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Le Musee De L'innocence ( critique De La Reception )

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Par   •  4 Mai 2015  •  4 615 Mots (19 Pages)  •  843 Vues

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TPC :

Esthétique de la réception.

Présenté par :

Michel Sarkis.

« Le lecteur, qui cherche uniquement dans un livre à satisfaire la tendance naturelle de son esprit, demande à l’écrivain de répondre à son goût prédominant, et il qualifie invariablement de remarquable ou de bien écrit l’ouvrage ou le passage qui plaît à son imagination idéaliste, gaie, grivoise, triste, rêveuse ou positive […] Seuls quelques esprits d’élites demandent à l’artiste : Faites-moi quelque chose de beau, dans la forme qui vous conviendra le mieux, suivant votre tempérament. » Ainsi écrit Maupassant dans la préface de son roman Pierre et Jean où il distingue deux figures de lecteurs. Dans l’étude qui suit, nous allons tenter d’analyser le roman d’Orhan Pamuk, Le Musée de l’Innocence selon les critères de l’Esthétique de la réception. Cette approche nécessite un lecteur plus ou moins actif qui sait former une opinion après la lecture d’une œuvre romanesque. Notre travail développera l’argumentation autour de l’œuvre en deux volets : les modalités de la réception de l’œuvre et ses qualités esthétiques qui font appel au deuxième lecteur chez Maupassant et qu’il qualifie d’esprit élites. Nous donnerons dans un troisième temps, notre expérience singulière de lecteur face à l’œuvre. Cette expérience fait appel au premier cas de figure chez Maupassant qui nécessite un lecteur plus subjectif cherchant à satisfaire les tendances naturelles de son esprit.

Le Musée de l'innocence, publié en 2008 retrace pas à pas l'amour impossible de Kemal, Stambouliote de bonne famille sur le point de se fiancer avec une femme de son rang, et de Füsun, une lointaine cousine désargentée, dans l'Istanbul des années 1970. Amour qui se mue au fil du livre chez Kemal en adoration fétichiste des objets entourant sa bien-aimée, et qu'on retrouve exposés dans un musée inauguré par l’écrivain lui-même le 27 avril 2012. Ce musée devient l’extension du roman à travers les objets exposés : de la boucle d'oreille de Füsun égarée au premier chapitre à la robe printanière de la belle, pour finir dans la chambre à coucher où le héros transmet son histoire au romancier.

Dans la première partie de notre travail, nous allons analyser l’œuvre selon trois théories de la réception : La conscience du lecteur de Wolfgang Iser, le lecteur modèle d’Umberto Eco et le régime de lecture de Roland Barthes.

Le premier concept qui est celui d’Iser nous vient de l’école de constance qui s’est intéressée à la critique de la réception (1970-1980). Wolfgang Iser démontre toute sa théorie dans son ouvrage intitulé L’Acte de lecture. Au début de son ouvrage il pose la question suivante : Comment les livres sont-ils accueillies ? Pour pouvoir répondre à cette problématique Iser va distinguer deux pôles : le pôle artistique celui de l’écrivain et le pôle esthétique celui du lecteur impliqué/actualisateur et enfin il parle de l’esthétique de l’effet qui correspond chez Jacobson à la fonction impressive, conative c’est-à-dire qu’il y a un impact créé chez le lecteur. Cet impact se développe pour devenir un paramètre de l’esthétique.

Nous avons repérer cette théorie dans le 83ème chapitre du roman intitulé Bonheur où l’histoire nous présente à un premier niveau une réflexion sur le pôle artistique à travers la genèse du roman de Pamuk. Ceci peut être repérer et analyser à travers les phrases suivantes : « La collection que j’avais constituée pendant trente ans demeurait globalement dans l’ombre » (P.784) Les objets représentent d’une certaine manière les idées ou les brouillons de l’écrivain qui n’ont pas encore vus le jour. « Les meubles et les objets que Füsun et la famille Keskin avaient utilisés dans cette maison, la carcasse de la Chevrolet rouillée… du poêle au réfrigérateur, de la table autour de laquelle nous avions dîné ensemble pendant huit ans à la télévision, je pouvais apercevoir chaque pièce et, tel un maître chaman sachant capter l’âme des choses, je sentais en moi frémir leurs histoires. » Dans cette phrase les objets représentent les idées du roman et ses évènements d’une manière à ce que chaque objet renferme en lui-même sa propre histoire. Si Todorov dit dans son ouvrage Poétique de la prose : « Chaque personnage devient ainsi la promesse d’un nouveau récit dans le récit », dans Le Musée de l’innocence nous pouvons dire : « Chaque objet devient ainsi la promesse d’un nouveau récit dans le récit. » C’est à travers les objets que se constitue l’histoire.

A un deuxième niveau, le passage du chapitre intitulé Bonheur propose une réflexion sur le travail de l’écrivain que l’on peut de même caser sous le pôle artistique. « Cette nuit- là, je compris qu’il faudrait établir un catalogue relatant en détail l’histoire de chacun des objets de mon musée. » (P.784) Cette phrase peut symboliser l’inspiration de l’écrivain au moment où il décide d’écrire un roman. D’autres phrases montrent de même l’inspiration de l’écrivain : « Eveillé par un rayon de lune, je me levai et jetai un œil en bas, par la grande ouverture créée au centre du musée. » (P.784), « Le rai de lumière argentée qui s’infiltrait par les fenêtres de mon petit musée […] donnait une dimension effrayante à cet espace vide et à l’ensemble de la bâtisse, qui semblait se perdre dans l’infini. » (P.784) « Dans l’ombre que modelait le claire de lune, tous ces objets semblaient suspendus dans le vide. » (P.785) La redondance de l’astre lunaire peut symboliser cette inspiration qui vient d’ailleurs chez l’écrivain puisqu’il est possible de lier la lune à l’histoire et au drame de Füsun et Kemal ainsi qu’à la mort de Füsun. Selon Gilbert Durand dans son ouvrage Les Structures Anthropologiques de l’imaginaire : « La lune est indissolublement conjointe à la mort et à la féminité […] La lune apparait comme la grande épiphanie dramatique du temps. » Nous pouvons ainsi dire, que tout concourt dans ce passage à la création du roman d’Orhan Pamuk.

Dans un deuxième temps, nous allons nous intéresser au pôle esthétique en posant la question suivante : À quelle distance doit-on se mettre, nous lecteurs, pour qu’on ait une place active dans le roman ? Nous pouvons répondre à cette question par la phrase suivante : « Ce serait bien à présent que vous terminiez ce roman et que les curieux puissent venir

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