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L'artiste de la vie moderne Baudelaire

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Par   •  18 Janvier 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 152 Mots (9 Pages)  •  1 367 Vues

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Le Peintre de la vie moderne

Selon Baudelaire, l’artiste moderne échappe au dilemme entre la fugitivité et éternité qu’assure le dégagement de l’invariable. La modernité ne saurait se confondre ni avec celle d’actualité ni avec celle d’intemporalité.

"Spleen" de Baudelaire

Introduction : à l'intérieur des Fleurs du Mal, quatre poèmes se succèdent sous le même titre "Spleen". Emprunté à la langue anglaise, ce terme désigne initialement la rate, longtemps considérée comme le siège des humeurs mauvaises de la mélancolie. Il désigna ensuite par extension la tendance aux idées noires. Mais, pour Baudelaire, le spleen recouvre une réalité plus complexe. C'est un sentiment d'angoisse, d'ennui, une sensation d'usure et de faiblesse. On le vérifie dans un des ces quatre poèmes, un sonnet en alexandrins, aux rimes alternées. Il conviendra d'abord de voir en quoi l'univers de ce sonnet est oppressant et morbide puis nous constaterons qu'aux yeux du poète, toutes les perspectives de bonheur semblent anéanties.

I. Un univers douloureux et morbide

L'univers que le poète dépeint est très révélateur de son état d'âme.

1. Un décor oppressant

L'atmosphère hivernale rend ce décor étouffant : "pluviôse", "grands flots" (hyperbole), "froid ténébreux", "frileux", "brumeux".

Notons que "pluviôse" occupe la fonction sujet et est personnifié. Le poète lui confère ainsi une grande force. Les hommes semblent impuissants, incapables d'y faire face et ne font que subir. L'allitération en [r] des deux premiers vers renforce la rigueur du climat.

Par ailleurs, nous assistons tout au long du sonnet à un rétrécissement du monde qui intensifie la sensation d'oppression. En effet, le regard général sur la "ville entière" du vers 1 se restreint aux dimensions d'une pièce close dans le 2nd quatrain puis s'immobilise sur une table de jeux : ce rétrécissement de l'espace rend compte du sentiment d'oppression du poète.

2. La maladie et la proximité de la mort

La maladie et la mort sont extrêmement présentes dans ce sonnet et semblent hanter l'esprit du poète en proie au spleen. On relève un champ lexical de la maladie et de la difformité physique : "corps maigre et galeux", "galeux", enrhumée", "vieille hydropique". La plupart de ces termes ont une connotation particulièrement négative.

La mort est également très présente. Le poète ne semble voir qu'elle autour de lui : "voisin cimetière", "mortalité", "fantôme", "héritage fatal", "sinistrement", "amours défunts".

3. La prolifération de détails prosaïques

Les objets évoqués dans ce sonnet renvoient à une réalité ordinaire, triviale et décevante à laquelle le poète ne semble pouvoir échapper : "carreau", "litière", "bourdon", "un jeu plein de sales parfums" donc vieux, "gouttière". Tous ces mots renvoient à une réalité qui n'a rien de reluisant. Quant à la pendule, elle est associée par le participe passé "enrhumée" au dysfonctionnement. Cette pendule semble refléter l'âme malade du poète.

Ce sonnet décrit très précisément la façon dont le spleen investit l'environnement du poète en proie à un sentiment de dégoût, d'étouffement et qui a visiblement exclu toute possibilité de bonheur, renoncé à l'Espoir, à l'Idéal.

II. Des perspectives de bonheur réduites à néant

Le poète, en proie au spleen, semble être dégoûté par ce qui d'ordinaire, le fascine

1. la femme et l'amour

Elle était muse et plaisir. Elle incarnait la sensualité. Or, ici la seule femme évoquée est présentée de façon très peu flatteuse : "vieille hydropique". Quand l'adjectif "vieille" est substantivé, sa connotation devient particulièrement dévalorisante. Par ailleurs, "hydropique" évoque une maladie dont les répercussions sur le physique sont peu reluisantes puisqu'il s'agit d'une accumulation pathologique de sérosité dans une partie du corps, notamment dans l'abdomen. Enfin, il y a une nette opposition entre le "beau valet de cœur" et la "dame de Pique". La femme ne semble donc plus propice à faire rêver le poète.

L'amour, étroitement lié à la femme, n'est envisagé qu'au passé : cf. "défunts". Il ne semble guère laisser d'agréables souvenirs puisque c'est "sinistrement" qu'on en "cause". Or, la connotation de cet adverbe est assez négative. Ces deux termes sont mis en évidence par leur position en fin de chaque hémistiche.

2. Le chat

D'ordinaire, il fait partie des compagnons privilégiés du poète. Il apparaît ici maladif et dans une situation particulièrement dévalorisante, "cherchant une litière"

3. la poésie

Dans bon nombre de poèmes, le poète est fier de sa condition, s'élevant par le biais de la poésie au-dessus des autres hommes. Or, ici, l'image du poète a perdu tout son prestige. Elle est ici douloureuse et négative. Le poète apparaît condamné à l'errance : "l'âme d'un vieux poète erre". Le poète n'est envisagé que conjointement à la vieillesse et à la mort. Il a perdu la fougue et l'enthousiasme de la jeunesse. Cela se voit confirmé au vers suivant où le chant poétique se voit réduit à une plainte endeuillée : "triste", "fantôme", "frileux".

Conclusion : ce poème permet de définir les caractéristiques du spleen. Le poète, en proie à l'angoisse, construit un monde oppressant, étouffant et n'aspire plus au bonheur. Ce sonnet est caractéristique de l'art baudelairien qui privilégie les images, les sensations aux discours intellectuels et théoriques. Ici, le poète sous-entend son mal de vivre sans l'exprimer clairement, ni employer la 1ère personne. On peut considérer ce poème comme moderne du fait de la présence de détails

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