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L'appareil Photo Ecrit Par Jean P.Toussaint

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Par   •  28 Mai 2012  •  1 241 Mots (5 Pages)  •  1 261 Vues

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L'Appareil-photo

Jean-Philippe Toussaint

L’Appareil-photo est un roman de l’écrivain contemporain belge Jean-Philippe

Toussaint, paru en 1989 aux éditions de Minuit. Le titre de ce livre, s’il renvoie à une scène du récit lors de laquelle le personnage-narrateur vole un appareil-photo oublié sur un paquebot et prend des photos au hasard en s’enfuyant avant de le jeter à la mer, annonce également sans équivoque que le récit entretient un rapport à la production photographique.

Le fonctionnement narratif de L’Appareil-photo semble selon nous se rapprocher par

certains aspects du modèle optique auquel le roman se réfère. Au niveau de la configuration narrative, tout d’abord, il convient de relever que les événements relatés par ce roman ne sont nullement articulés par des liens de causalité explicites. Cette absence de liens de cause à effet entre les événements,est d’ailleurs soulignée dans le savoureux incipit du roman:

”C’est à peu près à la même époque de ma vie, vie calme où d’ordinaire rien n’advenait, que

dans mon horizon immédiat coïncidèrent deux événements qui, pris séparément, ne

présentaient guère d’intérêt, et qui, considérés ensemble, n’avaient malheureusement aucun

rapport entre eux.”

Quoi qu’il en soit de ces deux événements, dont un seul d’ailleurs sera développé (il

s’agit de sa décision d’apprendre à conduire), cet incipit semble annoncer le déroulement peu arbitraire du récit, qui traitera tour à tour et sans établir de « rapport entre eux », d’événements tels que la première visite du narrateur à l’école de conduite, un bref déplacement à Milan lors duquel ce dernier effectue une visite chez le pédicure, la quête d’une bouteille de gaz avec l’employée de l’auto-école, un week-end à Londres avec cette dernière également et une nuit d’attente à Orléans après que le narrateur a raté le train.

Il convient également de s’attarder sur ce narrateur et sur sa poétique narrative et descriptive particulière, qui semble de manière générale mettre en scène un regard sur le réel que nous pourrions, dans une certaine mesure, qualifier de « photographique ».

Le narrateur de L’Appareil-photo, en effet, s’il ne pense pas comme nous venons de

voir sa relation d’événements sur le mode d’une mise en intrigue traditionnelle, ne pense pas non plus son rapport au réel sur le mode de l’action. Au lieu de s’imposer au réel et de lui imposer un ordre né de l’intention, à la manière d’un personnage romanesque traditionnel, le narrateur de cet roman souhaite au contraire laisser le réel s’imposer à lui : ainsi, à la page 14 de L’Appareil-photo, le narrateur évoque-t-il son « jeu d’approche [face à la réalité], assez obscur en apparence » et consistant « à ne jamais rien brusquer ».

Cette manière du narrateur de laisser le réel s’offrir à ses yeux est extrêmement

significative dans la dernière scène du roman, lors de laquelle celui-ci se retrouve assis

dans une cabine téléphonique après avoir raté le dernier train suite à un dîner chez des

amis puis marché le long d’une route, et qu’il regarde l’aube naissante :

„Le jour se levait maintenant, je le voyais se lever derrière les parois de la cabine, c’était encore la nuit, mais une nuit atténuée d’aube claire et bleutée, rien ne bougeait dans la campagne avoisinante, et le jour se levait lentement sous mes yeux, enrobant peu à peu l’air alentour de teintes lumineuses et légères qui enveloppaient l’atmosphère de clarté transparente et tremblante, et, assis derrière les vitres de cette cabine téléphonique complètement isolée dans la campagne déserte, je regardais le jour se lever et songeais simplement au présent, à l’instant présent (…)” (p.126-127)

Le narrateur de L’Appareil-photo ne considère pas le réel comme « le lieu ou le moyen de son affirmation : il ne cherche pas à lui donner sens ou forme selon des intentions définies, mais veut tout autrement saisir au plus près ses agencements intimes ou sereins ». Cette saisie descriptive objective et présentiste, qui passe par le sens de la vue et qui insiste sur les luminosités, se rapproche d’une saisie photographique.

Dans tout le début du récit, nous trouvons en effet des allusions au fait que le narrateur

semble à s’occuper des photographies d’identité dont il a besoin afin d’ouvrir son fameux

...

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