La poésie se réfère au monde, aux autres, au moi
Analyse sectorielle : La poésie se réfère au monde, aux autres, au moi. Recherche parmi 297 000+ dissertationsPar celiacassie16 • 21 Avril 2015 • Analyse sectorielle • 6 495 Mots (26 Pages) • 797 Vues
ssier « La poésie à l'école »
Partie I : La poésie rapport au monde, aux autres, à soi, à
la langue
La poésie, c’est la « capacité de faire parler la langue comme personne pour tout le monde »
(Alain Borer). La poésie sollicite la langue là où personne ne le fait, elle récuse les parlers
ordinaires et utilitaires, les stéréotypes, les formules usées… La langue poétique peut ainsi
paraître inhabituelle, étrange. Mais cette étrangeté-là n'est pas facilité ou coquetterie, ni
hermétisme pour initiés. Elle parle pour tout le monde. En tant que personne, l’élève est
interpellé par la poésie : elle retravaille son rapport à sa propre langue, et elle exprime dans
son parler un rapport aux autres, au monde et à soi-même. L'élève lecteur de poésie est
sollicité par cette rencontre, séduit, inquiété, enrichi, éclairé, amusé,…
La lecture d’un ouvrage complet de poésie, c’est-à-dire d’un ensemble de poèmes que l’auteur
a choisi de rassembler dans un certain ordre, restitue cette " consistance " d’une personne
mieux que ne peut le faire le poème-page où l'écart de langue n'a pas l'espace de jouer à plein,
d'entrer en résonance avec d'autres manifestations. Que le monde soit refait dans le langage, la
poésie en donne ainsi l’expérience par la fréquentation d’œuvres nombreuses et variées.
La poésie s’inscrit au croisement de deux domaines que l’école a plutôt coutume de tenir
disjoints quand elle identifie les territoires de la maîtrise de la langue et de l’éducation
artistique. Il ne s'agit pas de revenir à on ne sait quelle célébration de belles œuvres
patrimoniales devant lesquelles faire révérence mais de choisir délibérément qu’à travers des
pratiques et grâce à des rencontres avec des œuvres et avec des créateurs, l’école " fasse
culture ", sollicite le, les et des sens, c’est-à-dire valorise et nourrisse la capacité d’humanité
de chacun. Alors, la culture constitue un fondement et une dimension de l’enseignement ; elle
ne se réduit pas à l’événementiel d’une " offre culturelle ".
Que la poésie ait sa place légitime dans l’enseignement de français, c’est affaire
entendue dans l’école. On retient le plus souvent au prime abord qu’avec la poésie, on aborde
une dimension plus libre de l’usage de la langue dans laquelle la syntaxe peut être bousculée
et les règles enfreintes, le lexique recréé, la matérialité sonore et visuelle des mots très
largement mobilisée. C’est solliciter le langage autrement que dans ses dimensions utilitaires,
fonctionnelles, pour sortir de la conversation ordinaire, de l’expression convenue, de l’écriture
d’un texte selon les normes d’un genre.
L'observation plus ou moins minutieuse de cette liberté et de ce que cette liberté permet de
dire rassemble alors deux ambitions essentielles de l'enseignement du français : enrichir les
moyens langagiers des élèves et subordonner ces moyens à leur compréhension ou à leur dire
propres.
La poésie " demande une vie intérieure, un retour sur soi-même… la nécessité d’être soimême
"
(Werner
Lambersy,
poète belge – TDC, mars
1990). Elle la sollicite tout autant. Elle
donne
aussi accès à la découverte et à l’expression
de fondamentaux
:
origine/fin –
sécurité/peur
– doutes/affirmations
– crises/espérances - présence/absence/solitude –
moi/autres - etc.
Les élèves de l’école primaire sont prêts à entrer dans ces voies authentiques de la parole, pardelà
même
les difficultés apparentes de la langue qui les dit. Difficultés apparentes seulement,
© Ministère de l'Éducation nationale
Direction générale de l'enseignement scolaire
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car il ne s’agit pas, en poésie, de tout expliquer mais de laisser la langue agir, y compris dans
ses points d’obscurité, et de faire confiance au poème qui travaille la langue autant qu'à celui
qui le reçoit, " en sourdine ".
Inviter à éprouver son rapport aux autres, au monde et à lui-même grâce aux fréquentations de
poètes, c’est un des enjeux que les programmes proposent d’affronter en engageant dans une
approche régulière de la poésie. Sur une année, sur toute la scolarité, ce sont des itinéraires
que l’on balise, une progression qui se construit, des interpellations qui se répondent et des
choix qui se corrigent ou se fortifient. Ce cheminement doit laisser des traces ; c’est aussi
...