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Le Mariage De Figaro - Monologue De Figaro

Dissertation : Le Mariage De Figaro - Monologue De Figaro. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2014  •  1 920 Mots (8 Pages)  •  1 744 Vues

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(effet de réel amplifié par l’expression du détail vestimentaire).

De même, la multiplicité des métiers exercés tels que vétérinaire, écrivains (auteur de théâtre puis auteur d’un essai économique), journaliste, barbier montrent la difficulté qu’il y a à se sortir de ce néant économique et sociale, et met en valeur l’énergie avec laquelle Figaro a dû lutter. Cette inexistence sociale est à nouveau soulignée par le « on me supprime » qui au premier degré évoque le Journal mais qui peut symboliquement s’appliquer à son rédacteur.

Pour marquer l’opposition entre la richesse qui entoure l’homme du peuple et son dénuement et amplifier par là même cette impression d’injustice et de disproportion, il utilise le lexique de la richesse qui envahit littéralement le texte, comme pour marquer en creux son absence : « fortune », « bien », « richesses », « sol », « argent », « produit net », « profit », « gagner du bien ».

Enfin, cette réelle souffrance peut mener jusqu’au suicide, expression paroxystique de ce malaise social, n’est évoqué qu’à travers un euphémisme et le choix d’un registre plutôt comique et ironique : « je quittais le monde, et vingt brasses d’eau m’en allaient séparer », qui permet de dire avec plus de force ce qu’il ne fait que suggérer.

C. Une société aux valeurs inversées

Le monologue de Figaro ne se contente pas de peindre les souffrances du peuple, il cherche également à mettre en cause une société qui non seulement n’aide pas le peuple mais va même jusqu’à le pousser à la malhonnêteté. La misère par une sorte de fatalité forcerait à la malhonnêteté, c’est du moins ce que nous suggère le fait que le parcours du personnage semble former une boucle, s’il est « volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs » après avoir tout tenté pour exercer un métier honnête, « il ne [lui] rest[e] plus qu’à voler » et c’est en exerçant un activité illégale qu’il obtient de la reconnaissance (« je me fais banquier de pharaon : alors bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites « comme il faut » m’ouvrent poliment leur maison »).

Cette idée est également mise en valeur par une sentence qui donne à voir les secrets rouages de la société : « pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir », qui dit de façon euphémistique qu’il vaut mieux savoir manipuler et voler que d’être instruit pour s’en sortir.

A nouveau comme lorsque Beaumarchais soulignait la richesse pour mieux mettre en relief son absence, il choisit de montrer l’opposition existant entre noblesse et peuple. Cette opposition est mise en exergue dans une question rhétorique à laquelle il prend néanmoins soin de répondre pour insister encore davantage sur l’injustice et l’absence d’efforts fournis par les privilégiés : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ». Les deux adverbes « tant » et « rien » se répondent pour mieux valoriser l’idée qui sous-tend ensuite tout le reste du monologue qui décrit tout le mal que s’est donné Figaro pour « subsister », qui est que son maître s’est contenté de s’être « donné la peine de naître, et rien de plus » alors que lui a dû se battre sans relâche. Le fait qu’il faille se battre est d’ailleurs illustré par l’extrême longueur des passages évoquant les efforts faits par Figaro pour s’en sortir et la rapidité avec laquelle son rêve et ses activités sont balayées : « à l’instant », « sitôt », « on me supprime », « derechef ».

Pour terminer, Beaumarchais nous dresse le portrait d’une société où l’absurdité règne en maître comme le souligne cette phrase qui montre l’absence de logique qui règle l’attribution des places, ce que renforce l’absence de connecteur : « on pense à moi pour une place, par malheur, j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint ».

II. LA REVENDICATION DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Le plaidoyer que fait Figaro en faveur des pauvres n’est qu’un des aspects du texte qui met en scène une question qui touche intimement l’auteur : celle du droit à la liberté d’expression. La censure ne s’y trompera pas puisqu’elle fera interdire la pièce. Pour ce faire, Beaumarchais décrira les conditions de vie de l’écrivain de son siècle et attaquera férocement l’absence de liberté par le choix de l’ironie.

A. Le fragile statut d’écrivain

En premier lieu, Figaro critique une société qui ne reconnaît pas l’importance du savoir : c’est ce qu’il souligne quand il oppose « J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie » à « tout le crédit d’un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette de vétérinaire ! ». La compétence professionnelle est complètement inutile, ce sont les relations sociales qui font le mérite d’un homme, son savoir réel n’est aucunement pris en compte.

Cette première critique amorce celle qui vise plus particulièrement la condition de l’écrivain. Dès la première lecture, nous remarquons l’importance donnée à la condition de l’homme de lettres avec l’envahissement du texte par le lexique spécialisé de la littérature : « broche », « comédie », « théâtre », « auteur », « j’écris », « imprimés », « petits écrits », « taille ma plume », « imprimer », « écrit périodique », « journal », « feuille ». Cette omniprésence du lexique souligne le fait qu’il s’agit pour l’auteur de brosser dans ce monologue un portait de la condition d’auteur et de ses difficultés.

Si ce statut est au centre des préoccupations de Beaumarchais, il en indique néanmoins toute sa précarité puisqu’il nous le présente comme un statut social toujours sur le point de disparaître comme l’indique la multiplicité des métiers exercés par

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