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La princesse de Clèves

Dissertation : La princesse de Clèves. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Janvier 2022  •  Dissertation  •  1 650 Mots (7 Pages)  •  442 Vues

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Explication linéaire N°11

« La scène des palissades “

Introduction :

        Nous sommes au XVIIe Siècle et de nombreux débats concernant la passion amoureuse sont à l’ordre du jour. En effet, les œuvres littéraires surtout, reflètent les modes de vies de l’époque et font l’objet de réflexions intenses. Ainsi, l’œuvre éponyme « La princesse de Clèves », Madame de Lafayette met en scène le combat que se livrent passion amoureuse et vertu, de plus, cet ouvrage est aussi considéré comme étant le 1er roman psychologique. La princesse de Clèves, en proie à son amour pour le Duc de Nemours, décide de s’éloigner de lui et part s’installer quelques temps à Coulommiers. Le duc, épris de la princesse, décide de la suivre jusque dans sa résidence. Nous verrons donc comment cet extrait nous expose l’amour passionnel qu’entreprennent les 2 amants, par leurs attitudes respectives. Le duc de Nemours part ainsi en quête de sa bien-aimée, puis la manière dont madame de Lafayette nous dévoile peu-à-peu, dans l’intimité de la princesse, l’amour que celle-ci porte en elle.

  1. Premier mouvement : Quête amoureuse et chevaleresque du Duc (lignes 1 à 10)

 

  • Dans les premières lignes de notre extrait, l’épreuve qui est celle de rejoindre La princesse de Clèves est présentée comme étant insurmontable, la princesse est en quelque sorte préservée du monde extérieur et protégée grâce aux « palissades » qui entourent sa demeure « les palissades étaient hautes », « Pour empêcher qu’on ne pût entrer » (l.1 et 2). Cette épreuve « difficile » montre l’agilité et la détermination du Duc de Nemours qui parvient « néanmoins » à franchir ces obstacles le séparant de son objectif qui est la princesse.

  • Le Duc de Nemours nous est ici représenté comme un être vaillant, persévérant, battant mais aussi endurant, toutes ces qualités lui valent le mérite de voir la princesse « Le Duc de Nemours en vînt à bout néanmoins » (l .3) malgré le fait que les palissades soient hautes, accentuées par l’adverbe d’intensité « fort » (l.1).     Ces trois lignes nous transportent dans le passé, nous ramenant au moyen-Age plus précisément, car la description du Duc de Nemours avec toutes ses qualités nous rappelle donc l’amour courtois traditionnel mettant en scène le vaillant chevalier ampli de qualités avec très peu de défauts, qui cherche à séduire sa « femme aimée » qui est le but ultime des quêtes chevaleresques.

  • Nous pouvons remarquer, a fortiori, une rupture entre le monde extérieur et l’intérieur de la propriété privée de la princesse, ceci avec le « ; » de la ligne 3.           Cette rupture se fait mieux ressentir, avec l’exaltation du Duc de Nemours, mise en scène avec l’adverbe temporel « sitôt » prouvant l’état d’excitation dans lequel se trouve le duc juste après être parvenu à surmonter l’épreuve des palissades. Le duc, récompensé pour sa bravoure, peut désormais observer la princesse, son Graal, son ange de lumière décrit avec « beaucoup de lumière » (ligne 4). Encore une fois, l’état dans lequel est le Duc est intensifié, avec ses battements de cœur retranscrits dans l’extrait à l’aide de l’allitération en [t] : « Toutes les fenêtres en étaient ouvertes » (lignes 4 et 5).
  • Ces « fenêtres ouvertes » sont pour lui comme une invitation à s’approcher de plus en plus des appartements de la princesse, se faufilant à ses côtés « En glissant le long des palissades » (ligne 5). Le Duc se rapproche peu à peu de son objectif, il y parvient lentement et sûrement pour ne pas se faire repérer dans son entreprise.
  • Les nombreux emplois de tournures impersonnelles soulignent le trouble amoureux que traverse le duc, tout en nouant une complicité avec le lecteur, emprisonné dans le feu de l’action. Le duc épie et dévore la princesse de ses yeux « Pour voir ce que fait Madame de Clèves » (ligne 7).
  • Le lexique du regard avec l’anaphore en « il vit » et la polyptote « vit, vue » souligne le plaisir du duc à voir la Princesse, fasciné par son « admirable beauté ». Ici le duc est passé d’un valeureux chevalier à un spectateur immobile Le plaisir de voir la Princesse est ainsi accentué par le fait que le duc ne soit presque plus « maître du transport », son amour pour la Princesse et la façon dont la passion se manifeste fait perdre au duc le contrôle de soi ainsi est écrit : « […] A peine est-il maître du transport que lui donne cette vue » (ligne 8).
  • Dans cette première partie de l’extrait, le Duc de Nemours est plutôt décrit comme un observateur, cependant, lui aussi, est observé à son insu par l’espion de Monsieur de Clèves. De plus, la ponctuation est plutôt calme renforçant le caractère doux qui nous transporte nous, lecteurs, ainsi que le Duc de Nemours.        Le duc, encore sous l’effet de l’adrénaline dans les dernières lignes de la 1ère partie, se calme doucement et se remet de ses émotions, comme nous pouvons le noter à la suite du blanc typographique, qui crée d’autre part une ellipse, supprimant le moment de récupération du Duc dans le récit. (Entre les lignes 10 et 11).
  1. Deuxième mouvement : Moment intime de la princesse, capturé par les yeux du Duc (l. 11 à 20)
  • Une séparation est faite entre les deux parties de l’extrait à l’aide d’un blanc typographique. Celui-ci marque alors un changement du point de vue narratif, la séquence des épreuves du Duc est terminée, il peut donc maintenant savourer ce pourquoi il s’est donné tant de mal : observer sa bien-aimée autant qu’il le désire.
  • La chaleur du lieu est une hypallage, cela montre que le Soleil est présent mais représente aussi la chaleur brûlant le cœur du duc et l’ambiance présente après qu’il a vu la femme qu’il aime peu vêtue « elle n’avait rien sur sa tête et sur sa gorge » et avec les cheveux « confusément rattachés » (ligne 10). L’érotisme et la sensualité émanant de cette scène est renforcé par l’adverbe « confusément » contraste avec la cour raffiné à laquelle appartient le duc et la Princesse.
  • Le « lit de repos » (ligne 11) de la princesse prouve bel et bien que celle-ci est installée dans se appartements intimes, et qu’elle se comporte comme si elle était seule car rien ne la laisse douter de ce fait, aucun évènement particulier n’a pu alerter la princesse de la présence du Duc.
  • Les rubans sont une preuve d’affection en quelque sorte, car c’est l’un de ceux de la couleur de celui que portait le Duc de Nemours lors du tournoi que la princesse décide de prendre. Encore un indice de l’amour passionnel présent tout le long de cet extrait « […] Remarqua que c’étaient des mêmes couleurs qu’il avait porté lors du tournoi » (ligne 12 et 13).
  •  Ces rubans se transforment en vrais objets affectifs rappelant à la princesse la présence du Duce de Nemours auprès d’elle lorsque la « canne des Indes » (ligne 14), que la princesse est parvenue à dérober en faisant l’ignorante, devient ainsi un moyen que trouve la princesse pour se rapprocher spirituellement de son amant.
  • L’« ouvrage » auquel s’adonne la princesse de Clèves conforte le Duc à l’idée que son amour est réciproque « […] répandaient sur son visage les sentiments qu’elle avait dans le cœur » (ligne 17). En plus de cela, le « flambeau » qu’elle prend est un parallélisme avec le flambeau des l’amour, les feux de l’amour, qu’ils possèdent, elle et le Duc de Nemours (lignes 16 et 17).
  • Cette scène d’espionnage est une scène importante aux yeux du Duc car c’est la 1ère fois qu’il voit la femme qu’il aime dans son intimité, en effet, On voit donc pour la première fois réellement le cœur de la Princesse sans artifices ou mensonges puisqu’elle est loin des regards de la cour.
  • Cet extrait se conclut une fois de plus sur une preuve d’amour de la part de la Princesse de Clèves, d’une part avec sa « rêverie » (ligne 20), mais aussi de part la contemplation qu’elle fait du tableau de son amant le Duc de Nemours. « […] Elle s’assit et se mit à regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner » (ligne 20).

La « rêverie » (ligne 20), que subit la princesse est une litote, permettant au narrateur de révéler l’amour de celle-ci tout en préservant une part de mystère quant à la passion de Madame de Clèves, qui n’étant seulement suggérées le long de ces lignes.

Conclusion :

        Pour conclure, nous avons vu, que, dans cette scène privée de dialogues et d’interactions entre les deux amants, l’ambiance chaleureuse de l’amour passionnel est omniprésente et plane sur l’ensemble de l’extrait telle une ombre. Cette ambiance passionnelle monte crescendo et arrive à son paroxysme au moment de l’ « ouvrage » de la Princesse de Clèves.  La mise en scène et les jeux de regards traduisent une scène d’amour indirecte accentuant l’intensité de la passion des personnages. A plus forte raison, cet extrait se démarque et se fait repérer par rapport au reste du roman du fait de la sensualité qu’il dégage et qu’il crée tout du long de celui-ci. Cette mise en abyme avec le double espionnage de la scène montre aussi la vulnérabilité des deux personnages, observés tous deux à leur insu. Enfin, le fait que cette scène permette à Monsieur de Clèves de réaliser que la Princesse perd sa vertu à cause de la passion, permet aussi au lecteur de s’imaginer le tournant tragique vers laquelle pourrait se diriger la suite du roman.

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