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( Incipit ) Thérèse Raquin, Emile Zola

Commentaire de texte : ( Incipit ) Thérèse Raquin, Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  1 874 Mots (8 Pages)  •  6 647 Vues

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        Cet extrait est l’incipit du roman Thérèse Raquin écrit par Émile Zola au XIXe siècle. Ce roman fait parti d’un mouvement littéraire nommé le naturalisme dont le but est de se rapprocher de la vérité grâce à des méthodes d’analyse scientifique, ainsi les écrivains tentent de comprendre les tempéraments humains. Le roman nous raconte l’histoire de Thérèse élevée par sa tante, madame Raquin, dans le but d’épouser Camille, un adulte qui nous est cependant présenté comme un grand enfant maladif. Alors qu’elle fait la rencontre de Laurent, ses tempéraments, qu’elle a toujours dû garder pour elle, vont ressortir et elle deviendra maîtresse de ce dernier. Poussés par la passion, ils prendront la décision de noyer le mari. Dans cet extrait, le roman est introduit par la description détaillée du Pont-neuf, lieu où se déroulera en grande partie l’action. Suite à notre lecture, nous pouvons nous demander en quoi cet incipit réaliste entraîne le lecteur dans une atmosphère réaliste préfigurant ainsi la suite des évènements ? Nous verrons, dans un premier temps, qu’il s’agit d’une description minutieuse et réaliste d’un lieu étrange : le Pont-Neuf, puis que cette description nous donne des indices sur la tournure tragique que prendra l’histoire.

        Dès le début de la lecture de l’extrait, nous sommes plongés dans une description réaliste du Pont-neuf. En effet, sur les premières lignes ( 1 à 3 ), nous pouvons lire « rue Génégaud », « passage du Pont-Neuf  », ou encore « rue Mazarine à la rue de Seine », il n’y a que des noms de lieux existants qui sont cités, et  nous pouvons les trouver à Paris. Nous avons donc une description informative avec un bornage spatial qui s’ancre dans notre réalité, cela nous montre que l’auteur a la volonté d’atteindre la vraisemblance. Nous pouvons aussi lire des indications précises comme « Au bout de la rue », « à droite », « à gauche », « au-dessus de » qui permettent d’imaginer la rue telle qu’elle est réellement, mais aussi d’avoir la possibilité de reconnaître les lieux si jamais nous nous y rendions. De plus, nous pouvons lire à la ligne suivante ( 4 ) des indicateurs de mesure précis  puisqu’on nous indique que le passage « a trente pas de long et de deux large »,  ces indications, en plus de permettre au lecteur de s’imaginer le lieu, nous montrent l’étroitesse du passage  et amènent un sentiment d’oppression, d’autant plus que l’auteur a choisis d’utiliser comme mesure non pas le mètre, mais le « pas ». Enfin, nous pouvons lire, toujours sur les lignes 1 et 2, « on vient [ … ], on trouve ». Ici, il y a l’utilisation du pronom indéfini « on » qui inclut le lecteur, c’est ainsi que le narrateur nous fait observer le lieu qu’il nous décrit en nous englobant dans la lecture. Nous voyons donc que l’auteur est ici réaliste dans sa description puisqu’on nous décrit avec précision le lieu où se déroulera l’action grâce à un bornage spatial réaliste et minutieux.

Cette description réaliste vise aussi à créer un sentiment de malaise chez le lecteur à travers une description du passage entièrement péjoratif qui nous le présente comme un endroit peu engageant. Nous avons tout d’abord la description des dalles « jaunâtres, usées, descellées, suant toujours d’une humidité âcre », une gradation qui nous montre l’état d’usure dans lequel se trouve le sol, en plus de l’utilisation du champs lexical de la saleté qui insiste sur le côté repoussant et écoeourant du lieu. Entre les lignes 7 et 11, nous pouvons lire « Par les beaux jours d’été [ … ] Par les vilains jours d’hiver », un parallélisme ainsi qu’une antithèse qui insistent encore une fois sur l’aspect repoussant du lieu qui, peu importe le moment de l’année, est toujours obscure puisque les vitres reflettent soit une « clarté blanchâtre », soit elles « ne jettent que de la nuit ». Nous pouvons aussi remarquer que la description du passage, que ce soit la partie où on le décrit pendant l’été ou pendant l’hiver, est entièrement péjorative et insiste sur la tristesse du lieu, peu importe la saison. De plus, nous pouvons voir que c’est le champ lexical des couleurs ternes qui est utilisé pour décrire le lieu de manière toujours péjorative avec l’ajout du suffixe « âtre », comme par exemple « jaunâtre », « verdâtre », « blanchâtre », ainsi que celui des couleurs ternes comme « noir », « gris », « brune ». Cela accentue l’atmosphère déjà pesante qui nous est décrite par l’auteur en plus d’inspirer le dégoût et de repousser le lecteur, ne lui donnant pas l’envie de se rendre en ce lieu. Enfin, nous pouvons lire « des bouquinistes, des marchands de jouets d’enfants, des cartonniers », une énumération qui accentue l’impression d’un lieu peu fréquenté malgré les boutiques, voir même à l’abandon, le lieu semble vivant puisqu’il est à plusieurs fois personnfié  à l’inverse des habitants qui semblent inanimés et qui sont décrits comme des « formes bizarres ». Le lieu qui nous est décrit dans cet extrait est donc étrange et ne donne pas envie au lecteur de s’y rendre puisqu’il lui est présenté comme angoissant et peu sécurisant.

        Au terme de ce premier axe, nous avons donc pu étudier la description du Pont-Neuf qui nous est faite par l’auteur, une description minutieuse d’un lieu étrange qui nous est présenté comme repoussant et angoissant. Nous allons donc voir que dans cette description nous pouvons aussi trouver des éléments qui préfigurent la suite de l’histoire.

        Tout d’abord, nous pouvons voir que c’est une atmosphère pesante qui nous est décrite tout au long de cet extrait, notamment avec l’utisation d’adjectifs comme « sombre », « nuit », « obscure », « ténèbres », « lugubre » qui sont choisis pour décrire le lieu, et qui font parti du champ lexical de la mort et de l’obscurité. Nous pouvons donc faire un lien entre l’ambiance oppressante et lugubre de ce lieu, et celle que l’on retrouvera plus tard dans le roman. Dès le début, le lecteur est plongé dans l’histoire à venir. Nous pouvons aussi voir que les boutiques nous sont décrites comme « obscures, basses, écrasée », une description dévalorisante qui fait naître un sentiment d’enfermement chez le lecteur et, dans notre lecture du roman, nous avons pu observer que les personnages sont eux aussi enfermés dans ce lieu puisqu’ils n’en sorte qu’en de rares occasions, ce roman est presque un huis-clos. Nous pouvons donc voir que l’auteur a, dès le début de son histoire, la volonté de créer un sentiment d’enfermement dû au lieu où il choisit de placer son histoire et la manière dont il nous le décrit, par ailleurs, ce passage est entouré d’une « muraille [ qui ] monte » ( ligne 27 ). Enfin, nous pouvons lire à la ligne 12 le mot « caveau », un mot qui fait parti, encore une fois, du vocabulaire de la mort, un thème omniprésent dans cette description comme nous avons pu le voir. Cela nous présente donc le thème principal de l’oeuvre, ainsi que cette fatalité déjà présente à laquelle les personnages ne pourront échapper. Dans cette description, l’auteur nous présente donc l’ambiance de l’histoire à venir à travers une description oppressante, lugubre et notamment avec l’omniprésence du vocabulaire de la mort.

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