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Le Divertissement - Pensées - Pascal - Commentaire

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Par   •  15 Avril 2015  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  5 310 Vues

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Texte 14

Pascal Pensées (1669), 139

Situation :

L’âge proprement classique de la littérature française s’étend sur une vingtaine d’années. Les Tendances de l’âge précédent demeurent, mais elles sont disciplinées ou endiguées. Dans tous les domaines triomphent l’ordre et le gout. Le classicisme a pour maitre mot la raison qui inspire Pascal, théoricien du bon gout et ennemi juré du pédantisme, a faire l’équilibre entre la qualité de l’inspiration et la perfection de la forme.

Pascal né en 1623 a Clermont Ferrand, exerça d’abord son génie, extraordinairement précoce à d’importantes recherches scientifiques, puis de 1651 a 1654 il fréquenta les salons mondains et approfondit sa connaissance des hommes. A la suite d’une crise mystique, il décida de se consacrer toutes les forces de son esprit et de son cœur a une ouvre essentielle. Il entreprit une lutte contre les jésuites, et amena à la religion les indifférents et les incrédules. Il mourut prématurément en laissant seulement des notes qui furent rassemblées sous le nom de Pensées.

La plupart de ses réflexions concourent directement à son objet principal, qui est de prouver la vérité et l’excellence de la religion chrétienne. Mais dans son désir de gagner des âmes, il réfléchit en outre sur l’art de persuader ; et il reformula des principes littéraires ou l’on peut voir une préfiguration de la doctrine classique.

Dans cet extrait du 139e fragment, appartenant à la section "Divertissement" des Pensées, et à la liasse « Misère de l’Homme sans Dieu », Pascal analyse le divertissement dont les hommes ont besoin pour oublier la misère de leur condition.

Lecture :

Introduction :

Pascal propose: au lieu de comprendre que notre misère vient du péché originel, et de nous consacrer à notre salut religieux, nous fuyons la triste vérité de notre condition dans les occupations les plus diverses. Il cherche ainsi à nous montrer, à travers ces plaisirs illusoires qui nous détournent de notre nature misérable, que l'Homme ne peut accéder au bonheur.

Ainsi, comment Pascal parvient-il à nous convaincre que l'Homme ne peut être heureux, même en se divertissant ?

Nous étudierons dans un premier temps la manière dont le philosophe construit une argumentation rigoureuse visant à dénoncer les divertissements, avant de montrer que, Pour Pascal, l’homme ne peut accéder au bonheur, en raison de sa condition misérable.

Analyse :

I. Une argumentation rigoureuse dénonçant les divertissements humains

a. La rigueur du mathématicien

Le texte est construit selon une double logique, déductive (généralité sur les hommes dans les deux premiers paragraphes), puis inductive (l’exemple du roi), puis de nouveau déductive (on repart vers les hommes dans les deux derniers paragraphes) pour terminer sur une logique inductive

Ce fragment se présente comme le compte rendu d’un cheminement intellectuel personnel (« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer » (1), « Mais quand j’ai pensé de plus près » (9)), que le lecteur peut suivre grâce aux CC de temps qui indiquent la progression du raisonnement : « Quand je m’y suis mis (1)… J’ai découvert (3)… Mais quand j’ai pensé de plus près…(9) »

Pascal se pose en observateur des conduites humaines. L’observation et la description de ces activités humaines débouchent sur la mise au jour de la thèse de l’auteur, exprimée au présent de vérité générale : « j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre (3-4)». Il justifie ainsi de la cause du malheur des hommes, avant d’en expliquer la raison : « qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle» (11).

b. L’exemple du roi

Pour illustrer son argumentation, Pascal utilise l’exemple du roi, d’abord présenté de manière très méliorative, par l’emploi du superlatif, comme «le plus beau poste du monde (14)». Mais il s’agit bien sûr d’un point de vue ironique, Pascal faisant semblant de rattacher cette condition à la possession des biens. Il formule ainsi rapidement l’hypothèse que même un roi, s’il demeure sans divertissement, sera malheureux : «s’il est sans divertissement (…) il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent» (15-17). Le futur, verbe assurant la certitude, accompagné du CC de manière « par nécessité »(17), marquent bien la rigueur déductive du propos. On relève ici un registre tragique, lié à la mort et à l’inéluctabilité des choses : « nécessité… menacent… révoltes… la mort… des maladies… inévitables. »

Ainsi, ce paragraphe nous présente d’abord le roi comme le plus heureux des hommes, avant d’inverser radicalement le propos : « s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et le plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit. »(18-20) : le chiasme entre malheur et divertissement montre bien que ce dernier est la seule issue au malheur commun.

c. Les effets de cette vérité sur les hommes

L’exemple du roi permet à l’auteur d’élargir sa réflexion sur l’Homme en général. L’anaphore « De là vient que »(21, 27, 28), répété 4 fois dans la fin du texte, permet alors de passer en revue les exemples les plus variés pour montrer qu’une même raison est à l’origine de toutes les activités humaines, ludiques ou plus sérieuses ; ces activités sont énumérées et toutes mises sur le même plan : « le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois » ou encore « le lièvre qu’on court » (la chasse). Elles visent toutes à nous détourner de la pensée de notre condition.

[Transition] En effet, toutes ces activités, qui devraient faire notre bonheur, ne sont en réalité qu’une façon de nous plonger dans le chaos pour nous détourner de notre condition misérable.

II. La recherche du chaos, ou le bonheur impossible pour l’homme

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