La passion destructrice dans la Princesse de Clèves

        Nous allons à présent parler des tourments que causent la passion de la princesse pour Nemours.

        Tout d’abord, penchons-nous sur l’impossibilité du contrôle de la passion par la raison. Madame de Lafayette montre que la passion pousse les personnages les plus vertueux à perdre le contrôle d’eux-mêmes. Ici, malgré l’éducation que lui a insufflée sa mère et la détermination de la princesse à suivre ses conseils, ne peut s’empêcher de montrer des marques de sa passion en présence de Nemours ; exemple de l’écriture de la lettre : « elle ne sentait que le plaisir de voir Monsieur de Nemours, elle en avait une joie pure […] ». La passion échappe au contrôle de la raison et des valeurs inculquées par sa mère, et c’est ce qui va causer la souffrance de la princesse. De plus, après le départ de monsieur de Nemours, la princesse se dit revenir « comme d’un songe », ce qui montre que le bonheur que peut procurer la passion n’est que très bref, comparé à ce que la passion cause comme tourments à la princesse. Après le départ de Nemours, la Princesse est prise de remords et est désespérée de ne pas pouvoir contrôler ses sentiments : « Je suis vaincue et surmontée par une inclination qui m’entraîne malgré moi : toutes mes résolutions sont inutiles […] ». Le conflit entre la raison et la passion est au cœur du personnage de la Princesse de Clèves, et c’est ce conflit qui va entrainer sa perte.

        La passion va donc causer bien plus de mal à la princesse de Clèves qu’elle ne lui procure de bonheur. Celle-ci va bien sûr la forcer à choisir entre les valeurs qui lui ont été transmises et son amour pour Nemours, ce qui la bouleverse profondément tout au long du récit. De plus, la princesse est particulièrement bouleversée à la lecture de la lettre qu’elle pense adressée à Monsieur de Nemours. De Lafayette écrit : « Quelle vue, quelle connaissance pour une personne de son humeur, qui avait une passion violente, qui venait d’en donner des marques à un homme qu’elle en jugeait indigne […]. Jamais affliction n’a été si piquante et si vive ». Ici, ce n’est pas tant les sentiments que la princesse de Clèves porte pour monsieur de Nemours qui la fait souffrir mais bien le fait qu’elle ait montré des marques de cette passion. Il est d’ailleurs écrit plus loin : « Si monsieur de Nemours n’eût point eu lieu de croire qu’elle l’aimait, elle ne se fût pas souciée qu’il en eût aimé une autre ».  La princesse se sent donc comme trahie, voire ignorée par monsieur de Nemours puisque celui-ci semble, du point de vue de la princesse, entretenir d’autres liaisons. Ce sentiment de trahison semble être donc presque indépendant des sentiments véritables de la princesse, et cela montre que la passion cause des tourments qui n’ont rien à voir avec les sentiments de la Princesse.

Ainsi, la princesse de Clèves est atteinte d’une passion pour Monsieur de Nemours, et cette passion est associée à des tourments de jalousie mais occasionne aussi un conflit entre les sentiments de la jeune femme et ses valeurs.

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