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La Tension didactique de l'incendie

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Par   •  4 Janvier 2013  •  747 Mots (3 Pages)  •  1 198 Vues

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A) LA TENSION DIDACTIQUE DE L'INCENDIE [3]

Les Histoires de la littérature maghrébine ont coutume de « classer » L'Incendie, avec la trilogie dont il fait partie, dans le « courant ethnographique » des années 1950, au même titre que les romans de Feraoun ou Mammeri en Algérie, de Sefrioui au Maroc. Ce courant ethnographique se caractériserait surtout par sa des¬cription d'une Société traditionnelle figée, idylliquement hors du temps chez Sefrioui, tragiquement condamnée par l'Histoire à laquelle elle ne participe que négativement, chez Mammeri. Ce qui permet à la critique idéologique, que ce soit celle d'intellectuels nationalistes comme Mostefa Lacheraf à l'époque, ou celle d'uni-versitaires actuels un peu pressés d'établir une continuité entre ce courant et celui du roman colonial, de reprocher aux écrivains leur non participation à l'idéal révolutionnaire, quand on ne va pas jusqu'à les accuser de faire le jeu du colonialisme.

Même si j'ai montré, par exemple au niveau de leur jeu méta¬phorique ou de la détermination de leurs destinataires implicites, la dépendance inévitable de romans comme Le Fils du Pauvre ou Le Sommeil du Juste par rapport au modèle français, je n'irai pas jusqu'à faire mienne cette condamnation un peu simpliste. Car le lieu référentiel d'une écriture romanesque est nécessairement plus vaste que celui de l'oralité, qui ne prend toute sa signification que dans un lieu précis. D'ailleurs l'idée même de nation n'a de sens que dans une problématique idéologique à l'échelle mondiale, c'est à¬dire non localisée. La nation est un concept abstrait qui se définit et se proclame « à la face du Monde ». Elle n'a rien à voir avec le lieu de l'oralité qui est celui de personnes se connaissant entre elles, d'individus concrets irréductibles aux concepts généraux de l'Idéo¬logie, même si ceux ci sont nécessaires pour l'action révolution¬naire.

Quoi qu'il en soit, et contrairement à la plupart des textes de ce « courant ethnographique » des années 50, L'Incendie est explici¬tement un roman « engagé », qui convoque l'Histoire et l'énonce. Mais si l'écriture du roman procède d'un engagement devant lequel la critique coloniale ne s'est pas trompée, ce roman n'en est pas moins en même temps une mise en question des dires de cet enga¬gement : réflexion sur leur efficacité, mais aussi sur leur fidélité au réel, ou au contraire sur leur trahison. La description, base du « réalisme », sera implicitement mise en question ici. Mais peut-être aussi, déjà, la relation de l'écriture et de la réalité : si au lieu de rendre compte plus ou moins fidèlement de cette réalité, l'écriture tentait de la produire, en créant une perception dynamique des cho¬ses ? On le voit, c'est la question même de l'efficacité d'une écriture littéraire « engagée » qui est ici posée, dans un premier temps, par ce roman.

UN PROGRESSISME PROPHÉTIQUE ?

La trame narrative de L'Incendie est relativement simple. Omar, le jeune citadin pauvre de La Grande Maison, dont l'adoles¬cence bourgeonne, vient passer des vacances à la campagne. Il y sera le prétexte à des descriptions

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