L'évasion Chez Baudelaire

L’évasion chez Baudelaire

Le désir d’évasion c’est un sentiment qui appartient à la nature humaine. Parmi les auteurs étudiés celui qui mieux incarne pour moi cette impulsion est Baudelaire.

Ce poète a recherché l’évasion dans sa vie et dans sa poésie. S’évader du quotidien, des soucis, des tourments intérieurs, des gens, est un motif récurrent de son recueil « Les Fleurs de Mal ».

Depuis son enfance il s’est révolté à toute contrainte sociale et a recherché la liberté.

Écoeuré par la vie, le poète aspire à un ailleurs. Cet autre monde, l'imagination lui en fournit la révélation. Mais seuls les artifices de l'art pourront le fixer et le faire partager.

La vie pour Baudelaire est fondamentalement laide : le temps qui dévore toutes choses transforme inéluctable¬ment la plus fraîche beauté en charogne repoussante. Le poète rêve alors d'échapper à cet univers oppres¬sant.

L’évasion qu’il poursuit dans ses poésies révèle en effet sa conception de la vie et de l’homme : la dualité de laquelle l’homme est esclave, partagé entre le bien et le mal, entre l’aspiration à l’idéal et le spleen.

La poésie elle même devient pour Baudelaire l’évasion par excellence : l’écriture permet au poète de transformer le mal, le laid, le malheur de la vie en beauté, en « fleurs ».

L’évasion est un motif récurrent de ses poésies et de ses poèmes en prose. L’écriture est d’une part un moyen de s’enfermer dans un monde sans limites et sans frontières et de l’autre un moyen de transfigurer la réalité.

L’évasion devient un remède au spleen de l’auteur et Baudelaire utilise tous les moyens qui peuvent l’aider à s’affranchir de réel : le voyage, l’amour et la femme, le vin et les drogues.

Baudelaire a évoqué les attraits et les risques de ces « paradis artificiels». Il sait surtout que l'imagination de l'homme vaut tous les opiums et tous les voyages. Quel périple exotique peut en effet se comparer à nos navigations imaginaires? Quelle femme réelle peut rivaliser avec celle dont nous rêvons ?

Il n'est pas pour Baudelaire de spectacle plus exaltant que la vue d'une fenêtre fermée; car derrière ce petit carreau sombre à peine animé d'une lueur, nous pouvons tout imaginer, accroissant à l'infini notre monde intérieur. Les visions de Baudelaire naissent toujours de sensations, celles de l'odorat en particulier. Un parfum suffit à susciter une fleur, une femme, une île; car chaque sensation en engendre d'autres, à l'infini.

Mais ces sensations reliées entre elles horizontalement se relient aussi verticalement à des idées. Pour l'imagination poétique, tout est symbole : « la terre et ses spectacles » sont « un aperçu, une correspondance du Ciel».

Malheureusement l'univers splendide et inquiétant de l'imaginaire peut à tout instant s'évanouir, brisé par quelque rappel inopportun du réel. Comment fixer ces visions fugitives? Comment les faire partager ? C'est le but de l'Art.

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