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George Sand

Étude de cas : George Sand. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2017  •  Étude de cas  •  3 826 Mots (16 Pages)  •  959 Vues

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  1. George Sand et les sociétés secrètes, notamment la franc-maçonnerie

La rencontre

La position de George Sand devant l'occulte est des plus nettes : il faut étudier les phénomènes surnaturels et remplacer par l'examen la moquerie. L'influence de Leroux sur ce point fut primordiale. Dans Consuelo ni la résurrection d'Albert ni celle de sa mère ne seront des miracles. Tous les phénomènes magiques sont expliqués rationnellement : c'est l'amour ou la politique qui se servent de la superstition pour arriver à leur fin.

La rencontre de George Sand avec la franc-maçonnerie s’est faite par le biais de son arrière-grand-père qui était franc-maçon. Ce grand-père, roi de Pologne était membre de « la loge d’Argent », l’une des premières installées en France dès 1735. De lui, elle hérite d’une curiosité infatigable pour les choses cachées, les doctrines ésotériques et la recherche d’une compréhension exhaustive de l’univers. Etant femme et ne pouvant de ce fait être initiée, elle fréquenta de nombreux Maçons notamment Pierre Leroux, Louis Blanc, Ledru Rollin, Stendhal et Emile Littré. Suite à ces rencontres, elle imagine des initiés fictifs tels que Spiridon et Consuelo. C’est ainsi qu’elle écrit à son fils, Maurice, le 8 juin 1843 :  La maison est bien grande sans toi…et les soirées seraient bien longues si je ne me plongeais pas dans les bouquins. Je suis dans la franc-maçonnerie jusqu’aux oreilles, je ne sors pas du Kadosh, du Rose-Croix et du Sublime Ecossais. Il va en résulter un roman des plus mystérieux. Je t’attends pour retrouver les origines de tout cela dans l’Historie d’Henri Martin, des templiers, etc… [1].  La correspondance indique quelques ouvrages qu’elle a consultés. Dans une lettre de Godefroy Cavaignaic[2], celui-ci, en réponse à une lettre de George Sand non trouvée, lui indique qu’il lui fait remettre deux livre dont il ne mentionne pas les titres.[3] Le premier, lui dit-il, ne donne que les noms des sectes de l’époque Hussites dont l’histoire se trouve être très importante pour Albert de Rudolstadt et sa famille. Le second donne, d’après Cavaignaic,  d’assez longs détails sur les illuminés d’Allemagne.

Mais Cavaignaic lui fournit un autre ouvrage essentiel tant pour sa connaissance de la franc-maçonnerie que pour l’illuminisme : le 18 mai 1843, elle le remercie d’un volume qu’elle lui envoie (nous n’en savons toujours pas le titre), mais surtout elle ajoute : Je garde encore le volume 2 de l’abbé Barruel, pouvez-vous m’envoyer el 1er ? Pouvez-vous me dire aussi quelque chose de l’illuminisme antérieur à Weisthaupt ? Il est impossible que Weisthaupt n’ait pas eu des maîtres, et que dans la première moitié du XVIIIème siècle, on ne trouve pas quelque chose qui annonce et promette Weisthaupt et son école[4]. Or, ce que lui a envoyé Cavaignaic, et le volume 1 qu’elle réclame lui donnent des renseignements très précis sur la franc-maçonnerie. Dans la lettre de réponse, celui-ci propose sur la franc-maçonnerie : « relativement aux idées sociales un livre assez curieux. Il y a aussi dans l’histoire des templiers quelques faits curieux qui se rattachent à ce point de vue. J’ai un autre livre que vous pourrez consulter et qui est à vos ordres, comme toute ma petite bibliothèque ».

Le 13 juin 1843, George Sand écrit a son amie Charlotte Marliani : Parlez-moi de notre cher Pierre[5], et parlez-lui de moi. Dites-lui de m'envoyer des livres s'il peut en trouver encore, sur la franc-maçonnerie. J'y suis plongée jusqu'aux oreilles. Dites-lui aussi qu'il m'a jetée dans un abime de folies et d’incertitudes, mais que j'y barbotte avec courage, sauf a n'en tirer que des bêtises[6]. Nous pouvons en conclure que c’est Pierre Leroux qui a fini par lui donner le gout de la lecture maçonnique.

Apres le 15 juin, elle écrit directement à Pierre Leroux : Vous ne savez pas dans quel labyrinthe vous m'avez fourrée avec vos francs-maçons et vos sociétés secrètes. C'est une mer d'incertitudes, un abime de ténèbres. Il y a tant ‘’d'inconnu’’ dans tout cela, que c'est une belle matière pour broder et inventer et, au fait, l'histoire de ces mystères ne pourra, je crois, jamais être faite que sous la forme d'un roman. Mais je suis sûre de la faire mal, parce que je voudrais trop bien faire, et que je n'ose pas trop me livrer à la fantaisie. Avec Weishaupt et l'illuminisme, qui sont en effet un point lumineux et magnifique dans cette histoire, j'aurais eu mes coudées franches. Mais leur avènement est en 1776, et je suis forcée de leur inventer des origines qui doivent exister, mais dont je ne trouve nulle part les traces bien marquées. Enfin je travaille en me disant fiat lux[7] ... Si je fais un mauvais roman, le mal sera petit, et je ne me repentirai pas d'avoir rêvé à une face de l'histoire qui m'était tout a fait inconnue.[8]

Ainsi George Sand, comme Goethe et certains Maçons des cours allemandes du XVIII siècle est attirée et est prête à être abusée par Adam Weishaupt, fondateur en 1776 de la Société des Illumines de Bavière. Cette société est totalement étrangère à la Franc-maçonnerie, elle était considérée comme antireligieuse et soupçonnée de vouloir la destruction de l'ordre social. Le gouvernement bavarois l'interdit en 1784. Il convient de noter que Weishaupt ne fut lui-même jamais Franc-maçon.

Les Influences

Henri Lubac qualifie George Sand de « prophète de Pierre Leroux »[9]  dont elle va vulgariser les idées dans les romans qu’elle publie entre 1838 et 1844, Spiridion, Consuelo suivi de La comtesse de Rudolstadt.

Pendant des années, la romancière a fait tout son possible pour se documenter, multipliant les lectures et surtout, selon sa méthode favorite, exploitant systématiquement ses relations et ses amitiés.

Il serait intéressant de savoir quels étaient les livres sur la franc-maçonnerie qui figuraient dans la bibliothèque de George Sand. Il s’y trouvait, entre autres : Origines de La Vraie Maçonnerie Adonhiramite (1787) ; La Vraie Maçonnerie D'adoption (1787) ;  Les Travaux Maçonniques et Philosophiques de Chemin-Dupontès  et surtout Le Thuileur des 33 degrés de l'Ecossisme du Rit Ancien, dit accepte (1813)[10] ; Recueil Précieux de la Maçonnerie Adonhiramite (1789) ; La Vraie Maçonnerie d’Adoption (1787), Origines de la Franc-maçonnerie Adonhiramite (1787) ; Travaux Maçonniques et Philosophiques, Chemins Dupontès (1819)[11].

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