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L'Invitation Au Voyage De Baudelaire

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Par   •  29 Décembre 2012  •  1 058 Mots (5 Pages)  •  2 418 Vues

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Baudelaire L’Invitation au voyage

1. Situation du texte

Ce poème, écrit par Baudelaire en 1855, appartient au cycle dit des « amours de Marie Daubrun ». Il est à ce sous-ensemble lyrique des Fleurs du mal ce que « Le Balcon » était au cycle de Jeanne Duval ou « Harmonie du soir » à celui d’Apollonie Sabatier : une synthèse et une sublimation avec ici, comme dans ces deux autres cas, une innovation formelle exceptionnelle, à la hauteur des émotions et des désirs exprimés.

2. Une forme originale au service de la musique

Les choix formels sont inédits sous la plume de Baudelaire, à commencer par celui des mètres impairs (pentasyllabes et heptasyllabes), dont Verlaine fera plus tard l’usage que l’on sait. Leur utilisation est sans doute ici justifiée par la volonté du poète de donner à son texte l’allure et le tempo d’une ballade, d’une romance ou mieux encore d’une berceuse, si l’on veut bien considérer la valeur du sommeil de la dernière strophe.

Les strophes elles-mêmes, qui sont des douzains, sont remarquables par leur schéma de rimes très élaboré, où se succèdent deux rimes suivies (ad), quatre rimes embrassées (bccb) puis de nouveau deux suivies (dd) et quatre embrassées (effe). Cet enchaînement revient en fait à structurer le douzain en un contrepoint subtil de deux distiques et de deux quatrains.

Le triple refrain contribue, lui, à l’enchaînement musical des douzains entre eux. Son effet mélodique, itératif et comme psalmodié, est accompagné au fi l des strophes de

nombreux autres effets sonores et rythmiques. On relèvera ainsi, dans la première strophe, la cadence donnée par la consonance en m (v. 1, 4, 5, 7), dont le discret « murmure » est peut-être précisément celui de la « douce langue natale » (maternelle ?), dont il sera question au vers 26 ; on y appréciera encore le non moins discret brouillage

phonétique (« soleils », « mouillés », « ciels », « brillant », « brouillés ») qui colore toute la strophe et renforce l’imprécision sémantique. Dans le deuxième douzain, on sera

sensible cette fois à la répétition de la voyelle nasale an/en (« luisants », « ans », « chambre », « mêlant », « senteurs », « ambre », « splendeur, « langue », « orientale »), qui donne à la strophe sa musique et son « odeur » ; effet renforcé de surcroît par un habile jeu de rimes intérieures, puisque la rime suivie en eur des vers 18-19 est doublée par la rime à distance de « senteurs » (v. 20) avec « splendeurs » (v. 23).

3. Une compagne de voyage Inspiré par la jeune Marie Daubrun, le poème met en scène une compagne de voyage dont la « douceur » (v. 2) contraste apparemment avec le caractère des autres partenaires féminines du poète dans Les Fleurs du mal. Non

seulement sa féminité paisible se fond dans les profi ls innocents de « l’enfant » et de la « soeur » (v. 1), mais elle laisse même entrevoir – ce qui est fort rare dans le recueil

– la promesse d’un amour partagé et serein : « D’aller là-bas, vivre ensemble ! » (v. 3).

Toutefois, cette sérénité initiale, dans un mouvement proche de celui du « Balcon », est comme creusée et minée par les méfi

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