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Le Jansénisme Dans La Princesse De Clèves

Note de Recherches : Le Jansénisme Dans La Princesse De Clèves. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Octobre 2013  •  1 427 Mots (6 Pages)  •  18 346 Vues

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Depuis trois siècles, le célèbre roman de Madame de Lafayette n'a cessé de jouir du plus grand succès de même qu'il n'a cessé d’ intriguer ses lecteurs. De par son ambiguïté, l'œuvre s'offre à de multiples interprétations et c'est là, en fin de compte, la marque d'un chef d'œuvre. Le sujet de la religion dans La Princesse de Clèves se prête d'autant plus à la controverse que, pour certains, il y serait absent.

Il convient de faire ici une distinction fondamentale entre la religion à l'extérieur, d'un côté, et à l'intérieur, de l'autre; si l'on considère l'aspect visible de la religion, il faut admettre qu'elle y est absente: nulle mention de sacrement, ni de prêtre ni même de directeur de conscience n'y est faite. Cette absence de religion formelle, rituelle et sacramentelle nous paraît voulue de la part de l'auteur pour souligner son peu d'importance; par contre, l'intériorité d'une religion très personnelle n'en ressort que davantage. Relisons, à l'appui de cela, le passage sur la mort de Mme de Chartres :

« Lorsqu'on commença à désespérer de sa vie, Mme de Chartres reçut ce que les médecins lui dirent du péril où elle était avec un courage digne de sa vertu et de sa piété ».

Le mot "piété" aurait peu de sens en dehors d'un contexte religieux, sa définition étant dans le dictionnaire "dévotion, affection et respect pour les choses de la religion." Puis, dans son dernier entretien avec sa fille, deux jours avant sa mort, Mme de Chartres lui parle de ce "bonheur qu'[elle] espère en sortant de ce monde." Après quoi elle "ne songea plus qu'à se préparer à la mort." Notons que, si Mme de La Fayette n'étale point l'appareil religieux (ni confesseur ni extrême-onction) elle ne laisse cependant aucun doute sur l'existence de l'âme et la croyance en la vie éternelle chez Mme de Chartres .Ecoutons les dernières paroles, bien terribles en vérité, que prononce la mère :.

« Si d'autres raisons que celles de la vertu et de votre devoir vous pouvaient obliger à ce que je souhaite, je vous dirais que, si quelque chose était capable de troubler le bonheur que j'espère en sortant de ce monde, ce serait de vous voir tomber comme les autres femmes; mais, si ce malheur vous doit arriver je reçois la mort avec joie, pour n'en être pas le témoin. »

Le dernier souhait de la mère à sa fille est donc de mener une vie vertueuse, de se consacrer entièrement à son mari pour ne point troubler le bonheur de sa mère en l'autre monde!

Relisons l'ultime message de la Princesse qu'elle fait parvenir à Nemours par l’intermédiaire d’une personne de mérite :

« (…)ayant trouvé que son devoir et son repos s'opposaient au penchant qu'elle avait d'être à lui, les autres choses du monde lui avaient paru si indifférentes qu'elle y avait renoncé pour jamais; qu'elle ne pensait plus qu'à celles de l'autre vie et qu'il ne lui restait aucun sentiment que le désir de le voir dans les mêmes dispositions où elle était ».

La Princesse y manifeste son détachement total des choses terrestres en affirmant "qu'elle ne pensait plus qu'à celles de l'autre vie"; en d'autres mots, cela signifie que son esprit ne s'occupe plus que des choses spirituelles et qu'elle se prépare à la vie après la mort.

L'intériorité et l'austérité de cette religion que nous présente Mme de La Fayette nous font penser au jansénisme. Il est indubitable que cette maison de retraite où se retire la Princesse pour se consacrer à "des occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères" suggère à notre esprit l'image de Port-Royal où se retira Pascal lui aussi après une vie mondaine, pour y pratiquer un ascétisme rigoureux et réfléchir sur l'importance de l'immortalité de l'âme et de la vie après la mort.

Il y a de nombreux rapports entre Mme de La Fayette et le jansénisme, de même que pour ses amis les plus intimes, La Rochefoucauld et Mme de Sévigné.

Nous savons qu’elle fréquente assidûment l'hôtel de Nevers où on enseigne l'évangile janséniste et où la pensée janséniste était promue. Lors de la publication des Provinciales, elle a défendu Pascal contre les Jésuites et les Arnauld comptent parmi ses intimes. Mme de La Fayette reçoit régulièrement

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