Remarquons aussi qu'en exaltant ce « peuple habile » Aragon semble faire des créations des artistes et des simples ouvriers ou artisans l'expression commune d'un même génie industrieux. Le mot « travaux » rend solidaires les premiers des seconds, il fait doublement allusion aux chefs-d’œuvre de l'art et à la noblesse des métiers.

Cette mission civilisatrice n'inspire aucun chauvinisme. La France qui donne sait ce qu'elle reçoit et en cela elle est une patrie humaniste. Elle honore d'abord son propre héritage auquel le poète fait symboliquement référence en évoquant les trésors accumulés dans Paris

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