LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L’Education Sentimentale de Gustave Flaubert, commentaire composé

Commentaire de texte : L’Education Sentimentale de Gustave Flaubert, commentaire composé. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2012  •  Commentaire de texte  •  2 266 Mots (10 Pages)  •  9 705 Vues

Page 1 sur 10

L’Education Sentimentale de Gustave Flaubert, commentaire composé, partie I, chapitre 5.

Texte étudié :

Frédéric descendit l'escalier marche à marche. L'insuccès de cette première tentative le décourageait sur le hasard des autres. Alors commencèrent trois mois d'ennui. Comme il n'avait aucun travail, son désœuvrement renforçait sa tristesse.

Il passait des heures à regarder, du haut de son balcon, la rivière qui coulait entre les quais grisâtres, noircis, de place en place, par la bavure des égouts, avec un ponton de blanchisseuses amarré contre le bord, où des gamins quelquefois s'amusaient, dans la vase, à faire baigner un caniche. Ses yeux délaissant à gauche le pont de pierre de Notre-Dame et trois ponts suspendus, se dirigeaient toujours vers le quai aux Ormes, sur un massif de vieux arbres, pareils aux tilleuls du port de Montereau. La tour Saint-Jacques, l'Hôtel de Ville, Saint-Gervais, Saint-Louis, Saint- Paul se levaient en face, parmi les toits confondus, - et le génie de la colonne de Juillet resplendissait à l'orient comme une large étoile d'or, tandis qu'à l'autre extrémité le dôme des Tuileries arrondissait, sur le ciel, sa lourde masse bleue. C'était par-derrière, de ce côté-là, que devait être la maison de Mme Arnoux.

Il rentrait dans sa chambre ; puis, couché sur son divan, s'abandonnait à une méditation désordonnée : plans d'ouvrages, projets de conduite, élancements vers l’avenir. Enfin, pour se débarrasser de lui-même, il sortait.

Il remontait, au hasard, le Quartier latin, si tumultueux d'habitude, mais désert à cette époque, car les étudiants étaient partis dans leurs familles. Les grands murs des collèges, comme allongés par le silence, avaient un aspect plus morne encore ; on entendait toutes sortes de bruits paisibles, des battements d'ailes dans des cages, le ronflement d'un tour, le marteau d'un savetier ; et les marchands d'habits, au milieu des rues, interrogeaient de l'œil chaque fenêtre, inutilement. Au fond des cafés solitaires, la dame du comptoir bâillait entre ses carafons remplis ; les journaux demeuraient en ordre sur la table des cabinets de lecture ; dans l'atelier des repasseuses, des linges frissonnaient sous les bouffées du vent tiède. De temps à autre, il s'arrêtait à l'étalage d'un bouquiniste ; un omnibus, qui descendait en frôlant le trottoir, le faisait se retourner ; et, parvenu devant le Luxembourg, il n'allait pas plus loin.

Quelquefois, l'espoir d'une distraction l'attirait vers les boulevards. Après de sombres ruelles exhalant des fraîcheurs humides, il arrivait sur de grandes places désertes, éblouissantes de lumière, et où les monuments dessinaient au bord du pavé des dentelures d'ombre noire. Mais les charrettes, les boutiques recommençaient, et la foule l'étourdissait, - le dimanche surtout, - quand, depuis la Bastille jusqu'à la Madeleine, c'était un immense flot ondulant sur l'asphalte, au milieu de la poussière, dans une rumeur continue ; il se sentait tout écœuré par la bassesse des figures, la niaiserie des propos, la satisfaction imbécile transpirant sur les fronts en sueur ! Cependant, la conscience de mieux valoir que ces hommes atténuait la fatigue de les regarder.

Plan :

Introduction

I / Une description.

II / Le désœuvrement.

III / Le vide de l’existence de Frédéric.

Conclusion

Introduction :

L’Education sentimentale est un texte de Gustave Flaubert qui conte les aventures de Frédéric, un jeune homme plein d’espoirs et de projets qui va perdre ses illusions peu à peu au contact de la réalité. Dans la première partie du roman, Frédéric rencontre Madame Arnoux dont il tombe follement amoureux ; ce sentiment perdure jusqu’à devenir une obsession.

Dans le chapitre 5 de la partie I, la tentative de Frédéric de fréquenter Madame Arnoux échoue ; en effet la jeune femme a quitté Paris et laisse le jeune étudiant dans un désœuvrement total. Dans ces circonstances, on peut se demander quel est l’enjeu de notre extrait et de quelle manière il montre le désœuvrement de Frédéric.

Tout d’abord, ce texte fonctionne sur le mode de la description, ensuite l’absence d’actions et d’occupations participe au désœuvrement du jeune homme, et enfin, l’esthétique du roman est de dire cet ennui, d’exprimer le vide de son existence.

I / Une description.

Notre extrait est constitué de cinq paragraphes, dont le premier sert d’introduction. Il annonce ce vers quoi va porter la description : l’ennui de Frédéric. Pour ce texte descriptif, la vue a donc un rôle important car c’est elle qui conduit la structure du texte. On observe de nombreuses occurrences liées à la vue, par exemple, « Il passait des heures à regarder » ou « Ses yeux ». On remarque la subtilité de l’écriture de l’auteur à travers la phrase « les marchands d’habits, au milieu des rues, interrogeaient de l’œil chaque fenêtre, inutilement », car il y a un double jeu du regard: Frédéric est en train de regarder des personnes qui regardent. L’ajout en fin de phrase de l’adverbe « inutilement » agit comme une chute : il montre le caractère vain de cette contemplation qui peut rappeler celle de Frédéric. De plus la dernière occurrence de la vue, « regarder » est également le dernier terme de l’extrait ; cette position de clôture semble résumer la description qui a eu lieu tout au long du texte.

La description est répartie dans les trois paragraphes les plus longs, qui sont eux-mêmes composées de trois ou quatre phrases seulement. La longueur des phrases crée un effet d’allongement, elle symbolise la lenteur du temps qui peine à s’écouler.

La construction des phrases s’effectue sur le principe de l’accumulation ; par exemple pour les lieux, « La tour Saint-Jacques, l’Hôtel de ville, Saint Gervais, Saint Louis, Saint-Paul se levaient en face ». On remarque également une juxtaposition de propositions, par exemple de la ligne 4 à 6, qui ensevelissent le texte sous un surplus d’informations. Dans le troisième paragraphe, pour une seule phrase on observe l’utilisation des deux tirets et de plusieurs virgules. La ponctuation est très étudiée et renforce cette idée de la lenteur

...

Télécharger au format  txt (14.2 Kb)   pdf (139.3 Kb)   docx (13.6 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com