Le Conflit Est-il Essentiel Au Théatre ?

Au XVIIème siècle, le théâtre classique répond à certains principes : Racine a dit "la principale règle est de plaire et de toucher". Ainsi pour attirer le spectateur, les pièces classiques ont recours à des mises en scènes captivantes plus ou moins essentielles. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur la représentation des scènes de conflit. En effet, ces scènes sont-elles primordiales dans les tragédies et comédies classiques ? Après avoir expliqué que le conflit ne semble pas un élément essentiel dans certaines pièces du XVIIe, nous verrons en quoi réellement les comédies et tragédies ne pourraient pas exister sans rivalités. Enfin, nous analyserons les principales causes de ces conflits.

Tout d'abord, il serait intéressant d'étudier les autres thèmes récurrents dans les pièces classiques, qui l'emportent souvent sur le conflit. Nous analysons donc premièrement le thème de l'amour, omniprésent dans les tragédies, comme dans Bérénice. En effet, dans cette pièce de Racine, l'empereur Titus et la reine Bérénice s'aiment d'un amour réciproque mais contrarié. L'amour fait donc l'objet de l'intrigue principale. Aussi dans les comédies, la présence de l'amour se fait remarquer et fait même parfois l'objet d'un conflit amoureux, comme dans Tartuffe entre Valère et Marianne. Dans Dom Juan, on retrouve également l'amour dans la scène où Dom Juan tente de séduire Charlotte : "Je vous aime trop pour cela, et c'est du fond du cœur que je vous parle". La séduction et les sentiments sont ainsi parfois les moteurs de l'action.

En outre, dans le but de divertir, les dramaturges ont également souvent recours au comique qui permet de masquer le conflit et ainsi prime sur celui-ci. Ils jouent donc sur les sentiments du spectateur comme dans Les Fourberies de Scapin où la scène du sac est destinée à faire rire. Ici, le comique de geste avec les coups de bâtons donnés sur le sac et le comique de mots avec les accents exagérés de Scapin domine le conflit lui-même : "Jusqu'au refoir. L'être là un petit leçon pour li apprendre à toi à parlair insolentemente". De même, Molière utilise le comique de situation dans Tartuffe avec l'aveuglement d'Orgon face à la déloyauté du dévot et le comique de caractère dans L'Avare où la radinerie d'Harpagon l'emporte souvent.

Par ailleurs, dans certaines pièces classiques, le théâtre donne souvent à voir des destinées exceptionnelles, parfois tragiques certes, mais dissimulant bien le conflit. Ainsi, dans Andromaque, seuls le personnage éponyme et son fils échappent à la mort, en ayant évité au maximum les rivalités. On peut également noter que dans la fin de Cinna, Auguste choisit la clémence plutôt qu’ affronter le conflit. De la sorte, les dramaturges éludent le thème du désaccord en y préférant un aboutissement plus pacifique.

Enfin, les pièces classiques peuvent mettre en avant les travers de la société en les critiquant ou en se moquant, sans pour autant mettre en scène des conflits. La satire est ainsi utilisée dans Le Malade Imaginaire où les médecins sont particulièrement visés car ils sont jugés trop intéressés, pédants et prétentieux. Dans cette pièce, Molière se moque aussi de la médecine, art de l'incompétence qui se dissimule derrière de grands mots savants d'après la pièce. Dans Tartuffe, c'est l'escroquerie qui est largement critiquée mais traitée de manière plus humoristique et comique que conflictuelle, même si on peut noter que la situation dans la famille est tout de même mis à mal par le faux-dévot et que cela crée des rivalités. Cela nous amène à dire que la peinture des défauts de la société est tout de même souvent indissociable de la peinture du conflit. Par exemple, le pouvoir dans Bérénice amène à une rivalité entre Titus et Bérénice tandis que l'avarice dans L'Avare entraîne des différends au sein de la famille.

Outre certaines pièces, le conflit paraît tout de même le plus souvent comme un ressort de l’action. Dans Tartuffe, la famille est divisée en deux tout au long de l’intrigue à cause du dévot Tartuffe dont l’honnêteté fait douter certains. Ainsi, le désaccord est perpétuel et motive

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