La Vendetta De Guy De Maupassant

La Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide qui a suivie ont eu de nombreuses répercussions sur les pays européens et du monde entier dans les décennies qui ont suivi. Les écrivains de l’époque, par le courant littéraire existentialiste, dont le théâtre de l’absurde, ont pris un engagement social et politique. Par leurs œuvres, les écrivains tentaient de traduire le non-sens des idéologies de cette époque et les malaises ressentis par les populations. Eugène Ionesco, qui vivait en Roumanie jusqu’en 1938 et qui s’est exilé en France par la suite, a été largement influencé par les répercussions de la Garde de Fer dans son pays. Dans sa pièce Rhinocéros publiée en 1959, il dénonce les régimes totalitaires en vigueur dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, de l’Allemagne de l’Est à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Dans cette Roumanie, il se voyait comme « le dernier homme dans cette île monstrueuse1 » mais aussi comme « une anomalie, un monstre1 ». Nous allons démontrer les similarités entre cette pièce et ces deux sentiments complètement opposés que ressent Ionesco.

Le personnage de Bérenger est le reflet typique d’Ionesco dans cette pièce alors que les personnages de Jean, de Botard et de Dudard sont les portraits du reste de la population de la Roumanie. Bérenger se sent comme un être différent de tous, comme une personne ne faisant pas partie de la même existence que les autres habitants de cette petite ville. « Je me sens mal à l’aise dans l’existence, parmi les gens […] J’ai du mal à porter le poids de mon propre corps… […] Je ne sais pas si je suis moi » (p. 30) dit-il. Jean, quant à lui, est « L’homme supérieur […] qui remplit son devoir » (p. 14), il a « de la force parce qu’[il a] de la force morale » (p. 30), alors que Botard n’est « pas dans le brouillard, [il] calcule vite, [il a] l’esprit clair » (p. 47). Dudard incarne l’intellectuel en affirmant : « Lorsqu’un tel phénomène se produit, il a certainement une raison de se produire. C’est cette cause qu’il faut discerner. » (p. 123). C’est trois personnages sont à l’image de ce que l’on doit être dans la société normale ; ils sont conformes alors que Bérenger est hors normes, un montre dans cette petite ville, dans cette île, une anomalie.

A l’opposé, à la fin de la pièce, Bérenger est le seul humain restant parmi ce troupeau de rhinocéros composé de tous les habitants qui ont succombé à la métamorphose. « Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre ». (p. 162) Il se sent encore seul, est anormal face à cette nouvelle réalité, à ce phénomène qu’est la rhinocérite contre lequel il a résisté afin de préserver son humanité. Il est encore hors normes, un monstre, une anomalie et tous les autres sont conformes.

Néanmoins, alors que les transformations se succèdent, au début de l’Acte III, Bérenger lutte pour conserver son humanité. Il songe et propose à Daisy : « Écoute, Daisy, nous pouvons faire quelque chose. Nous aurons des enfants, nos enfants en auront d’autres, cela mettra du temps, mais à nous deux nous pourrons régénérer l’humanité. […] Fais ça pour moi Daisy. Sauvons le monde. » (p. 155-156). Malgré son sentiment de solitude, seul encerclé par un troupeau de rhinocéros,

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