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L'éveil de la conscience littéraire, Jean René Ovono Mendame

Dissertation : L'éveil de la conscience littéraire, Jean René Ovono Mendame. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2012  •  Dissertation  •  1 740 Mots (7 Pages)  •  1 775 Vues

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L'éveil de la conscience littéraire Jean René Ovono Mendame Dès 1980, on assiste à des publications qui séduisent par l'esthétique du verbe, le charme surréaliste de la description des unités de temps, de lieux, de personnages, d'intérêts et une certaine charge évocatrice de l'histoire et de la philosophie des peuples du Gabon. C'est le début d'un certain éveil de la conscience littéraire. Dès 1980, on assiste à des publications qui séduisent par l'esthétique du verbe, le charme surréaliste de la description des unités de temps, de lieux, de personnages, d'intérêts et une certaine charge évocatrice de l'histoire et de la philosophie des peuples du Gabon. C'est le début d'un certain éveil de la conscience littéraire. Elonga (1980), le deuxième roman gabonais, est une œuvre à tonalités multiples. Angèle Ntyugwétondo Rawiri y évoque, entre autres, la problématique cruciale de l'amour, l'amour passionnel dont la conséquence sous-jacente est bien souvent la mort. L'écriture transversale parcourt le fil des vices qui minent les sociétés africaines tels que la pauvreté, mais surtout la sorcellerie, le fétichisme qu'incarne Mbouma, auteur mystique de la mort de la mère d'Igowo. Redoutable sorcier, capable des pires sorts, Mbouma ne rate jamais ses cibles. L'art qu'il sert au préjudice de ses ennemis rend la vie de ces derniers très aléatoire dans la société ntsémpolonaise. Le recteur de l'université prévient Igowo, le héros du récit, de l'omniprésence et de la toute-puissance de la sorcellerie, responsable de tous les torts. Mba Zuè décrit le phénomène comme une « véritable gangrène dont souffre la société moderne. La sorcellerie y est perçue comme un "patrimoine culturel" de l'Afrique, mais un patrimoine qui ronge et sape la société dans ses fondements empêchant tout développement et tout progrès » (1991 : 43). Dans ce roman, la transposition des maux qui sont au cœur des conflits sociaux, des dissensions familiales, montre la gravité des bouleversements survenus dans les espaces de vie communautaires. Les acteurs des scènes mystiques, au sens magique du terme, ont créé par leurs cabales une nouvelle ontologie: celle de la méfiance. Elle engendre des modes de pensée, des systèmes de croyances qui aboutissent à la subversion radicale des idéologies de la société traditionnelle sans pour autant garantir les lendemains de la société moderne. Trois ans plus tard, en 1983, Rawiri publie G'amérakano. L'ouvrage parle de la tragédie de Toula, jeune fille issue des milieux pauvres mais qui rêve de mener une vie de luxe comme Ekata, sa copine. Cette « peau noire, masques blancs » (Toula pour séduire se maquille; allusion faite à l'œuvre du Martiniquais Frantz Fanon qui dénonce cette pratique) oppose deux de ses amants dans un duel mortel d'où Ipéké sort vainqueur de Mébalé. Toula, l'enjeu du combat, finira sa vie tristement dans la pauvreté. Après six années de silence, Rawiri réapparaît sur la scène avec Fureurs et cris de femmes (1989). La thématique est de nouveau centrée sur des problèmes de société et la tonalité de l'œuvre est très fortement sociologique. Cette fois, l'approche vise à reconstruire un ordre social nouveau, inspiré du principe de l'égalité entre l'homme et la femme. Émilienne, jeune fille d'ethnie myéné, subit la colère de sa mère Ronani opposée farouchement à sa relation avec Joseph Edzang, un Fang. L'œuvre se veut un plaidoyer pour le libre arbitre dans la prise des décisions notamment en matière de choix du futur conjoint. Rawiri enseigne le pouvoir de l'amour qui se passe des querelles intestines à consonance ethnique ou tribale. Elle ne suggère pas, au-delà, l'instauration aveugle d'une égalité où la femme, devenue l'égale de l'homme, glisserait vers la tentation de la dictature vengeresse contre ce dernier. La dérive doit être éludée par la prise en compte de l'aspiration de la femme gabonaise à assumer son indépendance à laquelle est intimement liée - et elle en est consciente - la responsabilité conséquente. Qu'il s'agisse du choix du partenaire, de l'accès à certaines professions, de la répartition des tâches domestiques, l'avis de la femme doit être requis. En dénonçant le sexisme, le dirigisme des sociétés traditionnelles fortement phallocratiques qui aboutit au nihilisme de l'altérité, le discours s'énonce comme une invite à la prise en compte des valeurs de l'humanisme. Avec Élonga, G'amérakano et Fureurs et cris de femmes, tout comme avec Histoire d'un enfant trouvé, nous sommes dans ce que l'on pourrait appeler le « discours marginal ». Les textes sont « décentrés » par rapport à la politique et aux politiques. L'expression « discours marginal », avouons-le, est véritablement impropre et, somme toute, approximative voire polémiste. Nous n'entendons pas l'énoncer comme la caractérisation des choix et intentions littéraires de l'auteur. Elle souligne simplement, de notre point de vue, l'idée que l'écrivain laisse le lecteur au cœur des intrigues ayant cours à la périphérie des questions d'ordre politique et social qui engagent le devenir de la société gabonaise. Un tel décentrement - qui ne signifie nullement impertinence - s'inscrit dans les termes de la logique proprement conçue par l'auteur. On est tenté de parler ici d'une « écriture de l'autarcie ». On entend ainsi celle

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