LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La chevelure, Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857

Commentaire de texte : La chevelure, Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2015  •  Commentaire de texte  •  1 588 Mots (7 Pages)  •  1 554 Vues

Page 1 sur 7

Texte oral n°14 : La chevelure, Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857

Il a inventé une nouvelle poésie, il la renouvelé. On dit souvent que c’est le nouveau poète de la modernité. Le rôle traditionnel du poète, c’est de chanter la beauté immortelle, la femme aimée. Mais Baudelaire, lui n’est pas du tout traditionnel car il a développé des thèmes nouveaux, et de façon nouvelle. Il est donc moderne, tant sur le fond que sur la forme. Il est moderne car il a fait entrer dans sa poésie des thèmes nouveaux (la ville, tout le contraire des romantiques qui puisent leur inspiration dans la nature, la laideur, poèmes érotiques). Tout cela fait de Baudelaire un poète moderne, trop moderne pour son époque puisqu’il a été condamné par les tribunaux pour « outrage à la moralité publique ». Pour la forme, Baudelaire a souvent utilisé des formes poétiques traditionnelles (sonnet) mais il a aussi écrit des poèmes en prose, poésie qu’il n’a pas inventé mais il qu’il a été l’un des premiers à avoir utilisée.

Ce poème n’est pas présent dans la première édition des Fleurs du Mal (1857) car condamné pour outrage à la morale. Il apparaît dans la seconde édition en 1861, avec le numéro XXIII. Baudelaire place ce nouveau texte dans la section « Spleen et Idéal », tout de suite après Parfum exotique.

La chevelure est un  long poème de sept quintils en alexandrins. Il est caractéristique de l’inspiration exotique fréquente chez Baudelaire (par exemple dans « Parfum exotique »). Tout laisse à penser que la figure féminine, lascive et sensuelle, évoquée par le poème est celle de Jeanne Duval, la compagne métisse de Baudelaire.

            Annoncer les axes : On peut y observer deux thèmes : la transformation de la réalité par l’imagination, une rêverie exotique et sensuelle débouchant sur une expérience mystique.

   

 La femme est une inspiratrice pour beaucoup de poètes. En 1857, Baudelaire publie le recueil Les fleurs du mal dont certains poèmes sont inspirés par Jeanne Duval, en particulier La Chevelure. Le titre du poème La Chevelure nous plonge d'emblée dans l'univers féminin, en introduisant conjointement au thème fondamental de la femme dans la poésie de Baudelaire, celui de l'amour. Mais curieusement, tout au long du poème, la femme n'est présente que par ce seul attribut de séduction. Voilà qui fait de ce poème une pièce emblématique du sulfureux recueil des Fleurs du Mal qui paraissent en 1857, et font l'objet de polémiques et de condamnations. Le propos de Baudelaire dans ce poème n'est pas de faire le portrait de la femme aimée, mais d'utiliser la puissance évocatrice de la chevelure afin de pénétrer dans l'univers du rêve.

En quoi ce poème développe-t-il l’imaginaire ? Comment Baudelaire transcende-t-il (dépasse-t-il) la réalité pour vivre un voyage imaginaire ?

        I/ La transformation de la réalité par l’imagination :

  1. L’ancrage réaliste : un lieu clos abritant les jeux érotiques du narrateur
  • Indices spatiaux temporels : « ce soir » et « l’alcôve obscure » (v.3) : moment propice à l’amour et au rêve.
  • L’objet au cœur du poème :
  • Champ lexical omniprésent de la chevelure : le titre, « boucles » (v.2), « tresses » (v.13), « cheveux » (v.26), « chevelure » (v.4), « mèches » (v.28), « crinière » (v.31)
  • Vénération de ce fragment du corps par des interpellations directes :

« Ô » : interjection littéraire qui traduit une certaine marque d’adoration car souvent employée pour évoquer une divinité / divinisation de la chevelure.

Usage de la deuxième personne désignant la chevelure : « tes profondeurs » (v.8), « ton parfum » (v.10), v.13, « tu contiens » (v.14), v.27 : il s’adresse et interpelle directement la chevelure. Ce n’est qu’à la fin du poème « dans ta crinière lourde » (v.31) que la deuxième personne d’adresse à la femme : tout au long du poème la chevelure semble se substituer à la femme dans l’adoration du poète.

  • Evocation sensuelle, charnelle : champ lexical de l’amour, au sens de l’union charnelle : adjectif « langoureuse » (v.6), « se pâment » (v.12), « tête amoureuse d’ivresse » (v.21). 

→ Le poème est en partie un poème d’amour, un poème érotique mais cet encrage réaliste n’est qu’un point de départ, un tremplin pour un voyage imaginaire.

  1. Le pouvoir de l’imagination :
  • La chevelure est tout d’abord transformée par le eu des métaphores :
  • Comparée à un animal : « toison » (v.1), « moutonnant » (v.1), « crinière » (v.31), « encolure » (v.1) : côté sauvage.
  • Ondulation des vagues : « fortes tresses soyez la houle qui m’enlève » (v.13), « moutonnant » peut faire penser à l’écume des vagues.
  • Les oppositions et synesthésies (alliance de plusieurs perceptions sensorielles, mélange des sens) permettent à Baudelaire d’établir des correspondances inattendues :
  • Correspondance secrète entre le bleu intense et le noir profond : « cheveux bleus » (v.26), « mer d’ébène » (v.14), « noir océan » (v.22).
  • Sensations confondues / association de parfums et liquides (l’olfactif et le tactile) : « nage sur ton parfum » (v.10), « boire à grands flots le parfum » (v.16-17), « je m’enivre ardemment des senteurs confondues » (v.29), « la gourde où je hume (respire) à longs traits le vin du souvenir » (v.35). Le parfum devient une sensation tactile, intense. Elles sont importantes chez Baudelaire pour recréer une unité qui fait partie d’un idéal, d’une harmonie.
  • Les enjambements miment l’envol de l’imagination, la multiplication des sensations l’idée d’expansion, d’élargissement, de grandeur : v.14/15 ; v.16/17 ; v.19/20 ; v.29/30
  • Volonté marquée du poète de s’évader : il expose le besoin de s’évader, de s’éloigner du quotidien et de la réalité : « je la veux » (v.5), expression du but « pour peupler » (v.3) : il est nécessaire de dépasser la réalité + « j’irai » (v.11) et « je plongerai » (v.21) : le futur exprime la certitude d’un projet et accentue la volonté de s’évader.

→ Les jeux érotiques dont nous avons parlé ne sont pratiqués que pour exciter l’imagination du poète, ils ont un prolongement intérieur : la recherche du souvenir.

II/ Un souvenir exotique magique 

  1. L’univers tropical : un relevé de champs lexicaux permettra de définir ce qui attire Baudelaire vers les pays lointains.
  • Chaleur : « ardeur des climats » (v.12), « éternelle chaleur » (v.20)
  • Mer : « océan » (v.22), « houle » (v.12), « profondeurs » (v.8), « voile » (v.15), « mâts » (v.15), « flots » (v.17), « port » (v.16)
  • Continents lointains : « langoureuse Asie et la brûlante Afrique » (v.6), « monde lointain » (v.7), « là-bas » (v.11)
  • Richesse des pays tropicaux : « huile de coco » (v.30), « musc » (v.30), « ébène » (v.14), « rubis », « perles », « saphir » (v.32).
  • Vie paresseuse : « ô féconde paresse » (v.24), « nonchaloir » (v.2), « se pâment longuement » (v.12)

→Le déploiement de ces composantes de l’univers exotique peut faire référence au souvenir de son voyage à l’Ile Maurice et à la Réunion alors qu’il avait vingt ans. La chevelure de sa maîtresse Jeanne Duval lui permet d’échapper à la réalité, de sonder son intériorité en plongeant dans son souvenir.

...

Télécharger au format  txt (9.6 Kb)   pdf (268.8 Kb)   docx (13.7 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com