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La Question De L'Homme Dans Les Genres De L'argumentation Du XVIe à Nos Jours

Note de Recherches : La Question De L'Homme Dans Les Genres De L'argumentation Du XVIe à Nos Jours. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  18 Novembre 2014  •  2 207 Mots (9 Pages)  •  1 733 Vues

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E.A.F. : BACCALAUREAT BLANC

Durée : 4 heures

Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIe à nos jours.

Corpus

Texte A : Michel De Montaigne, Les Essais, Livre II, chap. 30, « Au sujet d'un enfant monstrueux » (1595).

Texte B : J.-M. Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête (1757).

Texte C : Victor Hugo, L’Homme qui rit, II,1 (1869).

Texte D : Eugène IONESCO, Rhinocéros, Acte II, deuxième tableau (1960).

Texte A : Michel De Montaigne, Les Essais, Livre II, chap. 30, « Au sujet d'un enfant monstrueux » (1595), trad. d'André Lanly.

Montaigne consacre un court chapitre de ses Essais au phénomène des monstres et apporte ainsi une contribution importante à un débat en vogue au XVIe siècle.

Je vis avant-hier un enfant que deux hommes et une nourrice, qui disaient être le père, l'oncle et la tante, conduisaient pour le montrer à cause de son étrangeté et pour tirer de cela quelque sou. Il était pour tout le reste d'une forme ordinaire et il se soutenait sur ses pieds, marchait et gazouillait à peu près comme les autres enfants de même âge […] ; ses cris semblaient bien avoir quelque chose de particulier : il était âgé de quatorze mois tout juste. Au-dessous de ses tétins, il était attaché et collé à un autre enfant sans tête et qui avait le canal du dos bouché, le reste intact, car s'il avait un bras plus court que l'autre, c'est qu'il lui avait été cassé accidentellement à leur naissance ; ils étaient joints face à face et comme si un plus petit enfant voulait en embrasser un second […].

Les [êtres] que nous appelons monstres ne le sont pas pour Dieu, qui voit dans l'immensité de son ouvrage l'infinité des formes qu'il y a englobées ; et il est à croire que cette forme, qui nous frappe d'étonnement, se rapporte et se rattache à quelque autre forme d'un même genre, inconnu de l'homme. De sa parfaite sagesse il ne vient rien que de bon et d'ordinaire et de régulier ; mais nous n'en voyons pas l'arrangement et les rapports.

« Quod crebro videt, non miratur, etiam si cur fiat nescit. Quod ante non vidit, id, si evenerit, ostentum esse censet." » [Ce que (l'homme) voit fréquemment ne l'étonne pas, même s'il en ignore la cause. Mais si ce qu'il n'a jamais vu arrive, il pense que c'est un prodige.]

Nous appelons « contre nature» ce qui arrive contrairement à l'habitude : il n'y a rien, quoi que ce puisse être, qui ne soit pas selon la nature. Que cette raison universelle et naturelle chasse de nous l'erreur et l'étonnement que la nouveauté nous apporte.

Texte B : J.-M. Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête (1757).

Après avoir découvert le visage monstrueux de la Bête, la Belle engage la discussion avec cet être repoussant.

Le soir, comme elle allait se mettre à table, elle entendit le bruit que faisait la Bête, et ne put s'empêcher de frémir.

« La Belle, lui dit ce monstre, voulez-vous bien que je vous voie souper ?

- Vous êtes le maître, répondit la Belle, en tremblant.

- Non, répondit la Bête, il n'y a ici de maîtresse que vous. Vous n'avez qu'à me dire de m'en aller, si je vous ennuie ; je sortirai tout de suite. Dites-moi, n'est-ce pas que vous me trouvez bien laid ?

- Cela est vrai, dit la Belle, car je ne sais pas mentir, mais je crois que vous êtes fort bon.

- Vous avez raison, dit le monstre, mais, outre que je suis laid, je n'ai point d'esprit : je sais bien que je ne suis qu'une bête.

- On n'est pas bête, reprit la Belle, quand on croit n'avoir point d'esprit : un sot n'a jamais su cela.

- Mangez donc, la Belle, lui dit le monstre, et tâchez de ne vous point ennuyer dans votre maison ; car tout ceci est à vous ; et j'aurais du chagrin, si vous n'étiez pas contente.

- Vous avez bien de la bonté, dit la Belle. Je vous avoue que je suis bien contente de votre coeur ; quand j'y pense, vous ne me paraissez plus si laid.

- Oh dame, oui, répondit la Bête, j'ai le coeur bon, mais je suis un monstre.

- Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle, et je vous aime mieux avec votre figure, que ceux qui avec la figure d'hommes, cachent un coeur faux, corrompu, ingrat.

- Si j'avais de l'esprit, reprit la Bête, je vous ferais un grand compliment pour vous remercier, mais je suis un stupide ; et tout ce que je puis vous dire, c'est que je vous suis bien obligé. »

La Belle soupa de bon appétit. Elle n'avait presque plus peur du monstre ; mais elle manqua mourir de frayeur, lorsqu'il lui dit :

« La Belle, voulez-vous être ma femme ? »

Elle fut quelque temps sans répondre ; elle avait peur d'exciter la colère du monstre en le refusant elle lui dit pourtant en tremblant :

« Non, la Bête. »

Dans le moment, ce pauvre monstre voulut soupirer, et il fit un sifflement si épouvantable, que tout le palais en retentit : mais Belle fut bientôt rassurée ; car la Bête lui ayant dit tristement, « adieu la Belle », sortit de la chambre, en se retournant de temps en temps pour la regarder encore. Belle se voyant seule, sentit une grande compassion pour cette pauvre Bête :

« Hélas, disait-elle, c'est bien dommage qu'elle soit si laide, elle est si bonne ! »

Texte C : Victor Hugo, L’Homme qui rit, II,1. (1869).

A la fin du XVIIe siècle, un jeune lord est enlevé sur ordre du roi et atrocement défiguré, la bouche fendue jusqu'aux oreilles. Il est recueilli par Ursus, un philosophe saltimbanque…

La nature avait été prodigue de ses bienfaits envers Gwynplaine.

Elle lui avait donné une bouche

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