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Le Mal Rimbaud

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Par   •  18 Février 2014  •  2 661 Mots (11 Pages)  •  1 342 Vues

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De combien de phrases ce poème est-il constitué ? Relevez le ou les verbes principaux. Quelle correspondance peut-on établir entre l'organisation grammaticale du texte et la forme poétique utilisée ?

Le sonnet est composé, comme souvent, d'une seule et unique phrase (trois subordonnées temporelles (simultanéité) dans les quatrains (évocation de la guerre); principale, dans les tercets, suivie de relatives et d'une subordonnée temporelle) : la volonté d'unir les deux parties du poème est très nette. Le verbe principal se trouve au début du vers 9 ("Il est un Dieu"). La structure grammaticale épouse exactement la forme même du sonnet et illustre (et renforce) le propos : l'indifférence de Dieu et de l’Eglise devant les misères humaines (ici la guerre). Il y a d'un côté (les quatrains) la guerre ; de l'autre, l'Église, et dans le silence de Dieu, son sommeil paisible, son rire, une complicité très marquée.

2) Quelles particularités formelles, par rapport au reste du poème, observez-vous dans les vers 7 et 8 ?

On note à la fin du second quatrain (vers 7 et 8) une sorte de parenthèse (mise en apposition) consacrée aux victimes (les hommes) et à une invocation à la nature, et qui fait le lien entre les deux parties du sonnet.

On remarquera aussi l'utilisation de la deuxième personne du singulier : "ô toi", le poète s'adressant directement à la nature, sur le ton de la prière. Le temps utilisé, le passé simple ("fis") renvoie à la création et aux origines du monde. Le présent utilisé partout ailleurs montre ce que les hommes (une certaine classe sociale) ont fait de cette création... nature souillée et trahie par la guerre (lien avec les quatrains) ; nature véritable créatrice des hommes (lien avec la seconde partie).

Le poème est un sonnet classique, composé de deux parties,

l'une (les quatrains) consacrée à la guerre,

l'autre (les tercets) à "Dieu",

avec une sorte de parenthèse centrale (vers 7 et 8) : l'invocation à la nature.

LES SENSATIONS : la poésie est souvent affaire de sensations.

Dans le poème de Rimbaud, c'est à travers celles-ci que la guerre se trouve d'abord condamnée, puis l'indifférence de Dieu (ou de l'institution cléricale).

VISUELLES = Les couleurs jouent un rôle primordial :

le rouge est la couleur du feu, de la guerre, de la violence ("crachats rouges") ;

c'est aussi la couleur ("écarlate") des soldats français :

de même les Prussiens sont réduits à leurs uniformes "verts".

Les hommes, vus de haut, ne sont plus que des pions, ils perdent toute individualité.

Plus loin, dans les tercets, dominent l'or des calices et le noir des bonnets des femmes en deuil

(l'or des calices contrastant lui-même avec le noir du bonnet, connotant la pauvreté et le malheur)...

La couleur rouge s'oppose avec d'autres couleurs, plus loin dans le texte : "le ciel bleu" par exemple, comme la violence humaine contrastant avec la sainteté de la Nature, et sa douceur. "Crachat" ici évoque à la fois un bruit et un sentiment : le mépris.

À cette violence, à cette déshumanisation, à cet éclat, à cet univers de deuil et de souffrance s'oppose "l'infini du ciel bleu".

L'opposition essentielle concerne les couleurs : le rouge de la guerre, le noir et l'or de l'église opposés au bleu du ciel infini. les images de mort et de violence (crachats, croule, feu, tas fumant) contrastent avec l'atmosphère paisible de la nature (été, herbe, joie) : le sens profond du poème se trouve dans ces antithèses très calculées.

AUDITIVES = Les autres sensations évoquées sont essentiellement auditives :

c'est le sifflement de la mitraille (images visuelles et sonores mêlées dans "les crachats rouges") ;

le rire sarcastique du "Roi" qui "raille" auquel fait écho le rire de Dieu

en contraste avec le bruit du "gros sou" que donne en son honneur une mère de soldat en "vieux bonnet noir" et qui, seul, semble pouvoir faire sortir la divinité de sa douce torpeur d'après manger et boire ("nappes", "calices")...

Cette insistance des verbes de sensation permet au poète de toucher le lecteur, de l'émouvoir plus intensément ; nulle argumentation ici d'ordre logique ou intellectuel : de simples rapprochements, des oppositions brutales permettent de nous faire saisir immédiatement les intentions de Rimbaud : la peinture du Mal sous toutes ses formes.

TITRE

Le titre que Rimbaud a donné à son poème peut sembler a priori énigmatique.

les deux premiers quatrains évoquent la guerre, les deux tercets une vision de Dieu dans une église

Mais il s'agit en fait d'une fausse opposition : il y a plutôt entre les deux visages du mal ainsi présentés une relation de cause à effet.

Le lien entre le monde temporel (le Roi) et spirituel (un Dieu) est mis en valeur par l'emploi commun de la majuscule et surtout par la proximité de sens qui s'établit entre les deux relatives qui suivent : "qui raille", "qui rit" : c'est le même mépris ici et là pour les hommes qui meurent ou la misère des mères en deuil.

Il s'agit bien de montrer les deux visages du Mal :

- le pouvoir temporel : c'est le domaine du roi, le pouvoir politique, son inhumanité, son mépris des peuples qu'il transforme en objet, en "tas fumant". Il "broie" ;

- le pouvoir spirituel, indifférent au monde extérieur, replié sur lui-même : c'est "un Dieu" qui, tel un "brave" bourgeois, s'endort après un festin, intéressé seulement par les chants de louange et le petit bruit d'un gros sou.

Dieu

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