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Comment le roman reflète-t-il l’évolution du statut des femmes du XVIIIème siècle au XXIème siècle?

Mémoire : Comment le roman reflète-t-il l’évolution du statut des femmes du XVIIIème siècle au XXIème siècle?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2015  •  1 922 Mots (8 Pages)  •  24 215 Vues

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Objet d’étude : Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours

Problématique : Comment le roman reflète-t-il l’évolution du statut des femmes du XVIIIème siècle au XXIème siècle, leurs tentatives de rébellion contre l’inégalité et la soumission imposée ? Comment le roman présente-t-il leur marche vers l’émancipation mais aussi ses limites ?

Lecture analytique n°2 :

George Sand, Indiana, extrait du livre III, ch.21 (1832)

Introduction

Paru en 1832, Indiana, premier roman écrit par George Sand, met en scène une jeune femme mariée à un homme plus âgé qu'elle, le Colonel Delmare, mari brutal et autoritaire qui ne la comprend absolument pas. L'héroïne se résigne mais garde sa dignité. Cependant, elle tombe sous le charme de Raymon, jeune homme séducteur, mais garde cette liaison platonique par respect pour son mari. Le colonel veut repartir à l'île Bourbon et contraindre sa femme à le suivre comme le Code Civil lui en donne le droit, mais elle refuse et il l'enferme dans sa chambre. Elle s'enfuit alors pour rejoindre Raymon qui la repousse lâchement. Elle tente alors de se noyer mais est sauvée et ramenée par son cousin. Dans le passage que nous allons étudier, elle se trouve confrontée à son mari qui l'a fait chercher toute la matinée. George Sand s'est inspirée de son propre mariage malheureux pour peindre en Indiana une femme-esclave qui se révolte contre son maître. Nous verrons comment George Sand fait passer à travers le personnage d'Indiana une remise en question du mariage tel qu'il est conçu à son époque. [Je vais maintenant vous lire ce passage.] Dans un premier temps nous montrerons en quoi ce passage ressemble à une scène théâtrale, puis nous verrons comment le mariage traditionnel est illustré dans ce passage et enfin nous analyserons la victoire d'Indiana.

I - Une mise en scène théâtrale

Cette scène présente deux personnages en situation de crise, puisqu'Indiana a quitté le domicile conjugal plusieurs heures et peut s'attendre à une réaction violente de son époux. Leur confrontation est bâtie comme un dialogue théâtral très serré où les didascalies caractérisent chaque personnage, ce qui permet de rendre la scène plus percutante.

Presque toutes les répliques sont introduites par un tiret sans précision du nom de l'interlocuteur. Les répliques se succèdent de façon rapide, comme dans un duel, avec des questions / réponses, des apostrophes parfois injurieuses de la part du mari : «femmelette», «sotte et impertinente créature», «orgueil imbécile, morgue de vermisseau», des interjections et des jurons : «mille couleuvres», «mordieu», ce qui traduit la tension entre les personnages et la colère grandissante du colonel.

La romancière introduit également des sortes de didascalies précisant le ton sur lequel sont prononcées les paroles et révélant ainsi l'état d'esprit des protagonistes : «d'un air impérieux et dur», «verdit de colère et de surprise», «d'une voix chevrotante», «en haussant les épaules» pour le colonel ; «d'un ton glacial», «sans changer de visage» pour Indiana. La mise en scène comporte même des gestes de violence de la part du mari : «lui meurtrissant la main entre son index et son pouce», «serrant ses bras contre sa poitrine pour résister à la tentation de la frapper» qui montrent les enjeux dramatiques de cette scène pour Indiana.

George Sand a choisi un dialogue théâtral pour rendre cette scène entre les deux époux particulièrement dramatique et tendue : Indiana joue en quelque sorte sa destinée. Le discours direct lui permet de mieux faire sentir la personnailté de chaque personnage et la violence du débat entre les deux. Il est aussi un moyen pour elle de faire passer plus directement ses idées par l'intermédiaire de son héroïne, tout en jouant sur les émotions du lecteur, à la fois inquiet des risques que prend la jeune femme et impressionné devant son courage et sa maîtrise de soi.

La forme théâtrale de cette scène permet aussi de dévaloriser le colonel qui en arrive avec ses jurons et ses insultes à ressembler par moments à un personnage de Molière : le vieux barbon qui tempête et fait beaucoup de bruit mais n'a en fait aucune autorité réelle sur sa femme et se voit ridiculisé.

II - L'illustration du mariage traditionnel

Nous verrons comment sont évoqués et illustrés dans ce texte les statuts respectifs du mari et de la femme à l'époque de George Sand par le rapport de domination existant puis par la description d'un mari caricatural persuadé de son pouvoir.

La relation entre mari et femme est ici un rapport de domination, exprimé en deux termes très clairs : «maître», employé par les deux protagonistes ou «esclave» et «seigneur» rappelant des systèmes sociaux abolis (l'esclavage et la féodalité), que l'héroïne emploie pour souligner l'injustice du statut des deux membres du couple selon le Code Civil. Indiana utilise aussi des mots très forts comme «empire» et «domination». Pour le colonel, ce statut est dicté par une sorte de loi de la nature : c'est parce qu'il est homme et porte la barbe que le mari a tout pouvoir sur sa femme. Mais Indiana lui rétorque qu'il ne s'agit que d'un fait de société : «la loi de ce pays vous a fait mon mître», «la société vous le confirme».

Le personnage du colonel apparaît comme une véritable caricature du mari borné et sûr de sa domination ; il n'a évidemment aucun argument pour justifier son pouvoir et ne s'appuie que sur des sortes de clichés confirmant la subordination féminine : «qui donc porte une jupe et doit filer une quenouille ?». La femme, dans la perspective du colonel, n'est bonne qu'aux tâches domestiques, aux activités frivoles comme la lecture de romans puisqu'elle n'a aucune capacité intellectuelle : «la sotte et impertinente créature», «imbécile», «dérangement de votre esprit»,

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