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Fiche de lecture: Une histoire de langue de bois, Christian Delporte

Fiche de lecture : Fiche de lecture: Une histoire de langue de bois, Christian Delporte. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2015  •  Fiche de lecture  •  349 Mots (2 Pages)  •  921 Vues

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Fiche de lecture : Une histoire de langue de bois. Auteur : Christian Delporte. Date : 2011. Titre : Une histoire de langue de bois.

La « langue de bois », selon Christian Delporte, désigne l’art d’attiédir ou de coder le lexique ordinaire pour dissimuler la vérité ou formater le discours. Sous la IIIe République, certains, comme Raoul Frary, auteur de l’ironique Manuel du démagogue, prêchent déjà contre les « verbologues » et « phraséologues » politiques enfilant les formules passe-partout, lénifiantes, boursouflées, flattant la paresse intellectuelle au nom du bon sens. Mais la langue de bois ne sert pas qu’à inaugurer des chrysanthèmes : les régimes totalitaires la distillent dans leur propagande, du canon des apparatchiks staliniens jusqu’au ronronnement de la télévision brejnévienne, en passant par les antiphrases nazies (« la force par la joie » désignant l’encadrement des loisirs par le Front allemand du travail). C. Delporte balaye ainsi une large palette de discours parfois dignes de la « novlangue » décrite par George Orwell dans 1984 : l’« énalangue » (de l’Ena), l’eurolangue (des technocrates européens), ou encore la sarkolangue, accusée de se résumer à un parler-vrai fondé sur la promulgation non pas de la vérité, mais de vocables immédiatement compréhensibles par tous. Qu’elle soit exaltée (chez un ancien ministre socialiste de la Culture), docile (quand les « grognards » politiques récitent les consignes soufflées par leur état-major), bravache, ordurière (pour « faire peuple », y compris chez Simone de Beauvoir), haineuse (pour encourager le génocide des Tutsis), la langue de bois a réponse à tout, caricature, noie le poisson, nie la complexité, fige les raisonnements, en ne référant qu’à elle-même. Cette arme permet aussi d’esquiver impunément la question posée : l’art de pirouetter sans grâce. Comble de la sophistication, « je vous le dis sans langue de bois », à ne prononcer qu’avec une décontraction calculée… On referme l’ouvrage en redoutant que l’homme n’ait pas inventé le langage seulement pour masquer ses pensées, comme le diagnostiquait Talleyrand, mais pour empêcher les autres de penser. Un regret aussi : à lire C. Delporte, tout discours public un tant soit peu spécialisé, conventionnel ou calculé, constitue une « langue de bois ». Finalement, on se demande ce qui n’en est pas.

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