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« Justice, Punir... » - Extrait du blog d’Eric Cobast

Fiche de lecture : « Justice, Punir... » - Extrait du blog d’Eric Cobast. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  17 Janvier 2015  •  Fiche de lecture  •  4 332 Mots (18 Pages)  •  702 Vues

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Document 1 : « Justice, Punir… » - Extrait du blog d’Eric Cobast – France 2012

Qu’est-ce qu’une peine ? Assurément une peine est destinée à « faire de la peine »…Ce qui est pénal a vocation étymologique à être pénible. Pourquoi l’Etat aurait-il à administrer « de la peine » ? Quelle réponse utile donner à la délinquance ?

A-Peine ou Châtiment ?

Le délinquant, par définition, commet un délit, c’est-à-dire une faute, un manquement eu égard aux lois qui dans un lieu donné et en un temps déterminé régissent la vie dans la société. Quand les lois n’existent pas pour condamner un comportement perçu néanmoins par les pouvoirs publics ou par la population comme préjudiciable, il faut attendre que le législateur agisse et décide, par le vote d’un texte, de « pénaliser » ce comportement. Il peut d’ailleurs tout autant « dépénaliser » des actes qui cesseront dès lors d’être des délits. Ainsi la liste des délits est-elle changeante, au gré parfois des fluctuations de l’opinion publique ou des frontières. Fumer dans un lieu public est aujourd’hui pénalisé, demain consommer du cannabis ne le sera peut-être plus. Il paraît nécessaire de donner à la délinquance une réponse, mais de quel ordre ? Autrefois, à la notion de « punition », on préférait celle de « châtiment ». Le mot sonne plus gravement, il associe à la condamnation judiciaire la condamnation morale, voire divine. Mais il est aussi singulièrement plus précis et plus juste. En effet, « châtier » – castigare- c’est « réprimer », « contenir ».Le châtiment est destiné à repousser littéralement la violence de la transgression, le désir de désordre. Ce n’est pas la souffrance qui est recherchée mais le retour au calme, à l’ordre paisible que le délit a menacé. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils mener à leur terme cette restauration de l’équilibre social ? par l’usage de la force et l’administration de la souffrance physique et morale ? La punition ne constitue pas une pédagogie, pas plus d’ailleurs que la permission. Alors que faire ? Les obstacles qui détournent les hommes de commettre des délits doivent être d’autant plus forts qu’ils sont contraires au bien public. Il doit donc y avoir une proportion entre les délits et les peines. C’est en 1764 que le marquis de Beccaria formulait ce premier principe sur lequel repose une justice pénale efficace. Mais pour autant Beccaria ne remet pas en question la peine en elle-même.

La punition fut-elle toujours la règle en matière de justice et de règlement des préjudices et des délits. Le philosophe Michel Foucault entreprit au cours de l’année universitaire 1972-1973 de comparer, de classer les différentes solutions retenues par l’Histoire en matière de « châtiments ». Il dégagea quatre types de réponses publiques : l’exil, la réparation, la mutilation et l’incarcération.

- L’exil.

Bannissement, déportation, ostracisme, expulsion, exclusion, relégation…toutes ces formes qui renvoient à des réalités plus ou moins violentes et à des situations extrêmement diverses ont toutefois en commun de procéder d’une logique parfaitement claire : il y a « non- respect » des lois du groupe, c’est donc que le délinquant n’est pas adapté au groupe, qu’il n’y a pas sa place et qu’il convient, par conséquent, de le chasser. Aujourd’hui les expatriations sont volontaires et ne font évidemment plus l’objet de décisions de Justice. Ce type de choix était, explique Foucault, caractéristique du Monde Antique.

- La réparation.

Autre logique, autre volonté de rétablir un ordre perturbé. Un délit a été commis, il faut le réparer. Il y a eu dommage, et la justice réclame, exige de fixer le juste « dédommagement ». C’est un peu le principe de la loi dite du Talion qui impose une stricte équivalence entre le délit et son châtiment : « œil pour œil, dent pour dent, une vie pour une vie. » l’énoncé passe pour barbare mais il formule au contraire un principe civilisateur : pas de débordement, juste mesure de la réparation. Sauf qu’une dent prélevée de la bouche de mon agresseur de fera pas repousser celle qu’il m’a brisée…C’est pourquoi les réparations sont pour l’essentiel des compensations financières ou bien encore des travaux de restauration ou de réhabilitation de ce qui a été dégradé. Nous avons retenu cette forme de « châtiment », ce sont les « dommages » réclamées au Civil par les plaignants ou bien encore les peines de Travaux d’Intérêt général (TIG) prononcées pour des délits mineurs.

- La mutilation.

Il s’agit davantage de communiquer. La mutilation est à la fois une information et une opération dissuasive. Elle doit donc être visible. Et pour être plus exact, il conviendrait plutôt de parler de technique de « marquage ». Fer rouge, fleur de lys marquée à la naissance de la gorge des prostituées, lettre écarlate cousue sur l’habit des puritaines adultères ( Voir le roman de N. Hawthorne, The Scarlet letter) , étoile jaune ou rose. Amputation de la jambe de l’esclave « marron », de la main du voleur selon la Charia . La violence est évidemment insoutenable mais le but visé n’est pas d’abord la souffrance physique ou morale du condamné, c’est à destination des autres membres du groupe que le châtiment est infligé.

- L’incarcération.

C’est elle aujourd’hui qui fait principalement débat, simplement parce qu’il s’agit du principal recours pénal. En France, la situation est critique : Les établissements pénitentiaires ont un taux moyen de sur-occupation de 148% et certains dépassent même 200%.De fait, en 20 ans la population carcérale a augmentée de 100% de ses effectifs. Voilà pourquoi pour l’actuel Garde des Sceaux, la prison doit être le dernier recours. Christiane Taubira encourage en effet des aménagements de peine au moment du jugement, elle réclame notamment un recours limité aux peines planchers pour les récidivistes. On est toutefois fort loin des politiques menées aux Etats-Unis où l’on compte en moyenne 615 détenus pour 100 000 habitants, soit 7 fois plus que dans l’Union Européenne.

La prison est une réponse simple à une question complexe. Cette question nous la connaissons pour l’avoir posée à maintes reprises : Comment notre société doit-elle réagir à la délinquance ? Or la prison sous sa forme actuelle est une réponse hâtive, sommaire dans la mesure où ne se donnant pas tous les moyens de la « correction » et de la réinsertion, la prison est restée ce

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