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La nuit de décembre Alfred de Musset

Commentaire de texte : La nuit de décembre Alfred de Musset. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  2 244 Mots (9 Pages)  •  13 571 Vues

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        Nous allons étudier l’extrait d’un poème intitulé La nuit de décembre par Alfred De Musset, publié en 1835. Celui-ci a été rédigé après sa rupture avec George Sand qui le marqua profondément, il écrivit  un ensemble de quatre poèmes appelé Nuits (Mai, Décembre, Août, Octobre), qui forme une chronique douloureuse des différentes saisons de la vie et du cœur.

        Ce poème s’inscrit dans le mouvement romantique, notamment de par sa thématique, le double, fréquemment utilisé dans la littérature à partir de cette période. En effet, la partie sombre et insoupçonnée de l’être est révélée a travers l’apparition d’un double qui peut-être réel ou fantasmé et dont les apparitions peuvent adopter un caractère angoissant ou à l’inverse guider le personnage dans sa quête d’identité.

        Ainsi nous réfléchirons à la manière dont la jeunesse mélancolique du personnage est marquée par les différentes apparitions de son double.

        Dans un premier temps, nous évoquerons les étapes successives du début de la vie du poète, puis nous étudierons les apparitions du double.

        

         

        Alfred De Musset est un poète romantique, il use par conséquent de procédés propre à ce mouvement. La nuit de décembre fait parti du registre lyrique, caractéristique du romantisme, il s’agit de l’expression des états-d’âmes et des émotions intenses du personnage, il est souvent utilisé en poésie pour relater les sentiments du poète. Ceci est précisément un des points que nous allons aborder dans cette axe.

        Dans un premier temps, il est important d’analyser les moyens utilisés par le poète afin d’instaurer une relation de confiance avec le lecteur. Nous pouvons relever la récurrence du pronom personnel « je » ainsi que des déterminants possessifs et des pronoms personnels tel que « mon » ou « me » - « je restais un soir à veiller » (v.2) ; « Dans mon livre ouvert il vient lire » (v.9) ; « il me fit un salut d’ami » (v.22) – qui nous renseignent sur une potentielle dimension autobiographique du poème créant par conséquent une proximité certaine avec le lecteur.

Nous remarquons également une omniprésence des temps du passé, dominés par l’imparfait - « étais » (v.1) ; « marchais » (v.14) ; « tenait » (v.20) – qui renforcent cette relation de confiance cherchant à être instaurée. En effet, en nous plongeant dans son passé, le poète nous fait part de son vécu, des sentiments qu’il a éprouvé bien qu’antérieur et instaure une certaine amitié entre lui et le lecteur auquel il va se confier comme à un proche.        

         Cette relation de confiance instaurée, Alfred De Musset nous immerge dans son passé en nous racontant différentes scènes de sa jeunesse.

Nous le rencontrons pour la première fois enfant, il se trouve dans une salle de classe qui est vide. Cela paraît étrange, l’école étant un lieu regorgeant de vie, dans laquelle retentissent sans cesse les rires des jeunes écoliers innocents. Cependant, lorsque le poète nous renseigne sur le moment de la journée qui est entrain de se dérouler, cette solitude devient compréhensible a la vue de l’heure tardive. Le soir est là et l’enfant est seul. Lors de notre seconde rencontre, l’enfant a laissé place à l’adolescent, et nous découvrons un garçon de 15 ans, dans les bois. Ici l’âge du poète et la nature qui l’environne sont opportun à la mélancolie. Le jeune garçon est en effet dans une période difficile, il est possible qu’il soit sujet à la « crise d’adolescence », caractéristique de cette phase, durant laquelle un rien ne touche et ne blesse. Enfin dans la 5ème strophe, il est jeune homme - « A l’âge où l’on croit à l’amour » (v.25) – et il vient de subir sa première déception amoureuse, que l’on dit être la pire de toutes. Il est justement à nouveau seul, dans sa chambre et vit un moment de profonde solitude, retour brutal à la réalité après le sentiment de surpuissance envahissant l’amoureux lorsqu’il est aimé en retour.

        Dans chacune de ces trois situations, la souffrance du poète est exprimée à travers deux formes de mal-être, celui du corps puis dans sa continuité celui de l’esprit. Dans un premier temps, le vocabulaire se rapportant à la dimension physique du personnage est très développé. Nous pouvons relever de nombreux termes, comme « visage » (v.7), « front » (v.10) mais également « main » (v.10-20-32), « sourire » (v.12), « doigt » (v.24). La description du corps et des sensations ressenties est donc ici très présente et amène un certain éclairage sur la condition morale de notre poète. Nous remarquons ainsi l’importance particulière qu’il accorde à son corps et notamment  l’hyper-conscience qu’il a de celui-ci, chacun de ses mouvements paraît avoir une importance particulière pour lui.

Il fait parallèlement état de ses tourments, et notamment de sa mélancolie. Ce sentiment entraîne un état de dépression, de tristesse vague ou de dégoût de la vie et une prédisposition certaine au pessimisme. Ce peut-être vécu avec un sentiment de douleur morale et occasionner un ralentissement psychomoteur allant même parfois jusqu’à créer chez la personne concernée des idées suicidaires. Cette mélancolie ressentie est indiquée par les champs lexicaux de la solitude - « solitaire » (v.3) « seul » (v.26) -, de la tristesse - « triste » (v.7), « Pleurant ma première misère » (v.27), « ma peine » (v.34), « morne » (v.31) - , ou encore de la souffrance - « soucieux » (v.31), « souffrir » (v.34), « soupir » (v.35) –.

        De plus, le mal-être du poète est également accentué par le rythme du poème. Alfred De Musset a choisi pour sa rédaction une versification simple composée de sizains écrits en octosyllabes. Nous pouvons constater que le poète ne s’est pas encombré de contraintes stylistiques. Le choix d’un seul type de strophe et d’un seul type de vers témoigne d’une simplicité certaine. Il a par ailleurs utilisé des rimes suffisantes à tendance pauvre - « écolier » / « veiller » (v.1-2) – ainsi qu’un schéma de rimes suivies puis embrassées de la forme AABCCB,  utilisé dans de nombreux poèmes, comme Rêverie écrit par Victor Hugo en 1829 pour n’en citer qu’un. En effet cette simplicité stylistique est complétée par l’utilisation de vers courts avec une seule coupe, au milieu du vers - « Un pauvre enfant // vêtu de noir », entraînant un rythme binaire. Celui-ci à une valeur affective qui traduit des sentiments désordonnés qui n’arrivent pas à se poser et qui mêlent tristesse, souffrance, solitude, résignation, une somme d’émotions caractéristique de la mélancolie. Nous pouvons observer une régularité dans les vers de par l’utilisation de l’octosyllabe qui amène une certaine musicalité pouvant s’assimiler à des refrains de chansons notamment à la 3ème strophe. Cependant le rythme devient plus appuyé venant accentuer la souffrance du poète, et susciter de la pitié chez le lecteur, donnant une certaine dimension pathétique au poème.

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