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Jean De LA BRUYERE, Les Caractères, " De L'homme "

Dissertation : Jean De LA BRUYERE, Les Caractères, " De L'homme ". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Septembre 2013  •  1 660 Mots (7 Pages)  •  2 802 Vues

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I Un portrait haut en couleurs

A. Un portrait moral (éthopée)

- absence de description physique (pas de prosopographie)

Description d'un intrigant qui s'embarrasse fort peu de ce qui arrive aux autres : Gnathon est un fat et une tête creuse (personnage sans étoffe, sans profondeur, sans épaisseur et donc horripilant)

Habile dans son ambition démesurée, dans son avidité en fait d'argent et de faire-valoir, goujat, qui se hausse du col

Sa boulimie, symbole ou image de l'orgueil jamais rassasié, nous rappelle le personnage nommé Gnathon des comédies de Terence, notamment dans l'Eunuque (N.B. Térence en latin Publius Terentius Afer, né à Carthage vers -184 et mort en -159 avant notre ère, était un poète comique latin d'origine berbère]

Il a écrit sa pièce « L'Eunuque » en – 166 (voir résumé en fin de page).

Le nom vient du grec « gnathos » qui voulait dire mâchoire, le glouton, et le parasite (et qu'on retrouve dans l'adjectif « prognathe », qui caractérise un visage humain dont les mâchoires sont proéminentes, dont les os maxillaires sont saillants).

Ce faquin montre une véritable jouissance dans l'ambition désordonnée

Trait de caractère qui ne se cache pas

Prétention exorbitante qui se conjugue à une défiance devant tout

Le lecteur a envie de sauter à deux pieds sur le ventre de ce malotru , désir de LB de l'enfoncer dans la fange jusqu'à ce qu'il disparaisse (malpropreté répugnante de ce personnage insociable, profondément antipathique)

Les manières exécrables de ce gougnafier, qui se comporte en despote et en tyranneau

Un sot qui ordonne des attentions, du respect, des éloges , persuadé de son brio, satisfaction de sa vanité , qui cherche le tribut de sa reconnaissance , qui

La bassesse, celle qui outrage la grandeur d'âme ; la muflerie, la froideur, l'ensemble des indélicatesses démontrent la stérilité du sentiment.

La haine accréditée prête son appui à une haine plus obscure

La calomnie qui flatte les préjugés des hommes puissants

Personnage double, faux, et hypocrite de premier ordre

B. une écriture de la fragmentation

Il pratique volontiers l'agglutinage, il fait se succéder à un rythme soutenu, des scènes de la vie quotidienne, de la vie domestique. Il décrit les scènes à partir d'un poste d'observation, comme un piéton. Avec crudité et cruauté. Il piste les traces de son personnage, et traque d'un lieu à un autre ses forfaitures, les indices de son indignité. Tous les mouvements de Gnathon, ses faits et gestes, sont présentés comme des gesticulations d'un illusionniste. Dans un quotidien oppressant pour le lecteur, en raison du regard glaçant de La Bruyère.

Le moraliste « descripteur » voit tout, entend tout. En fait, il accumule les angles d'observation et points de vue divers qui sont comme une série de vecteurs destinés à orienter le regard (et la pensée) du lecteur. Il donne à voir son personnage sous toutes les facettes pour mieux pénétrer ses travers sordides. Le visage de Gnathon se refigure au fil des lignes. Un homme sans gêne, bien sûr (qui écure ses dents à table), hautain, insensible aux autres, nécessairement insociable. Le procédé de l'accumulation (par fragments) met en relief la satisfaction de soi de Gnathon (qui frôle le ridicule en raison du déni de la réalité qui caractérise son fonctionnement psychique, dirait un psychanalyste). Ce monstre s'accapare tout : l'espace, le temps, la parole (comme pour les aliments)

II La satire sociale

Le but de la satire, pour La Bruyère, consiste à découvrir le faux et le ridicule dans les objets des passions humaines, à dénoncer et critiquer ce à quoi les humains sont attachés.

On démêle les vices et le ridicule de nos congénères, on étudie l'homme dans la société de ses semblables

A. La satire prend l'allure ici d'une conversation primesautière qui tourne en dérision les habitudes du monde. Le moraliste exhibe dans ce fragment son goût de l'exagération bouffonne, des facéties burlesques (le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe; s'il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la nappe; on le suit à la trace), du travestissement (usage discret et médisant des noms antiques) Gnathon, selon certains chercheurs, correspondrait au personnage de l'abbé Louis-Roger Danse, chanoine de la Sainte Chapelle (mort en 1696).

Le but de La Bruyère est aussi de rabaisser les grands, de dénoncer les objets scandaleux : les grands si pleins de morgue qu'il peint sous des traits choquants et révoltants.

Politique : critique des anciens droits de la pairie, de l'aristocratie

(supériorité des talents sur la noblesse, revendication des droits de pensée, qui annonce déjà les idées philosophiques du XVIII° siècle)

Il montre fort peu d'indulgence pour ses modèles. Il enseigne à son lecteur à ne pas être dupe des apparences. Or, précisément, le paraître correspond à ce qui est magnifié par les codes sociaux au XVII° siècle. Là, le moraliste pointe la

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