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L'oeuvre et le lecteur

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Par   •  19 Septembre 2019  •  Cours  •  7 223 Mots (29 Pages)  •  759 Vues

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Œuvre et Lecteur, Introduction

Bibliographie :

 Le plaisir du texte, Fragments d’un discours amoureux, Barthes

Qu’est ce que la littérature, Pour qui écrit-on ?, Sartre

Le vol du vampire, Michel Tournier

Eco, Lector in fabula 

Vincent Jouve, La lecture

Remarques liminaires :

Une première constatation, l’absence : l’intitulé laisse de côté l’auteur. Mais cette absence ne veut pas dire que cette notion serait à négliger. Il ne s’agit pas de l’hypertrophier, mais il ne faut pas non plus la jeter par la fenêtre. L’auteur est un être vivant, une fonction et une figure. On ne peut pas faire l’économie de cette notion, instance, dans la mesure où il faudra bien s’interroger sur ce que c’est qu’une œuvre, mais aussi à considérer la fonction d’interface de l’œuvre : c’est le lieu où deux instances se rencontrent : l’instance de production et le lecteur. Œuvre littéraire comme lieu d’un double désir : désir du lecteur pour l’œuvre et de l’œuvre pour le lecteur, mais aussi le texte comme manifestation par l’auteur de son désir pour le lecteur. Il faut donc envisager l’instance de production.

Deuxième remarque : si on a posé comme sujet l’œuvre et le lecteur c’est pour réfléchir à l’idée qu’un lecteur quel qu’il soit, en lisant, est animé du désir de devenir écrivain. C’est l’idée aussi que certaines œuvres n’auraient pas été écrites si leurs auteurs n’avaient pas lu une œuvre préalable à laquelle ils répondent. La littérature convoque toute une série de voix, et certaines se répondent. Flaubert explique dans certaines lettres qu’il a écrit L’Education sentimentale pour Sainte Beuve, que c’est une réponse à Volupté.

Enfin, tous les dvlpmts de la critique de la réception, issue des écoles allemandes. Avant même l’idée que l’œuvre littéraire doit faire l’objet d’une interprétation comme la partition musicale (Umberto Eco), Sartre avance que l’œuvre publiée est incomplète, et que pour être complète, pour exister, de la lecture, du lecteur, qui achève l’œuvre.  

Présentation du sujet :

Ce sujet apparemment binaire est une relation (et) et est donc un sujet ternaire : la copule « et ». On va commencer par étudier précisément les implications de la copule, pour ensuite voir ce qu’il en est de la notion « d’œuvre littéraire », qui n’est pas une évidence, comme le lecteur n’est pas non plus une évidence, puisque la notion recouvre à la fois tout le monde et n’importe qui, mais aussi des lecteurs/ lectrices données, des groupes sociaux-culturels déterminés, et puis le lecteur tel qu’on peut en proposer une théorie. Il ne s’agit pas du surinvestir les théories du lecteur (par exemple le narrataire, celui à qui, en tant que fonction, le narrateur s’adresse, « ô vous lecteurs »).

Le sujet propose de réfléchir aux relations existantes entre une œuvre littéraire, des œuvres littéraires, l’œuvre littéraire en tant que représentante de la littérature – il faudra envisager la spécificité des genres – et le lecteur, quel que soit le sens qu’on donne à ce terme.

Le cas de Montaigne est très intéressant car il se présente comme un auteur qui ne veut pas de lecteur, qui se met lui-même en scène comme lecteur, et Les Essais sont d’abord une « lectio », cad une interprétation, un commentaire de remarques à partir desquelles il médite. Les Essais sont d’abord l’écriture des lectures de Montaigne.

Il faut caractériser les rapports qui peuvent être à la fois d’intégration, de juxtaposition de consciences imperméables, mais peut-être aussi d’exclusion. Comment le texte absorbe le lecteur, rapport de séduction (Emma Bovary, Don Quichotte qui finissent par vivre à ce point dans l’univers des romans, qu’ils ne vivent plus que dans ces « illusions »), mais de la même manière le lecteur peut intégrer/activer un certain nombre de valeurs de l’œuvre littéraire. Les pièces de Corneille n’étaient-elles pas là pour devenir un héros ?

C’est précisément ce qui peut à la fois bien fonctionner, ne pas fonctionner ou surfonctionner (Don Quichotte). Ce rapport d’intégration est renvoyé à la question de la séduction, que développe Barthes dans Le plaisir du texte. Le lecteur dit « le texte que vous écrivez doit me donnez la preuve qu’il me désire ; cette preuve existe, c’est l’écriture, l’écriture est ceci : la science des jouissances du langage. » Voilà pourquoi les lecteurs doivent absolument s’imaginer que l’auteur est une personne biographique, parce qu’il faut personnaliser l’effet désirant. D’un autre côté, Barthes dit « écrire dans le plaisir m’assure-t-il, moi, écrivain, du plaisir de mon lecteur ? Nullement, ce lecteur il faut que je le cherche, que je le drague, sans savoir  il est – la question du qui n’est pas posé – ».

Tricks, de Renaud Camus, dans lequel, s’adressant aux lecteurs, il donne son numéro de téléphone. L’œuvre comme lieu de rencontre de leur désir commun. Le lien avec les petites annonces étudiées par Barthes : il n’y aurait pas de différence de nature entre l’œuvre littéraire et les petites annonces.

Il faut que l’auteur donne des gages. Dans cette idée de la drague, le titre est essentiel, c’est lui qui attire le lecteur. La séduction du lecteur peut être d’ordre lexical, le champ du discours amoureux dans La recherche de l’absolu, l’amour comme ce qui sauve, sous le signe des femmes et du sublime, manière de séduire les lecteurs – lectrices de Balzac. Le poème de Villon est écrit en argot, donc il y a un public fermé qui est visé et qui est seul à même de comprendre.

Enfin le dernier critère c’est celui de la lisibilité. « On ne dira jamais assez quel amour il y a dans le travail de la phrase. » Il s’agit de faire de belles phrases, pas destinées à soi, mais destinées à exprimer, à porter l’amour à autrui, à donner, comme le pélican qui se fouille lui-même pour nourrir ses petits (figure du poète pour Musset), l’écriture qui se manifeste est un acte d’amour, une production amoureuse dont le lecteur est le destinataire.

Mais aussi ces éléments qui théoriquement garantissent l’établissement de la relation entre auteur et lecteur au sein du texte peuvent ne pas fonctionner. Si l’œuvre littéraire est destinée à un public déterminé, ce n’est pas simplement ceux pour lesquels le texte était écrit qui le lisent. Toutes les réflexions de Valéry sur le fait qu’au fur et à mesure des lectures d’une œuvre, tout se passe comme si la nature de cette œuvre changeait. C’est l’érudition qui tente de reconstituer « l’horizon d’attente »/ l’horizon de lecture d’un texte, quels étaient les conditions de lecture d’une œuvre.

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