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L'absurde Dans En Attendant Godot

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Par   •  13 Mai 2014  •  4 261 Mots (18 Pages)  •  4 013 Vues

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Préambule

À quoi pense-t-on, en premier lieu, lorsque l’on réfléchit à notre époque, au XXIe siècle? Les mots se bousculent : surconsommation, hyper-sexualisation, nanotechnologie, instantanéité, pollution, déséquilibre social, avenir incertain, et la liste est longue, très longue. L’excès, en toutes choses, est devenu une habitude, un mode de vie pour le monde occidental. Toutes ces valeurs d’apparences ne semblent exister que pour combler un vide laissé par le non-sens de l’existence humaine. À une époque des plus excessives que la Terre n’ait jamais connue, l’absurdité ne peut que frapper en plein visage, surtout avec l’horizon catastrophique - la fin des temps - qui semble inévitable et imminente (à cause de toutes les idées de grandeur de l’homme, incapable d’admettre et de remédier à ses propres erreurs), mais qui toutefois, fait de plus en plus jaser et de moins en moins réagir. Bref, nul doute que l’absurdité est inhérente à la société contemporaine. C’est pourquoi il apparaît pertinent de mettre en lien une œuvre du courant absurde du milieu du siècle dernier avec une autre plus actuelle. Cette analyse portera en effet sur l’absurde - et l’humour absurde - dans la pièce de théâtre En attendant Godot (1952) de Samuel Beckett et dans Nous, les vivants (2007), un film de Roy Andersson. Les facettes du sujet telles que la source du non-sens dont il est question, les personnages, la difficulté de communication entre ces derniers, leur sentiment d’impuissance et les procédés comiques en lien avec l’absurde utilisés dans les différents médiums sont parmi les aspects les plus pertinents à analyser.

La source du non-sens

Dans En attendant Godot

En attendant Godot est une pièce de Samuel Beckett jouée pour la première fois en 1953, dans les débuts du mouvement du théâtre de l’absurde. Ce courant était le résultat d’une profonde désillusion et d’une prise de conscience de l’absurdité du monde engendré par les facteurs historiques mettant en évidence la tragédie humaine. Par exemple : la première et la deuxième Guerre mondiale, l’holocauste, Hiroshima et Nagasaki, les goulags russes, etc. Le théâtre de l’absurde était aussi une suite logique au mouvement Dada du début du vingtième siècle et aux penseurs existentialistes comme Sartre et Camus. Depuis Nietzsche, les gens ont l’impression que "Dieu est mort", qu’il n’y a plus de dieu. Ils ont l’impression de vivre une existence sans cause et sans but.

Dans Nous, les vivants

Nous, les vivants[1] et son absurdité trouvent leur origine dans la société contemporaine matérialiste, consumériste, centrée sur l’individu et entièrement basée sur des valeurs superficielles et l’importance des apparences. De plus, les Suédois ont été marqués par la guerre froide et la peur constante d’une attaque nucléaire. Cette dernière, bien qu’elle fût planétaire, était encore plus présente en Suède, pays d’origine de Roy Andersson et endroit où se situe l’action de Nous, les vivants, puisque ce pays avait une situation géopolitique délicate. En effet, tout au long de la guerre froide, la Suède était coincée entre les deux grands blocs, les deux grandes alliances, et tentait du mieux qu’elle pouvait de maintenir une neutralité dans le conflit. C’est le genre de situation qui reste imprégnée dans une nation et dans ses mœurs même après la fin d’un conflit.

Comparaison

L’absurdité contemporaine, comme celle dans le film de Roy Andersson, se veut un écho du mouvement absurde des années 50 déjà fondé sur des preuves historiques de la tragédie humaine, auxquelles s’ajoutent aujourd’hui le terrorisme, les conflits interminables au Moyen-Orient, la guerre froide et la peur constante d’une guerre nucléaire. Dans les deux cas, la source du non-sens se retrouve sensiblement dans les mêmes constats, excepté que, à l’époque, de tels constats étaient nouveaux. On n’avait jamais eu autant accès à l’information et on s’indignait de ce qu’on ignorait auparavant. Aujourd’hui, bien que les facteurs témoignant de cette absurdité se soient multipliés, ils semblent avoir moins d’impact, puisqu’on y est habitué. Tout ça est devenu partie inhérente de notre société et attire moins l’attention. L’absurdité se propage, dirait-on, plus sournoisement.

Les personnages

Dans En attendant Godot

Les deux personnages principaux, bien que ce ne soit jamais dit clairement dans la pièce, sont des clochards. Du moins, c’est ce que le spectateur en déduit, car il essaie de cerner les personnages et de les rattacher à ce qu’il connaît et leur ressemble le plus. Ce sont des personnages sans réalité sociale, ils sont anonymes (ils n’ont que leur prénom), ils n’ont pas vraiment d’identité et ne font pratiquement rien, sinon qu’être là pour remplir le vide de l’attente dans un lieu vaguement réel. Ces protagonistes sont des anti-héros poussés à l’extrême, vidés de leur bon sens, désertés par l’intelligence et dont la quête ne mène à rien. Ils n’ont d’ailleurs aucune mémoire, se rappellent difficilement ce qu’ils font là et n’ont aucune conscience de l’absurdité de leur situation. Il y a aussi Pozzo et Lucky qui représentent, respectivement, la classe dirigeante et la classe ouvrière, pour venir agrandir un peu le portrait sociétal que dépeint Beckett.

Dans Nous, les vivants

De ce côté, les personnages sont beaucoup plus nombreux et variés, ce qui forme une sorte de fresque sociale d’une grande ville suédoise. Dans leurs rangs, on y compte une alcoolique dans la quarantaine, une enseignante, un vendeur de tapis, un psychiatre, un coiffeur, plusieurs employés de bureau, des personnes âgées, des musiciens, des voisins fouineurs, quelques hommes d’affaires, etc. Ceux-ci montrent que l’absurdité de l’existence se moque des classes sociales et affecte vraiment tout le monde.

Comparaison

Dans la pièce de Beckett, les personnages principaux sont des exclus de la société, des sans-abri, des sans identité, des sans travail

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