La Vie Devant Soi De Roman Gary : La Thématique Du Racisme

Le thème principal de l’œuvre est l’amour mais elle porte aussi considérablement sur l’altérité et le racisme.

Tout d’abord, la majorité des protagonistes – autant hétéroclites soient-il – proviennent de nationalités étrangères. Quelques exemples : Momo, Yoûssef et Monsieur Hamil (Arabes), Monsieur N’da Amédée (Nigérien), Mademoiselle Lola (Sénégalaise). De plus, deux croyances sont mises en exergues, le judaïsme que représente Madame Rosa, et la religion musulmane par le biais de Momo.

Madame Rosa élève son petit protégé en musulman pour respecter la religion de ses parents. Elle lui apprend l’hébreu, lui lit le Coran et l’envoie souvent chez Monsieur Hamil qui est lui aussi musulman. Momo est un musulman imprégné de la culture juive comme on peut le constater dans l’extrait par l’emploi du mot juif « khaïrem » qui signifie juré. A la ligne 45 c’est le tour de Madame Rosa d’utiliser un mot qui appartient à la langue de l’autre, elle dit « Inch’Allah » qui signifie si dieu le veut, en arabe. Cet incipit illustre parfaitement l’échange et le mélange de cultures. Madame Rosa est la figure emblématique du pragmatisme du fait qu’elle ne cherche pas à « changer » les enfants qu’elle garde mais à prendre soin d’eux tels qu’ils sont et à respecter leur culture diverse.

Dans ce livre on obtient tout une aquarelle de différences qui renforcent la proximité des personnages. Le racisme se perçoit néanmoins à travers les ressentis de Momo comme « J’ai pas honte d’être arabe au contraire mais Mohammed en France, ça fait balayeur ou main-d’œuvre » (p.164).

Le racisme est donc bien présent dans « La vie devant soi » mais ce n’est pas pour autant un récit raciste. Emile Ajar, alias Romain Gary, soulève les questions de la différence avec humour et écarte par la même occasion les préjugés. Comme «Ce n’est pas vrai que les Noirs sont tous pareils. Madame Sambor ne ressemblait pas du tout à Monsieur Dia, lorsqu’on s’est habitué à l’obscurité » (p.26).

Certes, Momo s’exprime d’une manière très directe en disant « Moi les juifs je les emmerde, c’est des gens comme tout le monde ». Cette phrase sortie de son contexte peut paraître raciste mais n’oublions pas que c’est un enfant de quatorze ans qui s’exprime maladroitement. Celui-ci a eu quelques échos de la shoah par Madame Rosa et sait notamment qu’elle a été déportée à Auschwitz. Le porte-parole de Romain Gary réclame en quelque sorte le droit à l’indifférence, que les juifs ne soient pas sempiternellement placés dans la case « victimes ». L’extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale a marqué les esprits, cependant ça ne doit pas engendrer une séparation entre eux et « nous ».

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