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La Relation Maitre Valet

Mémoire : La Relation Maitre Valet. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2013  •  941 Mots (4 Pages)  •  3 879 Vues

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UN VIEUX COUPLE

Maître et valet : voilà un couple vieux comme le théâtre, en tout cas comme la comédie (la tragédie ne connaît pas de "valets", elle donne aux serviteurs la noble fonction de "confidents"). Depuis l’Antiquité, les dramaturges s’attachent à peindre les démêlés des maîtres avec leurs serviteurs, trouvant dans cette relation à la fois extrêmement étroite (pour reprendre une expression familière, maître et valet sont comme cul et chemise) et totalement déséquilibrée, un motif dramatique extrêmement riche. C'est l'esclave de la comédie latine (Pseudolus chez Plaute au IIème siècle avant Jésus-Christ), ce sont les zanni de la Commedia dell’arte (Arlequin le balourd, Scapin le vif, Pierrot, Polichinelle, Trivelin) ou le gracioso espagnol burlesque au XVIème siècle. Ils vont inspirer, aux siècles suivants, Molière et ses valets truculents (Scapin, Sganarelle), puis les couples de valets de Marivaux (Arlequin et Lisette). Fondées sur une étroite proximité et un total déséquilibre (du côté du maître : le pouvoir, la violence, la richesse, les bonnes manières ; du côté du serviteur : faim, soif, désirs, débrouillardise et grivoiserie), leurs relations sont marquées par le mensonge, la duperie, la « fourberie », mais aussi la confidence, le service, le réconfort… Qu’il soit esclave, valet, serviteur, cuisinier, maître d’hôtel, qu’elle soit camériste, femme de ménage, gouvernante, les serviteurs occupent en effet un espace particulier, une sorte de frontière entre sphère privée et domaine public : en partageant l’intimité de leurs maîtres, ils sont amenés à découvrir les faiblesses et les secrets de ces derniers, qu’ils peuvent protéger ou au contraire faire chanter.

LE VALET DANS L'HISTOIRE

A la fin du XVIIIème siècle, le personnage de valet évolue : il n’est plus simplement là pour secourir et faire rire, il devient avec le Figaro de Beaumarchais, le représentant des masses laborieuses, qui malgré ses talents ne parvient pas à s’insérer dans la société sclérosée d’Ancien-Régime. Le drame romantique poussera la logique encore plus loin : dans sa pièce Ruy Blas, Victor Hugo idéalise le valet en rassemblant en lui les figures sublimes du peuple opprimé et du héros en révolte. Par la suite, la révolution industrielle achèvera ce que 1789 avait entamé : en balayant le mode de vie aristocratique et sa valetaille, elle renvoie le couple maître-valet aux oubliettes de l'histoire. Sans perdre tout à fait sa dimension sociale (voir le Maître Puntila et son valet Matti de Brecht), le personnage de valet se pare au XXème siècle de couleurs plus métaphysiques, comme chez Genet (Les Bonnes), Beckett (Fin de partie) ou Pinter. Les œuvres présentées dans ce cycle appartiennent à cette modernité : le personnage de valet y devient plus trouble, il joue avec son image. De simple instrument de comédie, il se mue en agent tragique du destin. C'est vrai de la pièce de Strindberg (dont on peut penser qu'elle annonce Genet ou Beckett) écrite en 1888 comme du film de Joseph Losey tourné en 1963. Ça l'est également, paradoxalement, des Fausses confidences dans la mise en scène de Didier Bezace : celle-ci qui insiste moins sur les effets comiques que sur l'inquiétante confusion orchestrée par

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