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L'étranger d'Albert Camus

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Par   •  15 Mai 2013  •  2 167 Mots (9 Pages)  •  690 Vues

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(Albert Camus)

L’étranger

(Albert Camus)

14 décembre 2007 par Jean-Louis Millet

L’étranger est un livre qui, plus de cinquante ans après sa parution, mieux que beaucoup d’autres, a gardé toute sa pertinence.

« ... J’ai résumé L’étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale : "Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort." Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle... il refuse de mentir...

[...] On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L’étranger l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité. » [1]

Nous sommes dans l’Algérie coloniale des années trente [2]. Un pays mis en coupe réglée par l’Administration et les colons français. Les gros, car tout autour vit ou survit une population d’origine européenne de petits, d’humbles, attirée là depuis des années par l’espérance d’une vie meilleure. Partout ailleurs, les "bouniouls", les "ratons", les "crouilles" aux droits inexistants, tout juste bons à travailler dans les domaines ou à servir de fer de lance à l’armée pour les basses œuvres. Albert Camus est originaire de cette terre algérienne et souffre de ce qu’il y voit. Il prend résolument parti dans le débat nord-africain et voit la censure s’abattre sur ses écrits. Il milite par ailleurs contre la peine de mort...

Madame Meursault, la mère du "héros", meurt dès le début du livre et en un instant s’installe le malaise :

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. »

Meursault apparaît détaché de l’évènement. Suit cependant sa participation aux obsèques :

« L’asile est à deux kilomètres du village. J’ai fait le chemin à pied. J’ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m’a dit qu’il fallait que je rencontre le directeur. ... C’est un petit vieux, avec la Légion d’honneur [3]. [...] Il a consulté un dossier et m’a dit : « Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J’ai cru qu’il me reprochait quelque chose et j’ai commencé à lui expliquer. Mais il m’a interrompu : « Vous n’avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici. » J’ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » [...] Quand elle était à la maison, maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à l’asile, elle pleurait souvent. Mais c’était à cause de l’habitude. Au bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l’avait retirée de l’asile. Toujours à cause de l’habitude. C’est un peu pour cela que dans la dernière année je n’y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche - sans compter l’effort pour aller à l’autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route. »

Les liens familiaux se sont dilués puis se sont effacés comme cela, par habitude. Cette vérité est inacceptable n’est-ce pas ? Et pourtant !

Cette indifférence apparente aux êtres et aux choses trouve confirmation dans la relation qu’il a avec sa compagne.

« Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle voulait savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors ? » a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D’ailleurs, c’était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non. » [...] Comme je me taisais, n’ayant rien à ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se marier. »

Autre épisode surprenant, celui où il refuse la promotion que lui propose son patron. Comment un homme peut-il dire et faire de telles choses ? Et pourtant !

Arrive alors dans le récit le meurtre que Meursault commet comme par inadvertance sur une plage inondée de soleil. Il y est pour se détendre. Un ami lui a conseillé de faire attention aux Arabes qui pouvaient traîner là et, à son corps défendant, lui a prêté un révolver puis, « ... C’était le même soleil que le jour où j’avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. [...] ... l’Arabe a tiré son couteau qu’il m’a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l’acier et c’était comme une longue lame étincelante qui m’atteignait au front. [...] Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été

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